Vladimir Poutine «Pour l'Ukraine, il n'y aura rien de bon. L'agonie sera prolongée»

ATS

18.10.2023 - 14:59

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que les missiles longue portée livrés par les États-Unis à l'Ukraine ne feront que «prolonger l'agonie» du pays. Kiev espère de son côté que ces armes l'aideront à accélérer sa difficile contre-offensive en cours.

Vladimir Poutine a évoqué les missiles américains.
Vladimir Poutine a évoqué les missiles américains.
IMAGO/ITAR-TASS/ Sipa USA

Keystone-SDA

Mardi, Washington avait annoncé avoir livré dans le plus grand secret des missiles ATACMS (Army Tactical Missile System) d'une portée de 165 km aux forces ukrainiennes pour qu'elles puissent pilonner les bases arrières russes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé mardi l'utilisation avec succès de ces armes pour la première fois. Ses forces spéciales ont, elles, revendiqué le même jour des frappes destructrices sur des aérodromes russes en territoire occupé.

Vladimir Poutine a pour sa part estimé que la livraison de ces missiles, que Kiev réclamait depuis des mois, ne changera rien au cours de la guerre, assurant une fois encore que la contre-offensive ukrainienne s'est cassé les dents sur les défenses russes.

«Le principal est que (ces missiles) ne vont pas radicalement changer les choses sur la ligne de contact, c'est impossible», a affirmé le président russe lors d'une conférence de presse à Pékin, à l'issue de sa visite en Chine. «Pour l'Ukraine, il n'y aura rien de bon. L'agonie sera prolongée», a-t-il ajouté, estimant que Washington commettait donc «une erreur».

Escalade à Avdiïvka

Selon lui, la livraison de missiles ATACMS à l'Ukraine montre «que les États-Unis sont de plus en plus entraînés dans ce conflit».

De son côté, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a indiqué que les fournitures occidentales de missiles, d'avions F-16 l'année prochaine, et de blindés à Kiev conduisait la Russie «à renforcer ses frontières occidentales». L'armée ukrainienne multiplie déjà les frappes dans les zones frontalières.

L'Ukraine, qui avait forcé Moscou à d'humiliantes retraites en 2022, a lancé une contre-offensive en juin pour libérer les quelque 20% de son territoire sous contrôle russe et dont Moscou revendique l'annexion.

Kiev estime que ses forces avancent, mais que les progrès sont lents parce que les Occidentaux hésitent exagérément à livrer les armements dont le pays a besoin.

En outre, l'armée russe a lancé ses propres offensives en direction de Koupiansk (nord-est) et depuis le 10 octobre en direction de la ville d'Avdiïvka (est). Les troupes russes cherchent à encercler la cité industrielle d'Avdiïvka au prix de lourdes pertes.

Selon le maire, Vitali Barabach, si la situation est «plus calme» ces derniers jours, c'est que Moscou prépare une nouvelle attaque après celle stoppée par les Ukrainiens. «Ce n'est pas la fin de cette histoire (...) la résistance (ukrainienne) a stabilisé la situation actuellement» mais «dans les jours à venir, nous nous attendons à une escalade», a-t-il ajouté.

Avdiïvka, cité industrielle du Donbass, est située pratiquement sur la ligne de front depuis bien avant l'invasion russe de février 2022. Des forces séparatistes pilotées par Moscou tentent en vain de la conquérir depuis 2014. Erigée autour d'une vaste cokerie, la ville est située à 13 km au nord de Donetsk, la «capitale», sous contrôle russe, de la région éponyme dont M. Poutine a revendiqué l'annexion.

Quelque 1600 civils restent dans la ville, qui comptait 30'000 habitants avant l'invasion de février 2014, selon la mairie.

Attaque de drones en territoire russe

Parallèlement, la Russie poursuit ses bombardements nocturnes des zones urbaines ukrainiennes. Kiev s'attend à ce que cette campagne s'aggrave encore, comme en hiver dernier, lorsque l'armée russe avait pilonné les infrastructures énergétiques du pays pour plonger la population dans le noir et le froid. Dans la nuit de mardi à mercredi, des frappes sur la ville de Zaporijjia et la région de Dnipropetrovsk ont fait au moins trois morts.

«L'État maléfique (russe, ndlr) continue d'utiliser la terreur et de faire la guerre aux civils», a déploré sur X (ex-Twitter) le président Zelensky. A Zaporijjia, les 3e, 4e et 5e étages d'un immeuble résidentiel ont été dévastés par un missile S-300, tuant au moins deux personnes. Trois autres seraient encore sous les décombres.

De son côté, Kiev a aussi multiplié ces dernières semaines les attaques de drones loin derrière les lignes ennemies, en territoire russe. La Russie a encore affirmé en avoir détruit 28 dans la nuit de mardi à mercredi, au-dessus des régions frontalières de Koursk et Belgorod, ainsi qu'en mer Noire.