Contestations au PérouPoursuite des blocages après la prolongation de l'état d'urgence
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15.1.2023 - 21:02
Barrages routiers et manifestations se poursuivaient dimanche au Pérou. Samedi, l'état d'urgence a été prolongé dans plusieurs régions du pays en proie à un mouvement de contestation de la présidente Dina Boluarte.
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15.01.2023, 21:02
ATS
Cette mesure, décrétée samedi et en vigueur pour 30 jours, autorise l'armée à intervenir pour maintenir l'ordre et entraîne la suspension de plusieurs droits constitutionnels comme la liberté de circulation et de réunion et l'inviolabilité du domicile. Les heurts entre forces de l'ordre et manifestants ont fait au moins 42 morts en cinq semaines.
Outre Lima, les départements de Cusco et Puno (sud) sont notamment soumis à l'état d'urgence, de même que le port de Callao, à côté de la capitale. L'état d'urgence avait été décrété mi-décembre dans tout le pays, pour 30 jours.
Dimanche, plus d'une centaine de barrages routiers continuaient de bloquer la circulation dans 11 des 25 régions du Pérou, notamment dans le sud, épicentre de la contestation. Parmi ces régions, figurent Puno, Arequipa et Cusco, a indiqué l'autorité en charge des transports terrestres, précisant qu'il n'y avait jamais eu autant de barrages routiers pendant la crise actuelle.
A Arequipa, des dizaines de personnes bloquaient l'autoroute Panamericana Sur qui dessert la région de Tacna, à la frontière avec le Chili.
Pas de trains vers le Machu Picchu
Les autorités ont cependant rouvert samedi l'aéroport international de Cusco, d'importance vitale pour le secteur touristique péruvien, après l'avoir fermé jeudi. En revanche, les trains à destination du Machu Picchu, seul moyen d'accéder au célèbre site, étaient toujours suspendus, et les syndicats locaux affirment que le secteur du tourisme perd jusqu'à sept millions de sols (environ 1,7 million d'euros) par jour en raison de la crise.
Les protestations ont éclaté après la destitution et l'arrestation le 7 décembre du président socialiste Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté de perpétrer un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
Mme Boluarte, qui était la vice-présidente de M. Castillo, lui a succédé conformément à la Constitution. Elle est issue du même parti de gauche que lui. Mais les manifestants, qui voient en elle une «traîtresse», exigent son départ ainsi que des élections immédiates. Pour le moment, Mme Boluarte refuse de démissionner.
Messe pour les morts
La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), qui a achevé vendredi une mission d'inspection au Pérou, a requis une enquête impartiale sur la répression des manifestations, estimant que des indices pointaient vers un «usage excessif de la force».
Des dizaines de personnes ont participé dimanche à une messe dans la cathédrale du centre de Lima en mémoire des manifestants tués mais aussi du policier brûlé vif dans la ville de Juliaca, à la frontière bolivienne. Beaucoup avaient revêtu des T-shirts blancs symbolisant la paix et portaient des photos des morts.
L'archevêque de Lima, Carlos Castillo, a dirigé la messe en espagnol et en quechua. Les violences sont concentrées dans le sud andin, où vivent les Quechuas et Aymaras. La CDIH a préconisé une meilleure intégration de ces communautés dans la société péruvienne pour mettre fin aux troubles.
Le vice-ministre de la Gouvernance territoriale, Jose Muro, a déclaré dimanche, à TV Peru, que le gouvernement allait instaurer des «espaces pour le dialogue» sur tout le territoire pour discuter des diverses demandes sociales. «Dites à nos frères que cette semaine, nous avons l'intention d'établir des espaces de dialogue pour répondre à ces demandes», a-t-il assuré.
Prendre «le contrôle» de Lima
Des manifestations massives sont annoncées pour lundi dans les régions marginalisées du sud des Andes et à Lima, où des groupes de manifestants ont commencé à arriver samedi soir pour prendre le «contrôle de la ville». «Nous avons pris la décision d'aller à Lima» à partir de lundi, a annoncé Julio Vilca, un leader de la protestation de la province d'Ilave, dans la région de Puno, dans le sud du pays.
Le gouvernement attribue les troubles à des «agitateurs professionnels financés par de l'argent illégal». La police a annoncé l'arrestation d'une dirigeante syndicale de la région d'Ayacucho, Rocio Leandro, accusée de financer les manifestations et de recruter des manifestants.
Selon un porte-parole de la police, le général Oscar Arriola, Mme Leandro appartenait, sous le nom de guerre de «Camarade Cusi», au défunt groupe armé maoïste Sentier Lumineux. Dina Boluarte est la sixième personne à occuper la présidence péruvienne en cinq ans, dans un pays qui connaît une crise politique permanente émaillée de soupçons de corruption.