Agressions sexuellesL'OMS sous le feu des critiques
ATS
28.5.2021 - 17:25
Keystone-SDA
28.05.2021, 17:25
ATS
Cinquante-trois pays membres de l'OMS ont exprimé vendredi leur «inquiétude». Des informations suggèrent que les dirigeants de l'agence onusienne ont omis de rapporter des cas d'agressions sexuelles commises par des membres du personnel de cette organisation.
«Nous avons exprimé notre inquiétude après des informations de médias suggérant que la direction de l'OMS était au courant de cas d'exploitation sexuelle, d'agressions et de harcèlement sexuel et a omis de les rapporter comme l'exige le protocole de l'ONU et de l'OMS, tout comme les allégations selon lesquelles des membres du personnel ont tenté d'étouffer ces affaires», peut-on lire dans ce texte. Présenté par le Canada au cours de l'Assemblée mondiale de la santé, il a été signé notamment par l'UE et les Etats-Unis.
A la mi-mai de nouvelles accusations d'agressions sexuelles avaient été portées contre des travailleurs humanitaires, notamment de l'Organisation mondiale de la santé, en République démocratique du Congo.
«Depuis janvier 2018, nous avons fait part de notre profonde inquiétude sur les allégations d'exploitation sexuelle, d'agressions et de harcèlement sexuel ainsi que sur des abus d'autorité, par rapport à des activités de l'OMS», soulignent encore les auteurs de cette déclaration commune.
Débats «vigoureux»
Les pays membres et le secrétariat de l'OMS -y compris le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus- ont «débattu de ce sujet de façon vigoureuse et transparente» la semaine dernière. Ce vocabulaire diplomatique traduit en général de vifs échanges.
Selon une enquête de l'agence spécialisée The New humanitarian (TNH) et la Thomson Reuters Foundation rendue publique le 12 mai, «22 femmes de la ville de Butembo ont déclaré que des travailleurs humanitaires masculins intervenant dans le cadre d'une crise d'Ebola (...) leur ont offert des emplois en échange de relations sexuelles». L'année dernière une enquête similaire avait fait état de 51 cas dans la ville de Beni, également en RDC.
Quatorze de ces femmes «ont déclaré que les hommes s'étaient identifiés comme étant des travailleurs de l'OMS», ont souligné les enquêteurs, à propos de faits remontant à 2019.
Deux médecins mis en cause
Une enquête de l'agence de presse Associated Press (AP) s'appuyant sur des courriels internes mettait en cause deux médecins travaillant pour l'OMS, dont l'un qui se vantait de ses liens avec le docteur Tedros. Ces deux médecins ont rejeté ces accusations.
Selon l'AP, l'enquête a révélé qu'"en dépit de leurs dénégations publiques, de hauts dirigeants de l'OMS étaient non seulement au courant de ces accusations d'agressions sexuelles en 2019 mais qu'on leur a aussi demandé comment réagir».
Vendredi, le docteur Tedros a pris la parole avant la publication du texte. Il a rappelé qu'il avait mis en place une commission indépendante qui doit rendre un rapport à la fin août sur ces allégations. «Les enquêteurs ont le pouvoir de suivre les preuves où qu'elles les mènent», a promis le directeur général