Syrie Sévère mise en garde de la Turquie à Damas

ATS

11.2.2020 - 19:28

Mardi matin, un hélicoptère de l'armée syrienne a été abattu au sud-est de la ville d'Idleb par un tir de roquettes des forces turques, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara a évoqué un «crash», sans en revendiquer la responsabilité (archives).
Mardi matin, un hélicoptère de l'armée syrienne a été abattu au sud-est de la ville d'Idleb par un tir de roquettes des forces turques, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara a évoqué un «crash», sans en revendiquer la responsabilité (archives).
Source: KEYSTONE/AP/Ghaith Alsayed

Ankara a adressé mardi une sévère mise en garde à Damas après la mort de cinq de ses soldats dans le nord-ouest de la Syrie. Deux pilotes du régime ont été tués dans le crash de leur hélicoptère après un tir attribué aux forces turques.

Les menaces de la Turquie, qui soutient des groupes rebelles et dispose de positions militaires dans cette région, interviennent alors que les forces syriennes loyalistes ont poursuivi leur progression, reprenant le contrôle du dernier tronçon de l'autoroute M5, un axe-clé reliant Damas à Alep.

Dans ce contexte de vive tension, marqué par une crise humanitaire majeure selon l'ONU, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est montré intransigeant mardi. Il a assuré que le régime syrien paierait «très cher» toute nouvelle attaque contre les forces d'Ankara.

«Missile hostile»

Dans la matinée, un hélicoptère de l'armée syrienne a été abattu par un tir de roquettes des forces turques au sud-est de la ville d'Idleb, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon lui, les deux pilotes sont morts. Ankara a évoqué un «crash», sans en revendiquer la responsabilité.

L'agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a indiqué que l'appareil «a été visé par un missile hostile (...), entraînant la chute de l'appareil et la mort de son équipage».

Les forces du régime ont par la suite bombardé des zones près d'un poste d'observation turc dans le même village, ont indiqué l'OSDH et un journaliste de l'AFP. Au moins trois personnes ont péri dans ces bombardements, d'après l'OSDH, qui n'était pas en mesure de préciser dans l'immédiat s'il s'agissait de soldats turcs ou de combattants rebelles alliés.

Exode

Sur le plan humanitaire, près de 700'000 personnes ont fui l'offensive militaire lancée en décembre par le régime et son allié russe dans la région d'Idleb. «C'est, selon notre analyse, le plus grand nombre de personnes déplacées sur une même période depuis le début de la crise en Syrie il y a bientôt neuf ans», a dit le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha).

La Turquie, qui dispose de douze postes d'observation dans le nord-ouest syrien, y avait envoyé des renforts ces derniers jours. L'armée syrienne a réaffirmé mardi sa disposition «à répondre aux agressions de l'armée turque».

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a apporté mardi un franc soutien à Ankara. «Les agressions en cours par le régime d'Assad et la Russie doivent cesser», a-t-il tweeté. Il a annoncé dépêcher en Turquie l'envoyé spécial américain pour la Syrie James Jeffrey «pour coordonner les mesures de réponse».

Pour éviter une plus grande escalade, Ankara multiplie les contacts avec Moscou, principal allié du régime de Damas avec qui il avait conclu un accord pour une «zone démilitarisée» sous contrôle russo-turc dans cette région, resté lettre morte.

«Camps bondés»

Depuis le début de l'opération du régime et de son allié russe début décembre, plus de 350 civils ont été tués, d'après l'OSDH. Et la population continue de subir un lourd tribut: au moins douze civils, dont six enfants, ont encore péri mardi dans des raids aériens syriens sur la ville d'Idleb, selon cette source.

Face à l'ampleur de l'exode des civils, l'Ocha a fait état d'une «énorme opération humanitaire» avec l'envoi, pour le seul mois de février, de plus de 230 camions chargés d'aides, d'eau et de produits alimentaires via deux points de passage à la frontière turque à destination de 400'000 personnes.

La plupart des civils fuient vers le nord d'Idleb, près de la Turquie, mais ils ne peuvent franchir la frontière fermée par Ankara qui craint un nouvel afflux de réfugiés. Ils sont ainsi contraints de camper où ils peuvent dans des conditions très difficiles, aggravées par le froid.

«Les camps actuels de déplacés (...) sont bondés. De nombreuses écoles et de mosquées sont pleines de familles de déplacés, et le fait même de trouver une place dans un bâtiment inachevé est devenu quasi impossible», a clamé mardi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

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