Présidentielle américaine Russie et Iran dénoncent les accusations

ATS

22.10.2020 - 14:18

Le directeur du renseignement américain, John Ratcliffe, a accusé Téhéran de vouloir influencer la présidentielle américaine (archive)
Le directeur du renseignement américain, John Ratcliffe, a accusé Téhéran de vouloir influencer la présidentielle américaine (archive)
Source: KEYSTONE/AP/Andrew Harnik

Moscou et Téhéran ont dénoncé jeudi les accusations «infondées» de Washington. La Russie et l'Iran sont accusés par les Etats-Unis d'avoir mis la main sur les données d'électeurs américains pour les influencer à l'approche de la présidentielle du 3 novembre.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts des Etats-Unis en République islamique. Les autorités américaines «ont fait une allégation infondée à l'approche de l'élection, afin de justifier le scénario antidémocratique qu'elles ont déjà préparé», a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saeed Khatibzadeh.

Le directeur du renseignement américain, John Ratcliffe, a accusé mercredi soir l'Iran d'avoir envoyé des courriels «visant à intimider les électeurs, à inciter aux troubles sociaux et à nuire au président Trump», lors d'une conférence de presse annoncée à la dernière minute. Il a également affirmé que l'Iran, bête noire de Donald Trump, avait diffusé une vidéo laissant entendre que des gens pouvaient envoyer des bulletins de vote frauduleux, y compris de l'étranger.

Pour le porte-parole iranien, il s'agit là d'«inventions» et d'accusations «maladroites». Il a répété que l'Iran n'avait aucune préférence pour un quelconque candidat à la présidentielle américaine.

«Il n'est pas exclu que les artisans de tels scénarios enfantins soient en train de chercher à distraire l'opinion publique et à causer des provocations suspectes à l'approche du scrutin», a-t-il ajouté. M. Khatibzadeh a appelé Washington à «cesser ses blâmes inutiles, ses accusations et ses inventions de scénarios suspects, et à commencer à agir comme un pays normal.»

A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit jeudi «regretter» les déclarations du renseignement américain. «Des accusations tombent tous les jours, elles sont tout à fait infondées», a-t-il déclaré à la presse.

Influencer l'opinion publique

John Ratcliffe a affirmé que Moscou et Téhéran avaient «entrepris des actions spécifiques pour influencer l'opinion publique en lien avec notre élection (...) Nous avons pu confirmer que des informations sur les listes électorales avaient été obtenues par l'Iran et, séparément, par la Russie», a-t-il ajouté.

«Ces données peuvent être utilisées par des acteurs étrangers pour tenter de donner de fausses informations à des électeurs inscrits sur les listes, dont ils espèrent qu'elles sèmeront la confusion et le chaos et saperont la confiance dans la démocratie américaine», a-t-il encore dit.

Cette annonce a été faite après que des électeurs démocrates ont indiqué avoir reçu des courriels menaçants qui leur étaient personnellement adressés, au nom des «Proud Boys», un groupuscule américain d'extrême droite. Les messages leur intimaient l'ordre de voter pour Donald Trump.

M. Ratcliffe et le directeur du FBI Christopher Wray, qui se tenait à ses côtés, n'ont pas expliqué comment la Russie et l'Iran avaient mis la main sur ces données, et n'ont pas précisé comment Moscou pourrait s'en être servi.

Selon les agences de renseignement américaines, la Russie a interféré dans l'élection américaine de 2016, au profit de Donald Trump, dont l'équipe de campagne a été accusée de collusion avec Moscou. M. Trump, qui a par le passé semblé mettre en doute la véracité d'une telle ingérence, a été accusé à plusieurs reprises au cours des quatre dernières années de manquer de fermeté face à la Russie de Vladimir Poutine, jusque dans son propre camp républicain.

Réactions à l'ONU

L'ambassadeur d'Iran aux Nations unies, Alireza Miryousefi, a lui dénoncé les allégations américaines comme étant un «nouveau scénario destiné à ébranler la confiance des électeurs» aux Etats-Unis. Sur Twitter, il a appelé Washington à «cesser de porter des accusations malveillantes et dangereuses contre l'Iran», soulignant que le monde a bien vu «les tentatives publiques désespérées des Etats-Unis de remettre en cause le résultat de leurs propres élections au plus haut niveau».

Les relations entre les deux ennemis jurés se sont encore tendues depuis le retrait unilatéral en 2018 de Washington de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne et le rétablissement de lourdes sanctions qui ont plongé l'Iran dans une récession aux conséquences sociales dramatiques, dont le pays n'est toujours pas sorti.

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