IndonésieLa police patrouille en mer pour bloquer les arrivées de Rohingyas
ATS
25.11.2023 - 14:42
L'Indonésie a renforcé ses patrouilles en mer dans la région d'Aceh pour empêcher l'arrivée de nouveaux bateaux transportant des réfugiés rohingyas, ont indiqué samedi la police et des responsables locaux. Plus d'un millier ont débarqué en une semaine.
Keystone-SDA
25.11.2023, 14:42
ATS
«La police patrouille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour empêcher des réfugiés rohingyas d'arriver à l'est d'Aceh», a déclaré le chef de la police, l'AKBP, Andy Rahmansyah, dans un communiqué.
La police a donné l'ordre «dans les zones côtières d'intensifier la surveillance, à la fois sur la côte et dans le détroit de Malacca, afin d'empêcher l'arrivée de Rohingyas», précise le communiqué.
Plus d'un millier de réfugiés rohingyas sont arrivés dans la province d'Aceh, à l'extrême-ouest de l'Indonésie, depuis le 14 novembre. Il s'agit du nombre le plus élevé d'arrivées depuis 2017.
Accueillis de mauvaise grâce
Des villageois ont tenté la semaine dernière de repousser à la mer des bateaux de migrants mais les autorités les ont finalement accueillis et transportés dans un centre d'hébergement temporaire
Majoritairement musulmans, les Rohingyas sont persécutés en Birmanie et des milliers d'entre eux risquent chaque année leur vie dans des voyages en mer périlleux et coûteux depuis le Bangladesh, le plus souvent à bord d'embarcations de fortune.
Le Bangladesh accueille environ un million de Rohingyas, dont quelque 750'000 ayant fui en 2017 la répression de l'armée birmane qui fait l'objet d'une enquête pour «actes de génocide» devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Bateau localisé
Dans le nord d'Aceh, les patrouilles ont été renforcées vendredi alors que des pêcheurs ont indiqué avoir localisé un bateau de Rohingyas à 2 milles nautiques des côtes (3,6 km), a indiqué à l'AFP Amirudin Ismail, chef du village de Tanoh Anoe. Depuis lors, le bateau n'a plus été aperçu.
Les pêcheurs ont également participé à ces patrouilles, a indiqué à l'AFP Naharuddin, chef des pêcheurs du district de Dewantara, au nord d'Aceh, qui comme beaucoup d'Indonésiens ne porte qu'un seul nom. «Quand les pêcheurs ont pris la mer, nous leur avons demandé d'ouvrir l'oeil», a-t-il déclaré.
Problème de ressources
De nombreux habitants d'Aceh ont longtemps été sensibles au sort de cette minorité musulmane. Mais certains montrent désormais de l'hostilité à leur égard et se plaignent désormais de l'arrivée de ces migrants qui consommant leurs ressources déjà limitées et entrent parfois en conflit avec la population locale.
Des experts ont exprimé leur inquiétude de voir l'Indonésie devenir le prochain pays à durcir le contrôle à ses frontières pour empêcher le débarquement des Rohingyas alors que les pays voisins que sont la Malaisie, la Thaïlande et l'Inde leur ont fermé leurs portes.
L'Indonésie n'est pas signataire de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés et affirme qu'elle n'est pas obligée d'accueillir ces réfugiés.
La police intervient au Bangladesh
Au Bangladesh, la police est intervenue pour empêcher des départs de réfugiés rohingyas par la mer vers l'Indonésie, ont annoncé samedi des responsables policiers. Des réfugiés rohingyas ont dit à l'AFP avoir payé à des passeurs mille dollars (environ 915 euros) la place sur un bateau.
Leurs conditions de vie au Bangladesh sont très difficiles, ils s'entassent dans des camps surpeuplés où l'insécurité est omniprésente.
Alors que la mer se calme après les pluies de mousson dans le golfe du Bengale, des passeurs proposent aux Rohingyas d'embarquer vers la Malaisie ou l'Indonésie, ont expliqué à l'AFP des responsables policiers au Bangladesh.