Racisme Racisme: l'ONU favorable à des «excuses» et à un mécanisme de suivi

sn, ats

28.6.2021 - 10:57

L'ONU est favorable à «des excuses» des Etats et des réparations face à l'héritage qui a abouti au racisme systémique observé dans le monde actuellement. Dans un rapport très attendu, elle a appelé lundi à Genève au lancement d'un mécanisme de suivi.

La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet demande aux Etats de démanteler le racisme systémique chez eux (archives).
La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet demande aux Etats de démanteler le racisme systémique chez eux (archives).
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

Les personnes d'ascendance africaine et leurs proches subissent «un impact disproportionné et discriminatoire» des forces de l'ordre et de la justice, affirme la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet dans ce document. Elles sont notamment ciblées lors de délits mineurs, de contrôles et d'interpellations mais aussi d'actions sur la santé mentale et de dispositifs anti-drogue. Dans la plupart des cas, les personnes tuées ne constituaient pas de menaces pour la police.

Le Conseil des droits de l'homme avait chargé l'année dernière Mme Bachelet de se pencher sur le racisme systémique après le meurtre de George Floyd. Ce décès et «les manifestations de masse qui ont suivi dans le monde entier» ont changé la lutte contre le racisme, en augmentant la reconnaissance du problème, estime le rapport. Le policier qui a étouffé l'Afro-Américain a été condamné la semaine dernière à plus de 20 ans de prison.

Mme Bachelet s'est penchée sur près de 200 décès de personnes d'ascendance africaine dans le monde, attribués aux forces de l'ordre. Elle a examiné dans le détail les cas de sept victimes, dont George Floyd, des Brésiliens ou le Français Adama Traoré. Et elle a également discuté avec plusieurs centaines de personnes et les représentants de plus 100 Etats et autres acteurs.

Le rapport ne devait pas seulement relayer des recommandations «existantes», a fait remarquer à la presse une responsable du Haut-Commissariat. Il devait contribuer à un «changement» dans les différents pays, a-t-elle également affirmé, relevant les nombreux efforts à mener.

Pour des données raciales

Il dénonce notamment «l'excès de surveillance policière à l’égard des personnes et des populations noires, ce qui les fait se sentir davantage menacées que protégées». Les manifestants sont aussi affectés par un usage excessif de la force, notamment aux Etats-Unis, et parfois considérés comme «terroristes». Outre les violences policières, des discriminations économiques, sociales, culturelles, civiles et politiques sont identifiées.

Mme Bachelet appelle le Conseil des droits de l'homme à lancer un mécanisme, qui ne serait pas permanent, de suivi du racisme systémique. Ou d'étendre les moyens de dispositifs existants qui pourraient mener ce mandat.

Dans un programme en quatre points, la Haute commissaire demande aux Etats d'"arrêter de nier et de commencer à démanteler» le racisme systémique. Il serait «inacceptable» pour eux de ne pas oeuvrer, dit-elle. Des données raciales devraient être analysées, en conformité avec les droits humains, pour pouvoir identifier l'ensemble des problèmes.

Elles devraient aussi porter sur les violences policières et les verdicts de culpabilité à l'égard des responsables. Autant de composantes qui manquent actuellement, affirme le Haut-Commissariat.

Mécanismes de plainte

Mme Bachelet dénonce à nouveau une large «impunité» pour le moment dans les violences dont sont victimes les populations noires. Des réformes pour restreindre le recours à la force et interdire le profilage racial sont également recommandées.

Autre demande, des mécanismes indépendants de plainte et de surveillance des violences policières doivent être établis. De même que des formats similaires pour accompagner les proches de victimes.

L'héritage de siècles de violations à l'égard des personnes d'ascendance africaine devrait lui faire l'objet de réparations. Celles-ci peuvent aller jusqu'à des «excuses formelles», dit le rapport qui relève qu'"aucun Etat» n'a vraiment oeuvré sur cette question. Des compensations financières seraient aussi «importantes», dit une responsable du Haut-Commissariat.

Plus largement, la participation de ces minorités dans les institutions doit être garantie. Les manifestants pacifiques et les libertés fondamentales doivent être protégés. Toute violation doit faire l'objet d'une investigation indépendante, dit l'ONU.