Sommets en IndonésiePékin met en garde contre une «nouvelle Guerre froide»
ATS
6.9.2023 - 11:46
Le Premier ministre chinois Li Qiang a mis en garde mercredi contre le risque d'"une nouvelle Guerre froide", au cours de sommets en Indonésie où sont réunis représentants des grandes puissances et dirigeants d'Asie du Sud-Est.
06.09.2023, 11:46
06.09.2023, 14:46
ATS
Pékin a exprimé précédemment des inquiétudes face à la politique américaine visant à encourager la formation de blocs régionaux dans son voisinage, comme le Quad (USA, Japon, Australie et Inde) ou l'alliance militaire Aukus (Australie, USA, Royaume-Uni).
Le responsable chinois a appelé à s'opposer à toute confrontation entre blocs à un sommet Asean+3 réunissant le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et les dirigeants de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est.
«Des désaccords et des disputes peuvent surgir entre les pays à cause de malentendus, d'intérêts divergents ou d'interférences externes», a déclaré Li Qiang.
«Pour maintenir ces différends sous contrôle, ce qui est essentiel à présent est de ne pas choisir un camp, de s'opposer à la confrontation entre blocs, et d'empêcher une nouvelle Guerre froide», a-t-il poursuivi.
Plusieurs sommets
Après une réunion des dirigeants de l'Asean mardi, le groupe régional a tenu à Jakarta plusieurs sommets successifs mercredi avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis et le Canada, offrant ainsi l'occasion aux grandes puissances de courtiser ou de faire pression sur le bloc de 10 pays.
La vice-présidente américaine Kamala Harris remplace le président Joe Biden à cette occasion, et le Premier ministre chinois Li Qiang le président Xi Jinping.
Jeudi, Jakarta accueillera le sommet de l'Asie de l'Est qui devrait couvrir les grands enjeux géopolitiques avec 18 pays présents, dont la Russie et l'Inde.
Au cours de sa rencontre avec les dirigeants de l'Asean, Kamala Harris les a remerciés pour «leur engagement commun en faveur des règles et normes internationales (...) et des problèmes régionaux».
Rencontre russo-américaine
Les dirigeants japonais et chinois ont évoqué la question du rejet des eaux de la centrale nucléaire de Fukushima. Fumio Kishida a expliqué la position japonaise et appelé à une relation bilatérale «constructive et stable», tandis que le responsable chinois a insisté pour une attitude responsable de Tokyo sur ces rejets qui inquiètent les pays de la région. «Mais ce n'était pas une discussion tendue», a indiqué un diplomate présent à la réunion.
Le président sud-coréen a de son côté demandé à ses partenaires de refuser toute coopération potentielle avec la Corée du Nord, qui mène des négociations sur des ventes d'armes avec la Russie, selon Washington.
«Toute tentative de nouer une coopération militaire avec la Corée du Nord, qui agit pour saper la paix dans la communauté internationale, doit immédiatement cesser», a déclaré le dirigeant, cité par un responsable de la présidence selon l'agence Yonhap.
L'Indonésie, pays hôte du sommet de l'Asean, avait déclaré mardi que les pays du groupe ne devaient pas servir d'intermédiaire aux grandes puissances, alors que Washington et Pékin continuent de s'opposer sur les questions de Taïwan, de la mer de Chine méridionale et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La table ronde, incluant Sergueï Lavrov et Kamala Harris, devrait être la première rencontre de haut niveau entre les Etats-Unis et la Russie depuis la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asean à Jakarta en juillet.
Carte controversée, Birmanie
La Birmanie constitue aussi un sujet important lors des rencontres avec la Chine, un allié diplomatique clé de la junte. Mardi, les dirigeants d'Asie du Sud-Est ont fermement condamné les violences et les attaques contre les civils en Birmanie, accusant directement la junte.
Kamala Harris a souligné que Washington «continuerait à faire pression sur le régime pour mettre fin aux violences horribles, et pour libérer tous ceux qui sont injustement détenus ainsi que pour rétablir la Birmanie sur le chemin d'une démocratie inclusive».
La Chine avait déclenché l'alarme chez plusieurs membres de l'Asean la semaine dernière en publiant une nouvelle carte officielle revendiquant la souveraineté sur la majorité de la mer de Chine méridionale.
La Malaisie, le Vietnam, les Philippines et le Japon ont officiellement dénoncé ce document. Certains dirigeants de l'Asean ont exprimé des inquiétudes à propos «des terres regagnées sur la mer, d'activités et d'incidents graves» dans la mer de Chine méridionale, selon un communiqué de la présidence de l'Asean publié mercredi.
Mais les membres du groupe régional devraient éviter de confronter directement Pékin. «Je prévois que la priorité à l'économie sera maintenue et que les dirigeants éviteront d'aborder des sujets de confrontation comme la nouvelle carte chinoise», a indiqué Aleksius Jemadu, expert des Affaires internationales à l'Université Pelita Harapan de Jakarta.