Proche-OrientPrès de 60% des bâtiments endommagés ou détruits à Gaza
ATS
23.9.2024 - 07:30
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien il y a un an, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, un niveau de destruction «sans parallèle» dans le monde ces dernières années. 169'000 bâtiments ont été endommagés ou détruits.
23.09.2024, 07:30
ATS
D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 13 septembre 2024, 58,7% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits. Les plus importantes destructions sont survenues au cours des deux ou trois premiers mois du conflit.
Depuis le 7 octobre et l'attaque menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort côté israélien de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 kilomètres carrés et densément construit.
Ville de Rafah à moitié détruite
La campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent plus de 41'000 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600'000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (73,9%) de ses bâtiments touchés.
A Rafah, dans l'extrême sud, jouxtant la frontière avec l'Egypte, où les troupes de l'armée israélienne sont engagées au sol depuis le début du mois de mai, 46,3% des bâtiments ont été touchés (contre 33,9% en avril). De plus en plus de façades d'immeubles ou de maisons sont éventrées ou totalement détruites.
Et d'après Amnesty International, sur 58 km2 longeant la frontière du territoire palestinien avec Israël, c'est plus de 90% des bâtiments qui semblent avoir été «détruits ou gravement endommagés» entre octobre 2023 et mai 2024.
Peu d'hôpitaux opérationnels
Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui ne cesse d'accuser les combattants du Hamas de s'en servir comme des bases pour s'abriter ou lancer des attaques. Les assauts israéliens sur l'hôpital al-Chifa, le plus grand de Gaza, l'a réduit à une «coquille vide avec des tombes», selon l'OMS.
Au 20 août, seuls 16 des 36 hôpitaux (44%) étaient «partiellement» opérationnels, selon l'OMS.
Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'UNOSAT et d'OpenStreetMap, il ressort que 70% des mosquées ont été endommagées ou détruites.
Les bâtiments scolaires, qui servent de refuges aux déplacés notamment ceux sur lesquels flotte le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut, l'armée israélienne accusant le Hamas de les utiliser pour cacher des combattants.
L'UNICEF comptabilise, au 6 juillet, au moins 477 écoles ayant subi des dégâts, soit près de 85% des 564 établissements répertoriés. Parmi elles, 133 ont été endommagées (potentiellement sévèrement) et 344 directement touchées.
Surfaces agricoles impactées
En septembre, le Fonds mondial des Nations unies pour l'éducation dans les situations d'urgence et de crise, «Education Cannot Wait», faisait état de près de 90% des bâtiments scolaires «endommagés ou détruits» et d'un système éducatif «décimé».
Selon des images du centre satellitaire de l'ONU, datant du 27 août, 68% des surfaces agricoles ont été endommagées, soit 102 km2. Dans le gouvernorat de Gaza Nord, 78%, et dans celui de Rafah, 57%.
La destruction des biens agricoles (comprenant les systèmes d'irrigation, les fermes d'élevage, les vergers, les machines et les installations de stockage) est encore plus importante avec entre 80 et 96% «décimés» dès le début de l'année 2024, selon un rapport de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement publié en septembre.
Le réseau routier est lui endommagé à 68% avec au total 1190 km de routes détruites, 415 km sévèrement endommagées et 1440 km modérément endommagées, d'après une «analyse préliminaire» d'UNOSAT sur des données au 18 août.
«C'est inimaginable le niveau de souffrance à Gaza, le niveau de morts et de destruction n'a pas de parallèle avec ce que j'ai pu voir depuis que je suis secrétaire général», a déclaré en septembre António Guterres, à ce poste depuis début 2017.