La Hongrie vote dimancheProlonger l'ère Orban ou dire stop?
ATS
1.4.2022 - 10:04
Les Hongrois votent dimanche, à l'issue d'une campagne tendue dominée par la guerre en Ukraine, avec un léger avantage dans les sondages à Viktor Orban. Ce dernier, au pouvoir depuis 12 ans, est menacé par une opposition unie pour la première fois.
Keystone-SDA
01.04.2022, 10:04
ATS
Le Fidesz, son parti, est «donné gagnant dans les enquêtes d'opinion». Mais l'avance est étroite et le dirigeant souverainiste de 58 ans n'a jamais fait face à une telle incertitude, observe Bulcsu Hunyadi, analyste de l'institut indépendant Political Capital.
«Toutes les options sont sur la table», dit-il à l'AFP. Et de juger cruciale «l'ultime mobilisation» pour convaincre les indécis, estimés à un demi-million dans ce pays de 9,7 millions d'habitants.
Viktor Orban convoque ses partisans ce vendredi dans la ville de Szekesfehervar, à moins d'une heure de route de Budapest. Ce sera l'occasion pour le Premier ministre de marteler son discours de «paix et de sécurité», face à une opposition qualifiée de «dangereuse», des slogans qui se déclinent sur d'immenses affiches électorales.
Peter Marki-Zay réunit lui ses soutiens samedi dans la capitale, quelques heures seulement avant l'ouverture matinale des bureaux de vote dimanche.
Pas à armes égales
Le gouvernement, qui refuse de livrer des armes à l'Ukraine, «a réussi à circonscrire la problématique» de l'invasion russe en Ukraine «à une question très simple: la Hongrie doit-elle prendre part ou non à la guerre?», souligne M. Hunyadi. «Ce message a été bien plus efficace que celui de l'opposition, qui a axé ses critiques» sur les liens de Viktor Orban avec le Kremlin, estime-t-il.
D'autant que les deux ne luttent pas à armes égales, selon lui: «La machine de propagande du pouvoir a joué un rôle décisif» en «déformant la réalité» et les propos de l'opposition, affirme l'expert. D'autres évoquent aussi un système électoral dévoyé pour favoriser le Fidesz.
«Les règles du jeu sont absolument équitables», répond le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs, interrogé par l'AFP, pas tendre envers le candidat de l'opposition. C'est une marionnette, à ses yeux, «qui n'a ni parti ni groupe au Parlement».
Peter Marki-Zay, atypique maire conservateur de 49 ans, a la tâche difficile de rassembler derrière lui six partis hétéroclites, qu'ils soient de droite, sociaux-démocrates ou écologistes. Unis par leur volonté de faire tomber «l'autoritaire» Orban, ils appellent à stopper la transformation «illibérale» entreprise depuis 2010, au prix de nombreuses atteintes à la démocratie selon Bruxelles.
Le choix «n'a jamais été aussi simple», insiste M. Marki-Zay. Il faut faire «celui de l'Europe, pas de l'Est», dit-il, en référence au rapprochement avec Moscou et Pékin opéré par un dirigeant hongrois très critique de l'UE.
«Isolement» international
Viktor Orban a d'ailleurs été directement ciblé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui l'a appelé dans un message vidéo à choisir son camp. En retour, le gouvernement a accusé le pays voisin de tentative d'interférence dans les élections.
«Si l'isolement est le prix à payer pour protéger les intérêts hongrois, le Premier ministre n'hésitera pas», commente M. Kovacs, rappelant «la dépendance de la Hongrie» aux pétrole et gaz russes.
Et d'insister sur «l'expérience» de M. Orban, «doyen des dirigeants en exercice de l'UE». Un homme «coriace, intelligent et qui aime son pays», avance Donald Trump. L'ancien président américain lui a apporté avant le scrutin son «soutien le plus complet».
Si le porte-parole vante «le succès économique» de la Hongrie, l'opposition n'a pas manqué d'étriller la politique «irresponsable» des autorités, sur fond d'inflation galopante et de faiblesse du forint, la monnaie locale, face à l'euro.
Pendant la campagne, le gouvernement a multiplié les mesures pour séduire les électeurs, du plafonnement des prix des carburants aux ristournes fiscales. «Mais toutes ces largesses, qui étaient censées être l'arme secrète du pouvoir, ont été effacées» par la hausse vertigineuse des prix», remarquait cette semaine devant des journalistes Andras Biro-Nagy, de l'institut Policy Solutions.
Les élections, accompagnées d'un référendum en lien avec la loi anti-LGBT+ qui s'est retrouvé totalement éclipsé dans les débats, seront pour la première fois surveillées par plus de 200 observateurs internationaux sur fond de craintes de fraude.