Certains gouvernements mententPrincipales réactions au rapport du Giec
ATS
4.4.2022 - 22:22
La publication du rapport des experts du Giec indique que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas sensiblement réduites d'ici à 2030, l'objectif de 1,5°C sera «hors de portée». Les réactions des autorités, associations et personnalités engagées n'ont pas manqué dès lundi.
04.04.2022, 22:22
ATS
«Malgré des progrès à la COP26, les émissions mondiales vont toujours dans la mauvaise direction. Le rapport d'aujourd'hui nous dit qu'il faut faire demi-tour, et vite (...). L'ambition n'est pas suffisante, seules les actions comptent», avertit le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans.
«Les principaux pays émetteurs – en particulier le G20 – doivent répondre à la crise qui s'aggrave avec l'urgence qu'elle requiert. Et pas seulement par des objectifs sur papier et des promesses creuses», exige Walton Webson, qui préside l'alliance des petits Etats insulaires (AOSIS).
«De combien de rapports de plus avons-nous besoin pour faire ce que nous avons dit que nous ferions? (...) Il est plus que temps de concrétiser les promesses faites», insiste Tina Stege, envoyée climat des Iles Marshall.
Le secrétaire général de l'ONU a lui aussi dénoncé les mensonges de «certains gouvernements et responsables d'entreprises» en matière de lutte contre le changement climatique.
«Certains gouvernements et responsables d'entreprises disent une chose et en font une autre. Pour le dire simplement, ils mentent», a déclaré Antonio Guterres en qualifiant «d'accablant» le nouveau rapport du Giec.
«C'est un dossier déshonorant, un catalogue des promesses creuses qui nous mettent résolument sur la voie d'un monde invivable», a-t-il poursuivi dans un message enregistré, alertant sur «l'extinction d'un million d'espèces» ou la multiplication de «canicules sans précédent, tempêtes terrifiantes, pénuries d'eau généralisées».
«Nous avons, en tant que gouvernements, l'obligation de prendre des décisions parfois difficiles et exigeantes pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris», reconnaît Annika Strandhall, ministre suédoise du Climat.
«Pour le bien de la prochaine génération et l'avenir de la planète, nous exhortons tous les membres, en particulier les principaux émetteurs (de gaz à effet de serre) à répondre à ce rapport en mettant en oeuvre les promesses et engagements pris dans le cadre de la CNUCC et l'Accord de Paris», appellent le président de la COP27 Sameh Shoukry, le président de la COP26 Alok Sharma et la secrétaire exécutive de la CNUCC Patricia Espinosa.
Le rapport «montre clairement que le moyen le plus rapide pour les gouvernements d'assurer la sécurité énergétique et réduire les coûts est d'investir dans les énergies propres et se retirer pour de bon des énergies fossiles», juge Laurence Tubiana, une des architectes de l'Accord de Paris.
Adieu aux énergies fossiles
«C'est la fin de partie pour les énergies fossiles qui alimentent guerres et chaos climatique. Il n'y pas de place pour de nouveaux projets avec des énergies fossiles et les usines à charbon et à gaz existantes doivent fermer prématurément», relève Kaisa Kosonen, de Greenpeace.
«Dans le secteur énergétique, éliminer les énergies fossiles et accélérer la transition vers les renouvelables sera crucial», dit Dan Jorgensen, ministre danois pour le Climat et l'Energie.
«Il est temps d'accélérer et de promouvoir en priorité les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, tout en s'assurant que les gens bénéficient des opportunités de la transition verte», a renchéri son homologue espagnole, Teresa Ribera.
Crises
L'argent investi dans les énergies fossiles «vole à présent au-dessus de nos têtes sous forme de bombes (...) Je veux que nous prenions part à la construction d'un monde plus juste et plus vert où les dictatures alimentées par les énergies fossiles n'auront pas un tel pouvoir», espère Olha Boiko, coordinateur de Climate Action Network en Ukraine.
«A moins d'actions à grande échelle, l'humanité fait face à l'augmentation de la faim, des maladies, à l'effondrement économique, aux migrations de masse et à une chaleur insupportable. Il ne s'agit plus de retirer le pied de l'accélérateur mais d'appuyer à fond sur le frein», appelle Nafkote Dabi d'Oxfam.
Ecouter la science
«Ce rapport est clair: les outils pour éviter les pires impacts de la crise climatique sont résolument à notre portée. Les nations du monde doivent être assez courageuses pour les utiliser», estime le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
«Beaucoup semblent plus occupés à donner de faux espoirs à ceux à l'origine du problème qu'à dire la vérité brute qui nous offrirait une chance d'agir», regrette la militante Greta Thunberg.
«Les gouvernements doivent cesser d'écouter les sociétés liées aux énergies fossiles et commencer à tenir compte de la science et des appels urgents à l'action lancés par les communautés confrontées aux sécheresses, aux incendies, aux inondations et à la montée des eaux», plaide Kelly Trout, d'Oil Change International.
Justice sociale
«Les nations les plus riches, dont les Etats-Unis, portent une responsabilité importante pour réduire les émissions et fournir des fonds pour aider les pays en développement», juge Rachel Cleetus, de l'organisation Union of concerned scientists.
«Les preuves scientifiques deviennent plus effroyables à chaque rapport du Giec, nous (le Vanuatu) obligeant maintenant à porter le changement climatique devant la Cour internationale de justice pour limiter le réchauffement à 1,5°C et protéger ainsi les droits des générations présentes et futures de tous les êtres sur cette petite île appelée planète Terre», appelle le ministre des Affaires étrangères de l'Etat insulaire du Vanuatu, Hon Marc Ati.