Brésil Réforme des retraites approuvée au Brésil

ATS

23.10.2019 - 02:11

«Félicitations, peuple brésilien! Cette victoire, qui met le pays sur la voie du décollage, «est celle de vous tous!«, s'est réjoui le chef de l'Etat brésilien Jair Bolsonaro sur Twitter (archives).
«Félicitations, peuple brésilien! Cette victoire, qui met le pays sur la voie du décollage, «est celle de vous tous!«, s'est réjoui le chef de l'Etat brésilien Jair Bolsonaro sur Twitter (archives).
Source: KEYSTONE/EPA EFE/JOEDSON ALVES

La réforme du système des retraites du Brésil, texte phare du projet économique du président Jair Bolsonaro, a été adoptée définitivement mardi, après avoir été approuvée à une large majorité au Sénat. Le gouvernement l'a intensément négociée pendant huit mois.

«Félicitations, peuple brésilien! Cette victoire, qui met le pays sur la voie du décollage, «est celle de vous tous!«, s'est réjoui le chef de l'Etat sur Twitter. Le texte a été approuvé à 60 voix contre 19, une marge confortable par rapport au minimum requis (49 voix, soit les trois cinquièmes des 81 sièges). Début août, la Chambre des députés l'avait également approuvé haut la main, avec 370 voix contre 124.

«Le Parlement a montré aujourd'hui sa maturité politique, son engagement en faveur des réformes pour notre pays», a affirmé le président du Sénat, Davi Acolumbre, avant de proclamer le résultat qui s'affichait sur les écrans de l'hémicycle.

Pierre angulaire

Il s'agit d'une bouffée d'air frais pour un gouvernement miné par les tensions internes au sein du parti du président Bolsonaro, le PSL, avec une sombre affaire de candidatures fictives en toile de fond. Cette réforme est jugée cruciale par les marchés pour assainir les finances publiques.

Elle est considérée comme la pierre angulaire d'un vaste plan d'austérité visant à attirer de nouveaux investisseurs pour relancer une économie moribonde. Le ministre de l'Economie, l'ultra-libéral Paulo Guedes, a également l'intention de privatiser de nombreuses entreprises publiques et d'engager une réforme fiscale.

Avec la réforme des retraites, le gouvernement table sur une économie d'environ 800 milliards de réais (environ 194 milliards de francs) sur dix ans. Le projet initial prévoyait des économies de 1200 milliards de réais, mais ce montant a été réduit au gré des modifications apportées au cours des discussions, au Sénat comme à la Chambre des députés.

Age minimum prévu

La réforme prévoit de fixer l'âge minimum de départ à la retraite à 65 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes, moyennant une période de cotisation de 40 ans pour une retraite à taux plein pour les hommes, 35 ans pour les femmes.

L'ancien système faisait du Brésil l'un des rares pays qui n'exigent pas d'âge minimum, permettant aux femmes qui ont cotisé pendant 30 ans et aux hommes pendant 35 ans de toucher leur pension.

Quelques heures avant le vote des sénateurs, le sentiment que l'approbation de la réforme était imminent avait été accueilli avec euphorie à la Bourse de Sao Paulo. L'indice Ibovespa a franchi mardi la barre symbolique des 107'000 points pour clôturer à 107'381, sur une hausse de 1,28%. Depuis le début de l'année, l'indice Ibovespa a pris 22,18%.

«Jour lamentable»

Mais cette réforme est loin de faire l'unanimité au Brésil, la gauche considérant qu'il aura pour effet de creuser les inégalités. Plusieurs grands mouvements de grève ont secoué le pays ces derniers mois. «C'est un jour lamentable pour le peuple brésilien qui jour après jour voit ses droits bafoués par un gouvernement d'extrême droite allié des marchés», a déploré le parti de gauche PSOL sur Twitter.

«La réforme des retraites, telle qu'elle a été approuvée, va augmenter les contributions de travailleurs, diminuant par conséquent leurs revenus à long terme», explique à l'AFP l'économiste Felipe Queiroz, consultant indépendant.

«Au final, cette réforme peut creuser les inégalités, dans la mesure où les personnes aux plus hauts revenus ne dépendent pas de système des retraites parce qu'ils ont pour la plupart souscrit à des plans de retraite complémentaires privés», conclut-il.

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