RDC Des dizaines d'ONG demandent une investigation internationale

sn, ats

6.2.2025 - 10:03

Plus de 70 ONG internationales et nationales demandent une investigation internationale sur les exactions dans l'Est de la RDC. Ce scénario figure dans un projet de résolution qui doit être discuté vendredi par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.

Les rebelles du M23 ont pris récemment la ville de Goma où des exactions ont été observées (archives).
Les rebelles du M23 ont pris récemment la ville de Goma où des exactions ont été observées (archives).
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Keystone-SDA, sn, ats

Dans une lettre datée de mardi aux 47 Etats membres de cet organe et relayée jeudi, les ONG, dont Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International (AI), exigent de ceux-ci qu'ils «soutiennent les efforts pour poursuivre les responsables». Elles souhaitent que l'investigation porte sur toutes les parties depuis la résurgence des rebelles du M23 en 2021.

Ce groupe soutenu par le Rwanda a pris la semaine dernière Goma, ville de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), et a continué à avancer. Mercredi, l'ONU avait parlé de plus de 2900 victimes. Elle appelle à garantir une assistance humanitaire, alors que l'accès à Goma reste difficile. Des centaines de milliers de personnes ont fui et la population doit faire face au manque d'approvisionnement en nourriture et en eau.

Selon le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, des indications de dizaines de viols et autres cas de violences sexuelles ont été reçues. Les sites de plusieurs ONG internationales avaient été pillés en marge de ces violences. Des exécutions et du travail forcé ont également été observés.

Dans leur lettre, les ONG dénoncent à la fois les abus perpétrés par le M23 et l'armée rwandaise, mais aussi ceux attribuables à l'armée congolaise. Une situation dans la région que les civils subissent plus largement depuis des années. «L'impunité pour de précédents abus a constitué un moteur très important des graves violations durant le conflit actuel», ajoutent les organisations.

«Important message»

Le projet de résolution qui sera discuté vendredi au Conseil des droits de l'homme condamne les violations du droit international. Il prévoit une mission d'établissement des faits sur les exactions depuis janvier 2022 qui rendrait un rapport dans environ six mois.

Ses membres, choisis par le Haut commissaire aux droits de l'homme qui a lui-même réclamé la semaine dernière une investigation internationale, devraient identifier les responsables et rassembler des preuves pour de futures poursuites.

Selon les ONG, ce mécanisme indépendant «enverrait un important message» aux différents commandants militaires pour que leurs troupes cessent de violer les droits humains et le droit international humanitaire (DIH). Il devrait aussi collaborer avec la Cour pénale internationale (CPI) qui mène une investigation sur les violences au Nord-Kivu.

Le projet de résolution dénonce aussi les meurtres, les arrestations et les représailles contre les défenseurs des droits humains ou encore les travailleurs humanitaires. Un collaborateur de Médecins Sans Frontières (MSF) a notamment été blessé par balle lors d'un pillage chez lui. Le projet de texte, porté par la RDC, demande au M23 de se retirer des territoires qu'il a pris ces dernières semaines et à l'armée rwandaise d'arrêter de soutenir celui-ci.