Multiples controversesQui est «Porky», cet ultra-conservateur qui fait sensation dans son pays ?
Gregoire Galley
14.10.2025
Lors de la récente inauguration d'un ouvrage, Rafael Lopez Aliaga, alors maire de Lima, n'a pas semblé surpris de recevoir un petit cochon en guise de cadeau. Surnommé Porky, l'ultra-conservateur de 64 ans voit son sobriquet se transformer en atout dans sa quête de la présidence du Pérou.
Surnommé Porky, Rafael Lopez Aliaga voit son sobriquet se transformer en atout dans sa quête de la présidence du Pérou.
IMAGO/Newscom / GDA
Agence France-Presse
14.10.2025, 08:45
Gregoire Galley
Cet entrepreneur millionnaire, fidèle de l'Opus Dei, est en tête des sondages en vue de la présidentielle d'avril prochain, porté par la montée de l'insécurité. Maire de Lima depuis 2022, il a démissionné lundi pour se consacrer à la campagne présidentielle.
Après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2021, la presse évoque déjà la «revanche de Porky», le cochon qui bégaie des dessins animés de Looney Tunes, connu en France comme «Cochonnet» ou «Porky pig».
En présentant sa démission au conseil municipal, il a assuré vouloir apporter aux Péruviens «une stabilité économique (...) et leur ôter leurs peurs».
Le discours de cet admirateur de Donald Trump et de Nayib Bukele au Salvador met en avant une promesse de «guerre» contre le crime organisé, un message qui séduit de nombreux Péruviens lassés de l'insécurité. «Nous voulons qu'il soit notre président car il est le seul à affronter la corruption», déclare à l'AFP Isabel Silva, 38 ans.
Rondouillet et toujours souriant, le chef du parti «Renovacion Popular» a fait du surnom Porky un véritable atout politique. Dès sa première campagne, il jouait de cette image allant jusqu'à signer des autographes sur les images du célèbre dessin animé que les enfants lui tendaient.
En juin, lors de l'inauguration d'une route, un partisan lui a offert un petit cochon affublé d'une cape rouge. Le maire l'a aussitôt baptisé «Worky», symbole selon lui de son «amour du travail». Depuis, des affiches le présentant en présidentiable se multiplient dans la capitale et au-delà. Lors de ses apparitions publiques, la foule scande «Porky président!» et lui tend des peluches à son effigie.
«Ce surnom le rend sympathique, comme un personnage de bande dessinée. Il fait sourire et c'est le gars à qui l'on pardonne beaucoup de choses», explique à l'AFP le politologue Mirko Lauer.
En juillet, la justice électorale a remis en question dans un rapport l'utilisation de «Worky» à des fins de propagande, une pratique interdite aux élus. M. Lopez Aliaga est par ailleurs visé par une enquête pour blanchiment d'argent au détriment de l'Etat, une affaire qui remonte à l'époque où il n'était pas encore maire.
Malgré ces controverses, il continue de se présenter comme un rempart face au crime organisé. Entre autres mesures, il propose que les auteurs d'extorsion et les tueurs à gages soient jugés par des tribunaux militaires. Il a aussi évoqué l'idée d'envoyer des criminels dans la méga-prison construite par le président Nayib Bukele au Salvador.
«Il y a déjà eu des tribunaux militaires. Recréons-les car nous sommes en guerre», a-t-il lancé en septembre, en référence au conflit armé interne qui fit quelque 70.000 morts entre 1980 et 2000 au Pérou.
Ingénieur de formation, Rafael Lopez Aliaga, devenu millionnaire dans l'hôtellerie et les chemins de fer, cultive un profil atypique. Célibataire endurci depuis ses 20 ans, il dit se flageller chaque jour. Il s'oppose farouchement à l'avortement qu'il considère comme «un meurtre cruel» et rejette également l'euthanasie.
Parmi ses cibles figurent également les grands médias péruviens, qu'il accuse d'être des «pamphlets rampants», soumis aux intérêts politiques ou économiques.
En dehors de Lima, son style est parfois perçu comme autoritaire. A Ayacucho, Yovana Mendoza, 49 ans, présidente d'un collectif de victimes de la répression étatique, raconte avoir voulu manifester dans la capitale l'an dernier, mais une ordonnance municipale l'en a empêchée.
«M. Lopez Aliaga, M. Porky (...) a pris une résolution pour empêcher les provinciaux d'entrer à Lima. Alors, de quel type de personne s'agit-il? D'un monsieur raciste et classiste», dénonce-t-elle par téléphone à l'AFP.