Droits humains Premières plaintes en France contre la chaîne chinoise CGTN

ATS

7.4.2021 - 15:08

Le régulateur français de l'audiovisuel, le CSA, a confirmé mercredi à l'AFP avoir été saisi à propos de la chaîne publique chinoise CGTN. Celle-ci est accusée d'avoir interviewé sous la contrainte une enfant ouïghoure.

Dans un communiqué publié mardi, l'ONG Safeguard Defenders, qui dénonce la répression contre les Ouïghours dans la région autonome du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), a annoncé avoir déposé deux saisines au nom de Mamutjan Abudurehim et d'Adrian Zenz, à la fois auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA, chargé de réguler CGTN en Europe), et de la FCC, le régulateur américain de la télévision.

«Le CSA a confirmé avoir été saisi par Safeguard Defenders. Une instruction est en cours», a précisé l'institution.

«Le CSA tient à rappeler que la chaîne, sur laquelle il opère un suivi très attentif, est tenue de respecter les obligations prévues par la loi de 1986. Si un manquement venait à être caractérisé, le CSA interviendra», a assuré l'autorité de régulation française. Celle-ci a récemment confirmé être compétente pour réguler les activités de CGTN en Europe, après la révocation de la licence britannique de la chaîne.

Diffamé

Dans une interview à l'hebdomadaire Le Point, M. Abudurehim, un Ouïghour exilé en Australie, qui n'a plus de contact depuis plusieurs années avec ses enfants restés en Chine, ni de nouvelles de sa femme détenue depuis 2017, a reproché à CGTN de l'avoir diffamé en affirmant qu'il avait abandonné sa famille.

Il a aussi accusé la chaîne chinoise d'avoir commis des violations des droits humains en diffusant une interview de sa fille Muhlise, réalisée selon lui sous la contrainte.

CGTN avait réalisé un reportage sur la famille de Muhlise après qu'elle se soit plaint, en pleurs, dans un reportage de CNN, d'être séparée de ses parents. Dans son contre-reportage, la chaîne chinoise accusait CNN d'avoir «perturbé» la famille de Muhlise, et on voyait l'enfant tenir des propos contredisant ce qu'avait rapporté CNN.

Privé de droit de réponse

Quand à Adrian Zenz, chercheur allemand qui accuse depuis des années la Chine de mener un génocide culturel au Xinjiang, lui-même cible de sanctions chinoises, il accuse CGTN de l'avoir diffamé en l'accusant de propager des mensonges sans lui accorder de droit de réponse.