«L'idée n'a aucun sens» Pour Kiev, négocier avec Moscou signifie «capituler»

ATS

22.11.2022 - 07:46

Les tentatives de l'Occident de pousser l'Ukraine à négocier avec Moscou après une série d'importantes victoires militaires de Kiev sont «bizarres», estime un conseiller de la présidence ukrainienne. Elles relèvent selon lui d'une demande capitulation.

Des soldats ukrainiens tirent sur l'artillerie sur des positions russes près de Bakhmut, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le dimanche 20 novembre 2022. Portée par un élan victorieux, l'Ukraine ne peut se «permettre aucune pause» dans sa contre-offensive, malgré l'arrivée du froid et de la neige qui aggravent la situation sur le terrain, estime Mykhaïlo Podoliak .
Des soldats ukrainiens tirent sur l'artillerie sur des positions russes près de Bakhmut, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le dimanche 20 novembre 2022. Portée par un élan victorieux, l'Ukraine ne peut se «permettre aucune pause» dans sa contre-offensive, malgré l'arrivée du froid et de la neige qui aggravent la situation sur le terrain, estime Mykhaïlo Podoliak .
KEYSTONE

«Quand tu as l'initiative sur le champ de bataille, c'est un peu bizarre de recevoir des propositions du genre: vous ne pourrez pas de toute façon tout faire par la voie militaire, menez les négociations», a déclaré Mykhaïlo Podoliak dans un entretien accordé à l'AFP, dans son bureau à la présidence.

«Cela veut dire que le pays qui attaque, qui récupère ses territoires, doit capituler devant le pays qui est en train de perdre», a-t-il ajouté.

«Fenêtre d'opportunité»

Des médias américains ont récemment rapporté que certains hauts responsables commençaient à encourager Kiev à envisager des pourparlers, ce que le président Volodymyr Zelensky a refusé jusqu'ici sans retrait préalable des forces russes de tout le territoire ukrainien.

«La victoire militaire n'est probablement pas, au sens propre du terme, réalisable par des moyens militaires», a ainsi estimé le 9 novembre le plus haut responsable militaire américain, le général Mark Milley, estimant qu'il existe «une fenêtre d'opportunité pour la négociation».

Selon M. Podoliak, Moscou n'a fait «aucune proposition directe» à Kiev sur ces pourparlers préférant les transmettre via des intermédiaires et évoquant même la possibilité d'un cessez-le-feu.

Une idée qui n'a aucun sens pour Kiev qui n'y voit qu'une manoeuvre du Kremlin pour obtenir un répit et préparer une nouvelle offensive. «La Russie ne veut pas de négociations. La Russie mène une campagne de communication appelée 'négociations'», assure le conseiller.

Aucune pause

Selon lui, Moscou «va simplement temporiser. Entretemps, elle va former ses mobilisés, trouver des armes supplémentaires» et fortifier ses positions, prévient-t-il.

Car malgré ses lourdes défaites militaires, le président russe Vladimir Poutine pense toujours «qu'il peut détruire l'Ukraine, c'est son obsession» et négocier avec lui «n'a aucun sens», soutient M. Podoliak.

L'Occident «ne faisait pas pression sur l'Ukraine», assure-t-il avant de regretter: «nos partenaires pensent toujours qu'il est possible de retourner à l'époque d'avant-guerre quand la Russie était un partenaire fiable».

Précédée par les retraits massifs des Russes de la région du Kiev en mars, puis de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre, la libération en novembre de Kherson, seul centre régional pris par les Russes depuis le début de leur offensive le 24 février, a marqué un tournant «fondamental» dans ce conflit, estime M. Podoliak.

«Peur de l'Ukraine»

Portée par un élan victorieux, l'Ukraine ne peut se «permettre aucune pause» dans sa contre-offensive, malgré l'arrivée du froid et de la neige qui aggravent la situation sur le terrain.

«Aujourd'hui, chaque petite pause ne fait qu'alourdir les pertes subies par l'Ukraine», a martelé le responsable alors que Moscou pilonne depuis des semaines des infrastructures énergétiques du pays plongeant dans le noir des millions de foyers.

Les régions de Zaporijjia (sud) et Lougansk (est) sont désormais les «directions clés» pour l'armée, a estimé M. Podoliak, qui refuse toutefois de spéculer sur la possibilité d'une opération militaire en vue de reprendre la Crimée, péninsule annexée par Moscou en 2014.

Besoin d'armes

Dans ce contexte, les autorités ukrainiennes espèrent une augmentation des livraisons d'armes occidentales. «Ce serait très important de le faire justement en hiver», a observé le responsable.

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Au cours d'une conférence de presse, Hans Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe a prévenu que l'hiver «mettra en danger la vie de millions de personnes en Ukraine», après une série de frappes russes dévastatrices sur les infrastructures énergétiques du pays.

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Et d'énumérer: «il nous faut encore 150 à 200 chars, environ 300 blindés», une centaine de systèmes d'artillerie, 50 à 70 systèmes de lance-roquette multiples, notamment de redoutables HIMARS américains dont l'Ukraine possède déjà plusieurs unités, ainsi que «dix à 15 systèmes de défense anti-aérienne pour fermer le ciel».

Il a également cité les missiles américains ATACMS, d'une portée de 300 kilomètres alors que celle des armes dont l'Ukraine dispose actuellement dépasse à peine 80 kilomètres.

Pour M. Podoliak, ces missiles vont «rapprocher la fin de la guerre» en permettant à l'Ukraine de «détruire de gros dépôts» militaires russes se trouvant profondément dans les zones occupées et qui sont pour le moment inaccessibles.

Kiev «n'a pas besoin» d'attaquer des cibles militaires à l'intérieur de la Russie, a assuré le conseiller. «La guerre finira quand nous reprendrons le contrôle de nos frontières et quand la Russie va avoir peur de l'Ukraine».

ATS