États-Unis Procédure historique ouverte contre Trump accusé d'être un «Monarque» ou un «Dictateur»

ATS

18.12.2019 - 22:08

La chambre des représentants des États-Unis s'apprêtait à voter mercredi le renvoi du président américain Donald Trump en procès en destitution après des débats qui ont tourné au dialogue de sourds. «Je n'ai rien fait de mal», s'est défendu M. Trump sur Twitter.

«D'horribles mensonges». «C'est une agression contre l'Amérique», a ajouté le milliardaire républicain, en passe de devenir le troisième président des États-Unis à subir l'opprobre d'un «impeachment», laissant éclater sa frustration sur le réseau social.

Il s'est une nouvelle fois dépeint en victime d'une «chasse aux sorcières», orchestrée par une «gauche radicale», qui n'aurait pas digéré sa victoire surprise de 2016.

«C'est tragique, mais les actes irresponsables du président rendent sa mise en accusation nécessaire», a rétorqué Nancy Pelosi, la chef des démocrates au congrès. «Il ne nous a pas laissé d'autres choix», a-t-elle ajouté en ouvrant les débats devant la chambre des représentants, où son parti est majoritaire.

Abus de pouvoir et entrave

Le 45e président des États-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat en novembre 2020, est visé par deux articles de mise en accusation, abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du congrès, parce qu'il a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle.

La chambre basse va ainsi exercer «l'un des pouvoirs les plus solennels» que lui garantisse la constitution, a souligné Nancy Pelosi. Il reviendra ensuite au Sénat d'organiser le procès de Donald Trump, probablement en janvier. Les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu'ils avaient la ferme intention d'acquitter le président.

Deux visions irréconciliables

Bloc contre bloc, les élus se sont succédé à la tribune de la chambre des représentants exposant deux visions irréconciliables. Pour les républicains, la procédure de destitution est «une blague absolue», une «supercherie», qui ne s'appuie sur «aucun fait» et est motivée par l'aversion des démocrates pour un président qui brise les codes.

«Ils ont peur de la volonté populaire», a lancé l'élu Clay Higgins. «Ils nous appellent les pitoyables. Ils ont peur de notre foi. Ils ont peur de notre force.»

Faux, ont répondu à l'unisson les parlementaires démocrates. Les poursuites contre le président n'ont rien à voir avec des divergences politiques, ont-ils assuré. Il s'agit, selon eux, de «protéger la constitution», «la démocratie» ou encore «l'état de droit» menacés par un président qui se croit «au-dessus des lois» comme «un monarque» ou un «dictateur».

Un seul point d'accord a émergé: cette «triste» journée entrera dans les livres d'histoire. En effet, seuls les présidents Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 ont vécu une mise en accusation au congrès. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie.

Sondages contrastés

Le tempétueux président septuagénaire veut transformer cette épreuve en victoire politique. Son objectif est d'utiliser cette procédure pour galvaniser sa base et, grâce à la réussite de l'économie américaine, arracher sa réélection dans moins de onze mois.

Il affirme, et les républicains avec lui, que la procédure de destitution est de moins en moins populaire auprès des Américains.

Les sondages offrent un tableau nuancé. Mais certains l'encouragent dans cette stratégie consistant à nier en bloc toutes les accusations et à affirmer que tout cela n'est qu'une manoeuvre politicienne visant à avoir sa peau.

La procédure de destitution divise profondément les Américains: 45% souhaitent qu'elle aboutisse à sa révocation – 77% chez les électeurs démocrates – et 47% s'y opposent, d'après un sondage CNN-SSR. La classe politique reflète parfaitement cette fracture et le vote à la chambre devrait suivre parfaitement les affiliations partisanes.

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