Guerre à Gaza Sidération après un bombardement israélien sur une école de l'Unrwa

ATS

6.6.2024 - 17:29

«La frappe a touché des civils, des pauvres gens qui n'ont rien à voir avec ce qui se passe», déclare Faisal Thari à l'AFP depuis une école de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). L'établissement a été visé par un bombardement israélien dans la nuit.

Keystone-SDA

Le jeune homme réfugié dans cette école transformée en abri de fortune pour de nombreux Palestiniens déplacés par la guerre contemple les dégâts dans la cour où des flaques de sang sont encore visibles.

L'hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, a annoncé jeudi un bilan de 37 morts dans cette frappe israélienne nocturne. Sur place, l'AFP a vu jeudi matin des dizaines de personnes pleurer au milieu de dépouilles.

Enfant mort dans une couverture de survie

Un enfant mort a été allongé dans une couverture de survie posée sur un brancard maculé de sang. Autour de lui, en silence, des adultes bouleversés. Quand la couverture se referme sur l'enfant, une femme tient encore la petite main qui sort des pans brillants de ce premier linceul.

Un correspondant de l'AFP a vu des personnes portant des vestes frappées du sigle de l'Unrwa venues inspecter les bâtiments.

Dans la cour, au milieu de décombres, de nombreux Palestiniens erraient, l'air accablé. Des jeunes aux poignets ou à la tête ceints de bandages blancs étaient accompagnés pour leurs déplacements, tandis qu'une petite fille, au milieu des attroupements, faisait tournoyer un ballon entre ses mains en regardant dans le vide.

Des femmes pleuraient, une autre criait, face aux salles de classe où dormaient encore la veille des dizaines de personnes, et dont le sol est désormais recouvert de morceaux de parpaing.

L'école abritait 6000 déplacés

Selon le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, cette école «abritait 6000 personnes déplacées lorsqu'elle a été touchée».

Ici ou là, derrière une table renversée ou un faitout en métal cabossé, on devine le dortoir improvisé: des couvertures ou des matelas de mousse, l'un d'entre eux couvert d'un drap-housse estampillé Batman.

«Pas d'avertissement préalable»

Devant des façades éventrées, Faisal Thari explique qu'aucun lieu n'est «sûr» et que l'armée israélienne «n'est pas censée frapper des bâtiments de l'Unrwa». «Qu'est-ce qu'on a fait pour se faire bombarder?», s'interroge-t-il.

L'armée israélienne a revendiqué cette attaque, qu'elle a qualifiée de «frappe précise sur une base du Hamas située à l'intérieur d'une école de l'Unrwa dans la région de Nousseirat» (centre) ayant permis d'éliminer «plusieurs terroristes».

De son côté, M. Lazzarini, a accusé sur X Israël d'avoir mené cette frappe «sans avertissement préalable», assurant que l'Unrwa avait partagé les coordonnées de cette école avec l'armée israélienne et les autres parties au conflit.

«Nous dormions, et à 02h00 du matin, nous avons vu le plafond, les murs et les fenêtres nous tomber dessus», raconte Salmane al-Maqdama à l'AFP, affirmant que l'école avait déjà été prise pour cible, et qu'il revenait de l'hôpital où il avait constaté la présence de «martyrs et de blessés».

Nombreux bâtiments de l'Unrwa visés

De très nombreux bâtiments de l'Unrwa ont été transformés en abris et l'agence affirme que la plupart de ses écoles accueillant des déplacés ont été touchées par les combats, certaines entièrement détruites.

«Plus de 180 structures de l'Unrwa ont été touchées et plus de 450 personnes déplacées tuées» depuis le début de la guerre à Gaza, détaille M. Lazzarini.

L'armée israélienne accuse les combattants palestiniens de se cacher dans ces bâtiments. Le Hamas a démenti ces accusations à plusieurs reprises.

«Où devons-nous aller?»

Un médecin de l'hôpital Al-Aqsa a déclaré que six personnes avaient été tuées et plusieurs blessées après une autre attaque israélienne nocturne sur une maison de Nousseirat.

«Nous demandons aux Nations unies de trouver une solution», exhorte Gamal Fnouna, un homme plus âgé qui vivait dans l'école. «Au bout de huit mois, où devons-nous aller?»