Crash à Téhéran Rohani veut une meilleure gouvernance

ATS

15.1.2020 - 20:22

Hassan Rohani a appelé à la réconciliation nationale après le crash de l'avion ukrainien (archives).
Hassan Rohani a appelé à la réconciliation nationale après le crash de l'avion ukrainien (archives).
Source: KEYSTONE/EPA IRAN PRESIDENTIAL OFFICE/IRAN PRESIDENTIAL OFFICE

Le président iranien Hassan Rohani a plaidé mercredi pour une meilleure gouvernance en Iran. Il reconnait ainsi implicitement que la catastrophe de l'avion ukrainien abattu à Téhéran a provoqué une crise de confiance envers les autorités.

Dans un pays où les valeurs fondamentales de la République islamique doivent s'imposer à tous, M. Rohani a lancé un appel à davantage de pluralisme et de transparence. Il a aussi érigé le peuple en «maître», au service duquel doivent se placer les autorités.

Le président a tenu ces propos après l'émotion causée en Iran par la mort de 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, dans la catastrophe du Boeing 737 d'Ukraine International Airlines (UIA). Le drame est survenu dans un environnement de tensions extrêmes entre la République islamique et les Etats-Unis.

Animosité grandissante

L'animosité entre les deux pays va grandissant depuis que le président américain Donald Trump a dénoncé unilatéralement en 2018 l'accord international sur le nucléaire iranien (2015) – qui avait permis un retour de l'Iran dans la communauté des nations -, avant de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran.

Elle a atteint un nouveau pic avec l'élimination le 3 janvier à Bagdad, du général Qassem Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, tué par une frappe de drone américain. En représailles, l'Iran a lancé le 8 janvier des missiles contre des cibles militaires américaines en Irak, faisant d'importants dégâts matériels mais sans causer de mort dans les rangs de l'armée américaine, selon Washington.

Quelques heures plus tard, le vol PS752 d'UIA s'écrasait. Mais il faudra trois jours avant que les forces armées iraniennes reconnaissent avoir abattu l'avion, «par erreur». Avant cela, le gouvernement – qui dit n'avoir été informé que vendredi après-midi des vraies raisons du drame – avait catégoriquement démenti que l'avion ait pu être abattu par un missile.

«Réconciliation nationale»

Les évènements «tragiques» survenus depuis début janvier doivent aboutir «à une décision majeure», a dit M. Rohani en conseil des ministres: «la réconciliation nationale.»

En 2017, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, avait catégoriquement rejeté un appel à la «réconciliation nationale». Lancé par des personnalités réformatrices, cet appel avait été présenté comme une façon de panser les plaies laissées par la grave crise post-électorale de 2009 et demandait davantage de pluralisme.

Sans faire de lien avec la situation actuelle du pays, l'agence officielle Irna a annoncé mercredi que M. Khamenei délivrerait vendredi le sermon lors de la grande prière hebdomadaire musulmane à Téhéran. La dernière fois que le guide suprême s'est acquitté de cette tâche remonte à février 2012.

Plaidoirie pour plus de diversité

Pour M. Rohani, un modéré élu avec le soutien des réformateurs, les élections législatives du 21 février «doivent être la première étape» de la «réconciliation» qu'il appelle de ses voeux.

«Le peuple veut de la diversité (...) Permettez à tous les partis et groupes de se présenter aux urnes», a-t-il dit, dans une adresse implicite au Conseil des Gardiens, organisme chargé du contrôle de ces élections, et régulièrement accusé par les réformateurs d'outrepasser ses fonctions dans la sélection des candidats.

Le drame du Boeing d'UIA, à bord duquel se trouvaient de nombreux étudiants, a provoqué indignation et colère en Iran, notamment au sein de la jeunesse universitaire. Les médias iraniens ont reconnu ce malaise en rendant compte de manière très inhabituelle des slogans hostiles aux autorités scandés dans les manifestations étudiantes qui ont eu lieu chaque jour à Téhéran entre samedi et mardi.

Mercredi, une ONG de défense des droits humains a affirmé que de nombreuses personnes avaient été blessées les 11 et 12 janvier par un usage «illégal de la force» contre des «rassemblements pacifiques» à travers l'Iran.

«Les gens veulent (être traités) avec sincérité, intégrité et confiance», a dit M. Rohani, plaidant aussi pour «l'unité nationale» alors que la contestation semble retomber. Dans son discours, M. Rohani a exhorté «l'état-major et les forces armées» à expliquer ce qui s'était passé entre l'accident et le moment où sa vraie cause a été annoncée, et à présenter «des excuses» s'il s'avère qu'il y a eu un retard dans la transmission de l'information.

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