Gilets jaunesPlus de 40'000 «gilets jaunes» en France
ATS
23.3.2019 - 20:25
Délaissant des Champs-Elysées interdits à la manifestation, plusieurs milliers de «gilets jaunes» ont défilé samedi à Paris. Cet acte 19 a été marqué par un renforcement drastique du dispositif policier et des tensions et incidents notamment en régions.
Les manifestants étaient environ 40'500 sur l'ensemble du pays, dont 5000 à Paris, a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Il a estimé que les «consignes de fermeté» données «ont permis de maintenir l'ordre et d'éviter des débordements».
Samedi dernier, ils étaient, selon la même source, 32'000 en France, dont 10'000 à Paris. La journée avait été marquée par des scènes de saccage sur les Champs-Elysées, entraînant un net renforcement du dispositif de sécurité ce samedi.
Feux de poubelle et devanture de banque vandalisée: les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes à Paris en fin de journée pour disperser le dernier cortège de «gilets jaunes», non loin du quartier de la République, a constaté une journaliste de l'AFP.
Armée mise à contribution
Les manifestations avaient été interdites dans des lieux symboliques d'une quinzaine de villes. L'armée a été mise à contribution pour sécuriser certains sites, libérant ainsi policiers et gendarmes pour leur permettre d'assurer le maintien de l'ordre.
Dans la capitale, où 6000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés, les Champs-Élysées avaient été particulièrement sécurisés et interdits aux manifestants. Les «gilets jaunes» ont défilé dans le calme loin de l'artère emblématique et ont commencé à se disperser vers 17h00.
Mais un cortège s'est alors reformé, avant d'être bloqué par les forces de l'ordre. Ces dernières ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser le défilé, en tête duquel se trouvaient plusieurs jeunes, sweats à capuche et foulards sur le nez.
Après avoir mené cette semaine une purge à la tête de la préfecture de police, l'exécutif avait promis la «fermeté» et annoncé le «renfort» de militaires, provoquant un tollé. «Nous serons sans merci pour les casseurs», a averti la garde des Sceaux Nicole Belloubet.
En régions, des incidents sporadiques ont également éclaté comme à Montpellier (Sud), La Rochelle (Ouest), ou Nice (Sud-Est) où une septuagénaire a été grièvement blessée. Elle est tombée pendant une charge de la police, selon les correspondants de l'AFP.
Tirs nourris de grenades lacrymogènes
A Montpellier, qui n'avait pas été soumise samedi à des restrictions de manifester, des échauffourées ont éclaté environ deux heures après le départ d'un cortège rassemblant 4500 personnes selon la préfecture.
Vers 16h00, les forces de l'ordre ont fait des sommations puis procédé à des tirs nourris de grenades lacrymogènes, alors que des manifestants leur jetaient canettes et bouteilles de bière, a constaté une journaliste de l'AFP.
A Nice, où le président français Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping sont attendus dimanche et lundi, des heurts ont éclaté dans l'après-midi. Quelques centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit aux rassemblements, déclenchant des tirs nourris de gaz lacrymogène.
Le matin, quelques dizaines de personnes avaient déjà bravé l'interdiction de manifester en centre-ville, dont la militante altermondialiste septuagénaire blessée, qui souffre, selon sa fille, «de plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et d'hématomes sous-duraux» Soixante-quinze personnes ont été interpellées, selon la préfecture.
«Black blocks»
A Bordeaux (Sud-Ouest), place forte du mouvement, des tensions se sont fait sentir en centre-ville, là aussi interdit de manifestation, avec l'arrivée de «black blocks» en milieu d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP. A La Rochelle, la police a fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants qui leur lançaient des projectiles.
A Toulouse (Sud-Ouest), les forces de l'ordre ont chargé pour disperser quelques milliers de «gilets jaunes». Elles ont délogé des dizaines de protestataires de la place du capitole où les manifestations étaient interdites.
Né en novembre d'un ras-le-bol social et fiscal, le mouvement a muté en une contestation protéiforme, sans leaders représentatifs. Il ne s'est pas éteint avec le «grand débat national» lancé en réaction par le chef de l'État.
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