CentrafriqueRéélu, Touadéra appelle à la réconciliation nationale
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19.1.2021 - 09:10
Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra a vu sa réélection validée lundi par la Cour constitutionnelle. Il a appelé à la réconciliation nationale et tendu la main à l'opposition démocratique.
D'immenses défis se profilent maintenant, dont celui de la légitimité pour un chef de l'Etat élu avec 53,16% des voix et une participation de 35,25%, sur un territoire quasiment réduit à la capitale et ses environs.
Dans une déclaration commune publiée lundi soir à New York, la communauté internationale a validé pour sa part cette légitimité. Leur texte souligne que l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, l'ONU et l'Union européenne «prennent note» de la proclamation de la Cour Constitutionnelle centrafricaine et appellent à la «respecter».
En réaffirmant leur condamnation des violences et en exhortant les groupes armés à y mettre un terme, ces organisations «encouragent tous les acteurs à travailler ensemble, dans un climat apaisé, pour créer les conditions favorables à la finalisation des prochaines étapes du processus électoral, en particulier les élections législatives», précise leur déclaration.
Il lui faudra également redresser, sous la menace d'un putsch, l'économie à l'agonie du deuxième pays le plus pauvre du monde. Plus de la moitié des habitants ont besoin d'assistance humanitaire et un quart ont fui leur domicile depuis le début de la guerre civile en 2013, selon l'ONU.
Main tendue
«Je tends la main patriotique à l'opposition démocratique afin de sortir notre pays du cycle vicieux de violences et de destruction. Au lendemain de mon investiture, nous allons poursuivre la réconciliation nationale afin de décrisper le climat politique pré et post électoral», a déclaré le chef de l'Etat dans un discours télévisé à la nation.
La Cour constitutionnelle a rejeté les recours en annulation de treize des seize rivaux du chef de l'Etat sortant. Ils invoquaient des «fraudes massives» et l'impossibilité pour deux électeurs sur trois de voter en raison de l'insécurité, dans un pays où les groupes armés contrôlent deux tiers du territoire et dont les plus puissants ont lancé une nouvelle offensive une semaine avant le scrutin.
Bozizé mis en cause
M.Touadéra a une nouvelle fois accusé l'ancien président François Bozizé, dont la candidature avait été invalidée par la Cour constitutionnelle, d'avoir «conçu la rébellion, réuni les moyens et mis le feu au pays. Bien sûr, avec les mercenaires étrangers qu'il a recrutés et ses alliés politiques que vous connaissez tous, pour satisfaire son ambition personnelle ou familiale».
Le 17 décembre, six des plus puissants groupes armés qui occupent les deux-tiers de la Centrafrique, se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont annoncé le 19, huit jours avant les élections présidentielle et législatives, une offensive dans le but d'empêcher la réélection du président Touadéra.
«Les auteurs, coauteurs et complices présumés de ces crimes imprescriptibles commis contre le peuple centrafricain seront recherchés, arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes», a-t-il affirmé.
«Fiasco démocratique»
«Ces élections sont un fiasco démocratique sous le regard de la communauté internationale qui a pu observer les dérives pas à pas et qui les a légitimées», assène Nathalia Dukhan, spécialiste de la Centrafrique pour l'ONG anticorruption américaine The Sentry.
«La Cour constitutionnelle a choisi, une fois de plus, de se tenir à côté de la communauté internationale: pas aveugle sur certains abus mais désireuse d'éviter une annulation du vote», estime de son côté Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.
«Vous avez vu avec quelle volonté le peuple centrafricain s'est manifesté ?», a pour sa part lancé M. Touadéra au siège de son parti. «Même sous les balles, ils sont allés voter. Fallait-il donner raison à ceux qui voulaient empêcher les centrafricains d'exercer leur devoir civique ?»
«Une partie du peuple centrafricain, en guerre, a été empêchée de voter par des actes de terreur» mais malgré cela, «le peuple a envoyé un message clair et fort à ceux qui les terrorisaient (...) et au monde entier», a également jugé la Cour constitutionnelle par la voix de sa présidente Danièle Darlan.
Mais «si la légitimité s'acquiert par les urnes, elle n'est jamais définitivement acquise, elle doit être conquise et maintenue au quotidien par l'exercice du pouvoir et la bonne gouvernance», a ajouté la Cour.
Casques bleus tués
Lundi, deux Casques bleus gabonais et marocain ont été tués par des rebelles dans le sud du pays, a annoncé l'ONU. Ces décès portent à sept le nombre de morts parmi le contingent de la mission de l'ONU (Minusca) depuis le début de l'offensive des rebelles contre le régime du président Touadéra.