«Entrer, sauver et partir» Ils récupèrent les animaux dans les maisons libanaises

ATS

5.10.2024 - 11:55

Dans les quartiers dévastés de la banlieue sud de la capitale libanaise, des volontaires se faufilent entre les décombres pour une périlleuse mission: ramener les animaux laissés par leurs propriétaires partis dans la précipitation sous les bombes israéliennes.

Un chat se promène dans une rue endommagée sur le site d'une frappe aérienne israélienne dans le quartier de Mreijeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 4 octobre 2024.
Un chat se promène dans une rue endommagée sur le site d'une frappe aérienne israélienne dans le quartier de Mreijeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 4 octobre 2024.
AFP

Keystone-SDA

«Entrer, sauver et partir», résume Maggie Shaarawi, vice-présidente de l'association Animaux du Liban, qui prend de gros risques pour se rendre dans la banlieue sud, aujourd'hui désertée et toujours pilonnée par les bombardements israéliens.

«Les gens ont dû évacuer dans la hâte. Leurs chats, stressés par les bombardements, se sont cachés» et n'ont pu être emportés par leurs maîtres, raconte-t-elle.

Cette semaine, Mme Shaarawi et deux autres volontaires se sont rendus dans la banlieue pour récupérer huit chats traumatisés, à la demande désespérée de leur propriétaire.

En appel vidéo, la femme voilée d'un foulard blanc les a guidés dans la maison dévastée pour tenter d'attraper Fifi, Leo, Blacky, Teddy, Tanda, Ziki, Kitty et Masha.

«Nous les avons tous retrouvés!» s'exclame, triomphante, Mme Shaarawi.

A toute vitesse, les trois volontaires, cage à chat à la main, ont réussi à faire sortir les félins terrorisés de leurs cachettes et les ont rassemblés. Alors qu'ils se préparaient à fouiller une autre maison, une frappe a retenti, les contraignant à filer.

«C'est la première fois que c'est tombé si près de nous. Nous avons eu de la chance de nous en sortir vivants», raconte Mme Shaarawi.

Traumatisés

Depuis le 23 septembre, Israël a lancé une campagne de bombardements dans le sud, l'est du Liban, et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement pro-iranien Hezbollah. Plus de 1100 personnes ont été tuées dans ces raids et plus d'un million d'autres déplacées, selon des chiffres officiels libanais.

Beaucoup de ces familles déplacées, dont nombre dorment aujourd'hui dans la rue à Beyrouth ont fui avec leurs animaux domestiques. D'autres ont refusé de partir pour ne pas les laisser derrière eux. Ceux qui n'ont pas pu faire autrement en appellent désormais aux services de l'association de Mme Shaarawi.

Une femme leur a ainsi demandé de retrouver ses 21 chats. D'autres familles ayant fui loin de Beyrouth sollicitent l'association, mais récupérer les clés de leurs maisons s'avère un autre casse-tête.

«Jusqu'ici, nous avons récupéré 120 animaux dans la banlieue sud, et 60 dans le sud», dit Mme Shaarawi.

«La guerre est traumatisante pour les animaux comme pour les gens. Ils sont bombardés tous les jours et ne comprennent pas ce qui se passe», constate-t-elle. «Ils attendent que leurs maîtres reviennent».

Les félins récupérés par Animaux du Liban sont ensuite mis à l'abri dans les locaux de l'association à Beyrouth, en attendant que leurs propriétaires viennent les chercher.

Récupérer les animaux dans les maisons bombardées n'est pas simple, la peur «transforme les chats en tigres», raconte Mme Shaarawi.

Parfois, les volontaires n'arrivent pas à temps. Lors d'une de leurs missions cette semaine, visant à récupérer trois chats, ils ont trouvé l'un d'entre eux rigidifié par la mort, sa fourrure blanche devenue noire dans la poussière du bombardement. Les deux autres félins étaient introuvables.