Dur à dire Quels effets auront les promesses de la COP26 sur le climat?

ATS

8.11.2021 - 08:55

La première semaine de la conférence climat COP26 a vu une série d'annonces de pays promettant de faire plus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est toutefois difficile à ce stade d'évaluer leur impact sur le futur réchauffement.

Keystone-SDA

Partout dans le monde, des citoyens se mobilisent pour le climat. les regards sont aujourd'hui tournées vers la COP26. (image d'illustration)
Partout dans le monde, des citoyens se mobilisent pour le climat. les regards sont aujourd'hui tournées vers la COP26. (image d'illustration)
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L'accord de Paris vise à limiter le réchauffement bien en deçà de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Mais les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre pour 2030 sur la table avant le début de la COP26 menaient la planète vers une trajectoire «catastrophique» de +2,7°C ou +2,2°C en prenant en compte les promesses de neutralité carbone pour le milieu du siècle, selon le programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE).

Depuis, pendant la COP26, l'Inde, le Brésil ou l'Argentine ont annoncé un renforcement de leurs objectifs à court terme et l'Inde s'est fixé la neutralité carbone pour 2070. Une centaine de pays se sont également engagés à réduire de 30% d'ici à 2030 leurs émissions de méthane, gaz à effet de serre plus puissant que le CO2.

Ces annonces et d'autres pourraient avoir un impact significatif sur la trajectoire du réchauffement, alors que chaque dixième de degré en plus entraîne son lot de catastrophes dévastatrices supplémentaires.

Trop tôt pour être précis

Jeudi, l'ONU-Climat a publié une analyse préliminaire des nouveaux engagements. En prenant en compte l'ensemble des «contributions déterminées au niveau national» (NDC) formellement déposées, révisées ou non, les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter de 13,7% en 2030 par rapport à 2010, un peu mieux que les 16% de la précédente évaluation à la fin octobre. Or, ils doivent baisser de 45% pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C.

Cette analyse ne dit rien sur les effets de cette révision des émissions sur la température. Le rapport annuel du PNUE, qui fait référence, n'a pas non plus ajusté ses prévisions à ce stade.

«Il est trop tôt», a indiqué vendredi sa patronne Inger Andersen à l'AFP, notant qu'il fallait d'abord étudier les détails des annonces. «Nous ne faisons pas des calculs sur le dos d'une enveloppe», a-t-elle insisté, soulignant que leurs estimations étaient basées sur la science, avec des calculs et des modélisations qui réclament du temps.

+1,9°C

Selon une évaluation de l'université de Melbourne, «pour la première fois de l'histoire, l'effet agrégé des engagements des 194 pays pourrait limiter le réchauffement sous +2°C», mais avec «50% de probabilité». Ces scientifiques, qui incluent objectifs à court terme pour 2030 et engagements à la neutralité carbone pour le milieu du siècle, estiment ainsi que si toutes les promesses étaient respectées, le réchauffement pourrait être limité à +1,9°C.

Le patron de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) Fatih Birol a assuré jeudi que les analyses de ses équipes montraient que si toutes les promesses faites à la COP étaient tenues, le réchauffement serait limité à +1,8°C.

Se réjouissant de cette perspective, il a toutefois souligné que la trajectoire dépendait fortement d'une réduction rapide des émissions pour atteindre ensuite la neutralité carbone. «Il est essentiel que les gouvernements transforment aujourd'hui leurs promesses en des politiques et stratégies claires et crédibles», a-t-il insisté.

Toujours pas suffisant

Même si l'évaluation la plus favorable du patron de l'AIE était confirmée, les ONG soulignent que le plafond de +1,5°C, devenu de facto le principal objectif pour éviter les pires impacts du changement climatique, serait dépassé.

«Si nous atteignons +1,5°C, certains pays vont simplement disparaître de la carte. Alors ce qu'il faut retenir de ces calculs est que nous n'avons pas besoin simplement de paroles, mais d'actions», a commenté Juan Pablo Osornio, de Greenpeace.

«Il reste encore du travail à faire», a de son côté insisté l'envoyé spécial américain pour le climat John Kerry vendredi lors d'une conférence de presse.