Colombie Plus de 40 morts en treize jours de manifestations réprimées

ATS

12.5.2021 - 10:30

Au moins 42 personnes sont mortes, dont un agent des forces de l'ordre, durant les manifestations contre le gouvernement qui agitent la Colombie depuis le 28 avril. La violente répression policière a été condamnée par la communauté internationale.

Keystone-SDA

La répression des manifestations en Colombie a fait plus de 40 morts en deux semaines (archives).
La répression des manifestations en Colombie a fait plus de 40 morts en deux semaines (archives).
ATS

Le Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits humains, a fait état de «41 civils» et d'«un membre de la force publique» morts durant ces treize jours. Son précédent bilan était de 27 morts. De son côté, le ministère de la Défense, dont relève la police en Colombie, maintient un chiffre de 849 agents blessés et 716 civils blessés.

Ces manifestations sous la présidence de droite d'Ivan Duque sont les plus sanglantes depuis les mobilisations massives de 2019 et celles de 2020 contre la brutalité policière. Elles sont aussi un précédent dans un pays jusqu'alors peu coutumier de la protestation sociale et appauvri par la pandémie de Covid-19.

Les ONG locales Temblores et Indepaz ont pour leur part fait état de 47 morts, dont «39 par la violence policière». Les dénonciations des abus des forces de l'ordre, également par de multiples vidéos sur les réseaux sociaux, ont aggravé la colère de la rue.

Crise sociale

José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de Human Rights Watch, a assuré sur Twitter que l'ONG avait reçu «des rapports crédibles faisant état de 46 décès survenus en Colombie depuis le début des manifestations». «Nous avons confirmé que 13 de ces décès (12 manifestants et un policier) sont liés aux manifestations», a-t-il ajouté.

Une première réunion lundi entre le gouvernement et le Comité national de grève, initiateur des manifestations, a échoué à désactiver la crise. Un projet de hausse des impôts visant à pallier l'impact économique de la pandémie est à l'origine des manifestations.

Le président Duque s'est montré «complaisant envers les usages excessifs de la force publique», a déploré la leader étudiante Jennifer Pedraza, membre du comité, en appelant à manifester à nouveau mercredi. Le Haut commissaire gouvernemental pour la paix, Miguel Ceballos, a assuré mardi que les «abus policiers» non seulement «ont été condamnés, mais déjà portés devant la justice».

Cinq policiers suspendus

La police a annoncé lundi la suspension de cinq agents. Une soixantaine d'autres font l'objet d'enquêtes pour des violences présumées.

Bien que le projet de réforme fiscale ait été retiré le 2 mai, la mobilisation se maintient contre la répression policière et pour un changement de cap au gouvernement face à une pauvreté accrue à 42,5%, aux inégalités, à la corruption et à une recrudescence de la violence des groupes armés.

L'ONU, l'Union européenne, l'Organisation des Etats américains (OEA) et plusieurs pays, dont les Etats-Unis, ont dénoncé l'usage disproportionné de la force publique lors des manifestations.