Guerre à Gaza Reprise des négociations pour une trêve entre Israël et le Hamas

ATS

3.3.2024 - 10:33

Les négociations ont repris dimanche au Caire en vue d'obtenir une trêve entre Israël et le Hamas pendant le ramadan à Gaza, où les bombardements israéliens meurtriers se poursuivent dans le territoire palestinien menacé de famine selon l'ONU.

Gaza  bénéficiera-t-il d'un répit? (archives)
Gaza bénéficiera-t-il d'un répit? (archives)
ATS

Selon un média progouvernemental égyptien, des représentants du Qatar et des Etats-Unis sont arrivés dans la capitale égyptienne. Là, des envoyés du Hamas doivent leur «donner une réponse à la proposition élaborée à Paris» fin janvier, a indiqué une source proche du mouvement islamiste.

Cette proposition des pays médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte – porte sur une pause de six semaines des combats et la libération de 42 otages contre celle de Palestiniens emprisonnés par Israël.

L'objectif est de parvenir à une trêve avant le début du mois du jeûne musulman, qui commencera les 10 ou 11 mars cette année.

«Les Israéliens ont accepté en principe les éléments de l'accord», a assuré samedi un haut responsable américain à Washington alors qu'Israël n'a pas confirmé ces informations.

Une trêve pourrait être signée d'ici «24-48 heures» si Israël «accepte les demandes du Hamas, qui incluent le retour dans le nord de Gaza des Palestiniens déplacés et une augmentation de l'aide humanitaire», a dit dimanche à l'AFP un haut responsable du Hamas, sous couvert d'anonymat.

Le mouvement palestinien réclame en outre un cessez-le-feu permanent et un retrait israélien contre la libération des otages détenus à Gaza.

Famine «quasiment inévitable»

Sur le terrain, plusieurs frappes aériennes ont ciblé dans la nuit les villes de Khan Younès et Rafah, dans le sud, selon un correspondant de l'AFP à Gaza.

Le gouvernement du Hamas a également indiqué que des tirs nourris d'artillerie avaient visé Jabaliya, Beit Hanoun, Zeitoun et Tal al-Hawa, dans le nord.

En près de cinq mois, les opérations militaires israéliennes déclenchées en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre ont fait 30.410 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, a indiqué dimanche le ministère de la Santé. Il a fait état de 90 morts en 24 heures, dont 14 membres d'une même famille dans une frappe à Rafah.

Le conflit a aussi provoqué une catastrophe humanitaire et la famine est «quasiment inévitable» pour 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population de Gaza, d'après Jens Laerke, porte-parole de l'Ocha, l'agence de coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Le ministère de la Santé a fait état de 16 enfants morts de «malnutrition et de déshydratation» ces derniers jours.

- 66 «colis» -

Face aux difficultés d'acheminer l'aide humanitaire par la route dans le territoire bouclé par Israël, les Etats-Unis ont mené samedi un premier parachutage de 66 «colis» contenant plus de 38.000 repas, dans une opération conjointe avec la Jordanie, selon un responsable militaire américain.

La guerre a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre dans le sud d'Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.

Cette attaque a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et, selon Israël, 130 otages sont encore retenus dans la bande de Gaza, dont 31 seraient morts. Une trêve fin novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 détenus palestiniens.

Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé le lancement prochain d'une opération d'envergure sur Rafah, pour vaincre le mouvement islamiste dans son «dernier bastion».

Cette perspective inquiète la communauté internationale car la ville abrite près de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Accusations «sans fondement»

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé samedi sa «grave préoccupation» face à l'insécurité alimentaire à Gaza et appelé à la livraison sans entraves d'une aide humanitaire «à grande échelle».

Les cargaisons par voie terrestre, soumises au feu vert d'Israël qui impose un blocus à Gaza depuis 2007, n'arrivent qu'en quantité très limitée, principalement via Rafah, depuis l'Egypte.

Leur acheminement, notamment dans le nord du territoire, est périlleux en raison des combats, des bombardements israéliens, des décombres bloquant des routes et parfois de pillages.

Une distribution d'aide dans la ville de Gaza a tourné au drame jeudi quand plusieurs centaines de personnes se sont ruées sur des camions d'aide humanitaire.

Le Hamas affirme que l'armée israélienne a ouvert le feu sur la foule affamée. Israël a évoqué des «tirs limités» de soldats qui se sentaient «menacés» mais assure que la majorité des victimes ont été tuées dans une bousculade et d'autres écrasées par les camions.

Le drame a fait 118 morts et 760 blessés, selon le Hamas et la communauté internationale a réclamé une enquête.

Une équipe de l'ONU a dit avoir constaté «un grand nombre» de blessures par balles dans un hôpital de la ville où avaient été admis de nombreuses victimes.

«Dire que nous avons attaqué le convoi et délibérément atteint des gens est sans fondement», a affirmé samedi le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari.

- Faciliter l'entrée de l'aide -

Les largages d'aide ou d'éventuelles livraisons par voie maritime, une autre option étudiée par les Etats-Unis, «ne peuvent pas se substituer à la nécessaire entrée de l'aide par autant de voies terrestres que possible», a insisté un haut responsable américain.

Washington va «insister auprès d'Israël pour qu'il facilite l'entrée de davantage de camions», a affirmé Joe Biden.

«Nous avons reçu deux sacs de farine de l'aide arrivée le jour du massacre à Gaza jeudi», témoigne Hicham Abou Eïd, un habitant de 28 ans du quartier de Zeitoun: «Cela ne suffit pas. Tout le monde a faim. L'aide est rare et insuffisante».