Italie Présidentielle: un nouveau tour pour rien

ATS

27.1.2022 - 16:42

Un nouveau tour de scrutin pour rien: déterminés à écarter de la compétition présidentielle le premier ministre Mario Draghi, dont l'élection pourrait provoquer la chute du gouvernement, les partis politiques italiens n'étaient toujours pas tombés d'accord jeudi sur une candidature alternative.

La fonction présidentielle en Italie est prestigieuse mais largement protocolaire et le principal enjeu de cette élection portait sur les chances de Mario Draghi qui, sans s'être déclaré, avait laissé entendre qu'il accepterait s'il bénéficiait du soutien de la majorité des grands électeurs. (archives)
La fonction présidentielle en Italie est prestigieuse mais largement protocolaire et le principal enjeu de cette élection portait sur les chances de Mario Draghi qui, sans s'être déclaré, avait laissé entendre qu'il accepterait s'il bénéficiait du soutien de la majorité des grands électeurs. (archives)
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27.1.2022 - 16:42

Les grands électeurs de droite se sont abstenus et ceux de gauche ont voté blanc lors de ce quatrième tour de scrutin pour l'élection du président de la République organisée depuis le début de la semaine au sein de l'hémicycle de la Chambre des députés à Rome.

Au total, sur un millier d'électeurs, 441 se sont abstenus et 261 ont voté blanc. Le très populaire président sortant Sergio Mattarella, 80 ans, qui a exclu toute candidature à un nouveau mandat, a malgré tout recueilli 166 voix, contre seulement cinq pour Mario Draghi.

Les Italiens pouvaient légitimement espérer un dénouement puisque la majorité absolue suffit désormais pour élire le chef de l'Etat, alors que les deux tiers des suffrages étaient nécessaires lors des trois premiers tours. Le prochain vote aura lieu vendredi.

La fonction présidentielle en Italie est prestigieuse mais largement protocolaire et le principal enjeu de cette élection portait sur les chances de Mario Draghi qui, sans s'être déclaré, avait laissé entendre qu'il accepterait s'il bénéficiait du soutien de la majorité des grands électeurs.

L'ancien patron de la Banque centrale européenne (BCE), qui a pris la tête de l'exécutif en février 2021, a longtemps été favori pour le poste, mais les partis sont inquiets à l'idée de le voir quitter ses fonctions et beaucoup redoutent la convocation de législatives anticipées, la fin de la législature étant fixée à 2023.

«Election ouverte et imprévisible»

Aucune formation politique ne dispose aujourd'hui de la majorité absolue au Parlement, mais tous les partis, sauf la formation d'extrême droite Fratelli d'Italia, participent à la coalition dirigée par M. Draghi.

Un tel choix pourrait aussi faire dérailler les réformes nécessaires à l'obtention des milliards d'euros promis à l'Italie dans le cadre du méga-fonds de relance européen. L'Italie est la grande bénéficiaire européenne de ce programme, à hauteur de près de 200 milliards d'euros (225 milliards de dollars).

L'ancien président du Sénat Renato Schifani a confié que c'était «la première fois qu'(il) voyait un Parlement aussi divisé». Le souverainiste Matteo Salvini, chef de la Ligue (anti-immigration), a martelé jeudi que M. Draghi était «précieux là où il se trouve actuellement».

Le résultat de cette élection sans candidats officiels et à bulletins secrets, aux allures de conclave, est notoirement difficile à anticiper.

Parmi les derniers noms mis sur la table figurent l'ancien président de la Chambre des députés Pier Ferdinando Casini et l'actuelle présidente du Sénat, Elisabetta Casellati, qui en cas d'élection deviendrait la première femme à ce poste.

Le président est élu pour sept ans au suffrage indirect par une assemblée composée des membres des deux chambres du Parlement auxquels viennent s'ajouter des délégués des régions. Soit au total un millier de «grands électeurs».

ATS