Turquie Scrutin difficile pour Erdogan en Turquie

ATS

31.3.2019 - 22:23

«Nous avons gagné des mairies et nous en avons perdu d'autres», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours dans la soirée à Istanbul.
«Nous avons gagné des mairies et nous en avons perdu d'autres», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours dans la soirée à Istanbul.
Source: KEYSTONE/EPA/SEDAT SUNA

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que son parti AKP avait remporté les élections municipales de dimanche. La formation islamo-conservatrice était pourtant distancée à Ankara et menait d'une très courte tête à Istanbul, selon des résultats partiels.

«Les résultats montrent que nous sommes à nouveau sortis de ces élections avec une large avance», a déclaré M. Erdogan tard dimanche soir. Selon les médias, après le décompte de 90% des bulletins de vote, l'AKP obtenait environ 45% des voix, un score similaire au précédent scrutin de 2014, même si des revers se dessinaient.

D'après l'agence de presse étatique Anadolu, le candidat commun des partis d'opposition CHP (social-démocrate) et Iyi (droite), Mansur Yavas, faisait la course en tête à Ankara avec 50,35% des voix contre 47,43 pour le candidat de l'AKP, après dépouillement de 88% des urnes.

Une défaite dans la capitale représenterait un revers inédit pour M. Erdogan qui a remporté toutes les élections depuis l'arrivée au pouvoir de son parti, l'AKP, en 2002. Ankara et Istanbul sont contrôlées depuis 25 ans par le parti de M. Erdogan et des formations islamistes qui l'ont précédé.

Coude à coude à Istanbul

A Istanbul, coeur économique et démographique du pays où le président a dépêché comme candidat l'ex-Premier ministre Binali Yildirim, les résultats partiels indiquaient que la course se jouerait sur le fil du rasoir. Après dépouillement de 97% des urnes, M. Yildirim était en tête avec 48,88% des voix, contre 48,50% pour son principal opposant Ekrem Imamoglu, selon Anadolu.

Mais son opposant, Ekrem Imamoglu, a contesté dans la soirée les chiffres d'Anadolu. Il a affirmé qu'il menait la course avec 53% des voix après dépouillement de 26% des urnes.

Le CHP arrivait également en tête à Izmir (ouest) ou Antalya (sud), selon Anadolu. «Nous avons gagné des mairies et nous en avons perdu d'autres (...) Là où nous avons perdu, il va falloir accepter que nous n'avons pas été à la hauteur et accorder nos actions en conséquence», a déclaré M. Erdogan, sans revendiquer de victoire ou concéder de défaite dans des villes spécifiques.

«Mythe d'invincibilité»

Rappelant qu'aucune autre élection était prévue avant 2023, M. Erdogan a déclaré que la période qui s'ouvrait serait consacrée aux «réformes économiques» et au combat contre le «terrorisme».

M. Erdogan n'aura pas ménagé sa peine pour tenter de convaincre les électeurs de voter pour son parti, tenant 102 meetings en 50 jours. S'il a autant mouillé la chemise, c'est parce qu'une défaite «torpillerait le mythe d'invincibilité» dont il jouit, explique Emre Erdogan, professeur à l'université Bilgi d'Istanbul.

Mais pour beaucoup d'électeurs, le sujet de préoccupation numéro un était l'économie, alors que l'inflation d'environ 20% a durement frappé les Turcs au porte-monnaie.

Plutôt que de s'attarder sur les difficultés économiques, qu'il impute à une «opération de l'Occident», M. Erdogan a surtout fait campagne sur le terrain sécuritaire, décrivant un pays cerné par la menace terroriste et les puissances hostiles.

Pays sous tension

Deux coalitions se sont affrontées aux municipales: d'un côté, l'AKP de M. Erdogan et ses alliés ultranationalistes du MHP. De l'autre, les sociaux-démocrates du CHP et le parti de droite Iyi. Ceux-ci sont soutenus par les prokurdes du HDP qui n'ont pas présenté de candidat à Istanbul et Ankara pour éviter une dispersion des voix.

La campagne pour ce scrutin, le huitième d'un épuisant cycle électoral entamé en 2014, a une nouvelle fois polarisé le pays. M. Erdogan s'est attiré les critiques de l'opposition en accusant quotidiennement ses adversaires d'être de mèche avec «les terroristes».

Des rixes ont éclaté dans plusieurs bureaux de vote à travers le pays. Deux personnes ont notamment été tuées par balles à Malatya (est), selon les autorités, ajoutant que quatre personnes avaient été arrêtées.

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