IsraëlQuatre millions de vaccinés et un badge Covid pour entrer au resto
ATS
17.2.2021 - 17:24
«Si vous êtes vaccinés, vous pouvez entrer!» Champion mondial de la vaccination contre le Covid-19, Israël se lance dans un projet controversé de «badge» pour restreindre l'accès aux gyms, aux concerts et restaurants aux seules personnes vaccinées.
Au cours des derniers jours, le cabinet ministériel a annoncé un calendrier pour sortir l'Etat hébreu de son troisième confinement depuis le début de la pandémie à la faveur d'une intense campagne de vaccination qui fait d'Israël le petit «laboratoire du monde».
Aujourd'hui, quatre millions d'Israéliens ont été vaccinés, soit 45% de la population, dont 2,6 millions de personnes ont reçu la seconde injection, selon les dernières données du ministère de la Santé, plus fort taux de vaccination au monde.
Et la principale caisse maladie du pays, Clalit, a publié une étude réalisée sur 1,2 million de personnes concluant que le vaccin Pfizer/BioNTech, sociétés avec lesquelles Israël a un accord de partage de données biomédicales, était efficace à 94%.
Ouverture progressive
Avec un vaccin efficace et un pourcentage élevé de la population vaccinée, les autorités projettent de rouvrir progressivement à partir de dimanche les gyms, les musées, les centres commerciaux, les restaurants et les cafés.
Mais pas à tous. Le gouvernement a annoncé un système de «badge», pourpre pour les personnes qui ne sont pas vaccinés ou n'ont reçu qu'une dose et vert pour ceux qui se sont vus administrer leur seconde injection ou sont «rétablis» du Covid.
Vert et pourpre
Les centres commerciaux, les bibliothèques, les musées, les cafés et certains lieux de culte seront ouverts en mode «pourpre». Donc, pour tous.
Et les gyms, les événements sportifs et culturels, les restaurants (avec réservation) seront ouverts pour les détenteurs du «badge vert», c'est-à-dire ayant une attestation de double vaccination ou de rétablissement....
«Nous allons de l'avant avec un déconfinement responsable sous la forme de 'Si vous êtes vaccinés, vous pouvez entrer'», a résumé le ministre de la Défense Benny Gantz à propos de cette mesure qui pourrait être difficile à mettre en oeuvre pour les entreprises.
Outre les «badges», les Israéliens doublement vaccinés peuvent aussi recevoir un «passeport vert» leur permettant de rentrer dans le pays – après un voyage à l'étranger – sans avoir à passer par la quarantaine mais en présentant toutefois un test Covid négatif.
«Equilibre délicat»
Au début de la pandémie, les services de renseignement avaient utilisé des mesures antiterroristes pour traquer les personnes ayant été en contact avec d'autres ayant contracté le Covid-19, ce qui avait suscité la polémique et poussé les élus à freiner cette initiative.
Cette fois, le gouvernement incite les gens à la vaccination, mais doit aussi trouver un «équilibre délicat», entre la santé publique et le respect des libertés individuelles, explique à l'AFP Hagai Levine, professeur et chercheur en santé publique à l'Université hébraïque de Jérusalem.
«En Israël, chaque personne (âgée de 16 ans et plus) peut se faire vacciner gratuitement (...) et je pense qu'il faut se faire vacciner. Mais c'est aussi un droit de ne pas vouloir le faire et en ce sens le gouvernement ne peut forcer personne», dit-il.
Le «badge» et le «passeport» Covid apparaissent à l'heure où les autorités tentent d'encourager la vaccination chez les plus jeunes et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu oeuvre à une relance économique avant les élections du 23 mars prochain, cruciales à sa survie politique.
Selon les données officielles, 96% des personnes âgées entre 70 et 80 ans, plus vulnérables au Covid-19, ont reçu au moins une dose de vaccins, un taux qui descend à 44% chez les 20-29 ans dans ce pays qui n'a aucun problème de livraison de vaccins.
«Les autorités auraient dû lancer cette mesure (des badges, NDLR) un mois plus tôt (...) mais là il s'agit clairement d'un élément de la campagne de Netanyahu pour se faire réélire» ce qui pose le «risque» que les choses soient précipitées et qu'une partie de la population se «braque» contre la vaccination, estime M. Levine.