GéopolitiquePourquoi Niue, toute petite île du Pacifique, intéresse la Suisse
clsi, ats
7.8.2023 - 14:00
L'île du Pacifique de Niue, une des plus petites au monde avec sa superficie de 261,5 km2 et moins de 2000 habitants, se retrouve subitement au centre de jeux d'influence entre les grandes nations. La Suisse va tenter un rapprochement et ainsi mettre en lumière sa position au Conseil de sécurité de l'ONU.
Keystone-SDA, clsi, ats
07.08.2023, 14:00
ATS
Située à 2400 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande, cette toute petite île n'est certainement pas la première à venir à l'esprit quand on pense à la région pacifique. Et pourtant, sa position géographique lui confère un potentiel rôle de choix.
Le micro-Etat se trouve en plein milieu du triangle formé par les îles Tonga, Samoa et Cook, où les Etats-Unis et la France ont récemment placé leurs pions. Washington a inauguré une ambassade aux Tonga tandis que Paris a annoncé l'ouverture d'une représentation aux îles Samoa.
Cette stratégie s'inscrit dans un jeu d'influence entre la Chine et les Etats-Unis. «Les tensions se déplacent de plus en plus vers l'Océanie, que la Suisse a longtemps négligée, commente Lionel Fatton, professeur assistant à l’Université Webster à Genève. Et Niue se trouve exactement au milieu des grosses îles.»
Rapprochement avec l'ONU
Consciente des enjeux dans la région, la Suisse a décidé d'établir le contact avec l'île. Le ministère des affaires étrangères Ignazio Cassis va rencontrer cette semaine lors de la dernière étape de sa tournée Asie-Pacifique en Nouvelle-Zélande son homologue de Niue Mona Ainu'u. Le but est de créer des «relations diplomatiques plus formelles» et ainsi combler une «lacune», dit le DFAE.
Mais pourquoi donc Berne a choisi le minuscule Etat de Niue pour marquer sa présence dans le Pacifique? «La Genève internationale», répond Ignazio Cassis lors d'un point presse organisé à l'issue d'une rencontre avec son homologue australienne Penny Wong à Canberra.
La Suisse, ainsi que l'Australie, veut contribuer à amener les îles du Pacifique telles que Niue, non membre des Nations unies, à utiliser «l'outil de l'ONU», assure le ministre des affaires étrangères. Le rapprochement s'opère alors que la Suisse est devenue cette année membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'occasion est parfaite pour valoriser cette nouvelle influence, selon M. Fatton. Berne peut ainsi se positionner sur des grandes problématiques qu'elle veut mettre en avant dans le cadre de son mandat, comme les changements climatiques, dont les conséquences sont très visibles dans cette partie du monde.
Pas les «outils diplomatiques»
L'influence helvétique reste toutefois limitée dans la région, ses relations avec les îles du Pacifique étant toutes gérées depuis son ambassade à Wellington en Nouvelle-Zélande. Et les visites diplomatiques dans cette région sont rares.
La première visite d'un conseiller fédéral dans ce pays avec lequel la Suisse fête cette année 60 ans de relations diplomatiques date d'il y a dix ans. Berne n'a pas les «outils diplomatiques» nécessaires pour construire des relations plus solides, affirme Carl Ungerer, ancien chef de programme au Centre de politique de sécurité de Genève et ex-conseiller principal du ministre australien des affaires étrangères.
Quant aux enjeux qui concernent les grandes nations dans la région, la Suisse a peu de poids, s'accordent les experts. Elle est «derrière» sur ces questions, indique Carl Ungerer.