Espagne Sanchez perd le premier vote de confiance

ATS

23.7.2019 - 15:27

Pedro Sanchez n'a obtenu que 124 «oui» alors qu'il lui en fallait 176 pour être reconduit au premier tour.
Pedro Sanchez n'a obtenu que 124 «oui» alors qu'il lui en fallait 176 pour être reconduit au premier tour.
Source: KEYSTONE/AP/MANU FERNANDEZ

Les députés espagnols ont refusé mardi de reconduire le chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez. Celui-ci a dorénavant deux jours pour obtenir le soutien de la gauche radicale dans de difficiles tractations.

Pedro Sanchez a largement perdu le premier vote, n'obtenant que 124 «oui» à sa réélection, ceux de son groupe et d'un député régionaliste, alors qu'il lui fallait une majorité absolue de 176 voix.

170 députés ont voté contre lui et 52 se sont abstenus, dont ceux de la formation de gauche radicale Unidas Podemos avec laquelle les socialistes sont engagés depuis vendredi dans d'âpres négociations.

Ils ont jusqu'à jeudi à la mi-journée, date du second tour où il suffit d'une majorité simple, pour parvenir à un accord sur un gouvernement de coalition. Le groupe Unidas Podemos changerait alors son abstention en «oui», débloquant l'investiture.

Première coalition?

Et l'Espagne irait vers son premier gouvernement de coalition de gauche depuis 1936, quand a éclaté la guerre civile. Mais le chemin vers la reconduction est semé d'embûches tant les rapports entre Pedro Sanchez et le chef d'Unidas Podemos, Pablo Iglesias, sont tendus.

«La reconduction de Sanchez cette semaine est loin d'être évidente», écrit Antonio Barroso, du cabinet Teneo Intelligence, dans une note parue lundi soir. «Les socialistes vont continuer à se montrer intraitables, ce qui pourrait faire s'écrouler les négociations», prédit-il.

Reproches et menaces

Pedro Sanchez a lui-même reconnu qu'il courait le risque de ne pas obtenir la confiance de la chambre. Car lundi, les échanges avec Pablo Iglesias, qui a accepté comme l'exigeait le socialiste de renoncer à entrer au gouvernement, ont tourné à l'échange de reproches et de menaces.

Pablo Iglesias a même conclu son intervention en avertissant que sans accord de coalition, Pedro Sanchez ne serait «jamais président» du gouvernement. «Ce qu'ils nous proposent dans ces négociations est un simple rôle de figuration au gouvernement», a déclaré mardi à la radio l'élue d'Unidas Podemos Ione Belarra.

La gauche radicale accuse les socialistes de lui avoir refusé tous les ministères régaliens et d'autres portefeuilles comme le Travail, les Finances, la Transition écologique ou l'Egalité.

«Si nous mettons de côté les différences et les dénigrements (...) peut-être pourrons-nous arriver à un accord», leur a répondu mardi Pedro Sanchez, mettant en avant les nombreuses propositions marquées à gauche qu'il a égrenées dans son discours de politique générale.

S'ils échouent à trouver un accord, Pedro Sanchez aurait deux mois pour retenter sa chance, faute de quoi de nouvelles législatives, les quatrièmes en quatre ans, auraient lieu le 10 novembre.

Question catalane

La brûlante question catalane est également venue s'ajouter mardi au casse-tête de Pedro Sanchez.

L'indépendantiste catalan Gabriel Rufian, dont le groupe doit au moins s'abstenir pour permettre à Pedro Sanchez d'être reconduit, a accusé d'emblée les socialistes de «jouer au poker avec l'espoir» des électeurs. Au premier tour, les 14 députés présents de son groupe ont voté «non».

«Ne tenez pas pour acquise notre abstention. (...) Vous avez 48 heures maximum pour vous mettre d'accord» avec la gauche radicale, l'a-t-il prévenu, lui reprochant d'avoir à peine mentionné, dans son discours de politique générale, la Catalogne.

Pedro Sanchez, fermement opposé à la principale revendication des séparatistes d'un référendum d'autodétermination, n'a pas bougé d'un iota, deux ans après que ces derniers ont tenté de faire sécession de l'Espagne.

«Si le message que fait passer l'indépendantisme est que vous recommenceriez, (...) l'Espagne défendra l'unité territoriale», lui a répondu le socialiste. L'autonomie de la Catalogne avait été suspendue, son gouvernement démis et son parlement régional dissous dès que les séparatistes avaient proclamé l'indépendance en octobre 2017.

Retour à la page d'accueil