La police russe a arrêté 1373 personnes qui manifestaient samedi à Moscou pour des élections libres, selon un bilan donné dimanche par l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations.
Il s'agit, selon l'ONG, du plus grand nombre d'arrestations depuis le mouvement de contestation de 2012 contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine.
Selon les chiffres officiels de la police de Moscou, quelque 3500 personnes, dont environ 700 journalistes professionnels et blogueurs, étaient présentes samedi à la manifestation. La police avait fait état samedi de 1074 arrestations «pour des infractions diverses».
L'opposition dénonce le rejet des candidatures indépendantes en vue des élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.
La manifestation de samedi, devant la mairie de Moscou, intervenait après un rassemblement ayant réuni 22'000 personnes le dimanche précédent, du jamais vu depuis la contestation de 2012.
Des blessés
Plusieurs arrestations ont été violentes samedi, de nombreux manifestants ayant notamment été blessés à la tête, selon des journalistes de l'AFP.
L'ambassade des Etats-Unis en Russie a dénoncé l'usage «disproportionné de la force policière». «La violence et les arrestations sapent le droit des citoyens à participer au processus démocratique», a tweeté la porte-parole de l'ambassade Andrea Kalan.
De son côté, l'Union européenne a fustigé cette vague d'arrestations. «Ces détentions et le recours disproportionné à la force contre des manifestants pacifiques (...) portent une fois de plus gravement atteinte aux libertés fondamentales d'expression, d'association et de réunion», selon un communiqué dimanche citant la porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
L'ONG Amnesty International a dénoncé samedi soir un «recours à la force excessif» de la police russe, appelant à une «libération immédiate des protestataires pacifiques».
L'opposant Ilia Iachine a annoncé une «nouvelle manifestation d'ampleur» à Moscou pour le 3 août. Plusieurs figures de l'opposition avaient été interpellées en matinée avant le rassemblement.
Perquisitions préventives
Les domiciles et les permanences de plusieurs candidats exclus avaient été perquisitionnés par avance et, mercredi, l'opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny avait été renvoyé en prison pour 30 jours pour des infractions aux «règles des manifestations».
Ces procédures font suite à l'ouverture d'une enquête pour «entrave au travail de la Commission électorale» de Moscou au cours de manifestations mi-juillet. Elles peuvent aboutir à des peines atteignant cinq ans de prison, rappelant les sévères condamnations prononcées au moment du mouvement de 2011-2012 contre le retour à la présidence de Vladimir Poutine.
Dimanche, M. Navalny a été hospitalisé depuis sa cellule en raison d'une «grave réaction allergique», selon sa porte-parole. Celle-ci a toutefois souligné que l'opposant n'avait jamais souffert de cette allergie.
Léonide Volkov, un allié d'Alexeï Navalny, a indiqué à la presse qu'il avait eu une réaction allergique similaire alors qu'il purgeait sa peine, lui aussi, dans la même prison le mois dernier. Il assure cependant que cette réaction est provoquée plutôt par les mauvaises conditions d'hygiéne que par un «complot».
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