Keir Starmer perturbé«S’il pense que ça me dérange, c’est mal me connaître»
ATS
10.10.2023 - 16:50
Le chef de l'opposition britannique Keir Starmer a promis mardi une «décennie de renouveau national». Il s'est projeté vers une victoire du Labour lors des prochaines élections pour «guérir» le pays des «blessures» infligées par 13 ans de pouvoir conservateur.
10.10.2023, 16:50
10.10.2023, 16:59
ATS
A Liverpool, où les travaillistes sont réunis en congrès depuis dimanche, élus et militants se montrent confiants à l'approche les prochaines élections, attendues d'ici janvier 2025. Le Labour est donné largement en tête dans les intentions de vote.
L'arrivée de Keir Starmer à la tribune a été perturbée par l'irruption sur scène d'un manifestant, portant un T-shirt suggérant un lien avec un groupe militant pour une réforme du système électoral – qui a crié «la vraie démocratie est menée par les citoyens», et jeté des paillettes avant d'être expulsé manu militari.
«Nous avons changé»
«S'il pense que ça me dérange, c'est mal me connaître», a lancé le chef du parti travailliste, époussetant sa veste qu'il ne gardera pas pour son discours. «Protestation ou pouvoir, c'est pour cela que nous avons changé notre parti».
Dans son discours, Keir Starmer a appelé son camp à donner aux Britanniques «le gouvernement qu'ils méritent». «Tournons le dos au déclin sans fin des Tories, avec une décennie de renouveau national», a-t-il lancé.
Reculs du gouvernement
Le travailliste de 61 ans, que beaucoup considèrent déjà comme le futur Premier ministre, a fait valoir que «ce qui est cassé peut être réparé, ce qui est détruit peut être reconstruit». En contraste avec les reculs récents du chef du gouvernement Rishi Sunak sur certaines mesures environnementales, il a promis d'"accélérer» dans «notre mission climatique, et, en matière de logements, de bâtir des «villes nouvelles».
Durant leur congrès la semaine dernière, les conservateurs ont peiné à convaincre en leur capacité d'incarner le changement, minés par des divisions évidentes sur l'économie ou les sujets sociétaux.
Depuis des mois, le parti travailliste tente d'incarner une alternative crédible. Keir Starmer a recentré le parti, loin de l'époque où, dirigé par le très à gauche Jeremy Corbyn, le Labour avait connu une de ses pires défaites électorales en 2019.
«Guérir les blessures»
Le parti travailliste a «changé», et «n'est plus le parti de la contestation» mais un parti au «service» du pays, a lancé Keir Starmer, chaleureusement applaudi quand il a souligné que le Labour s'était débarrassé de l'antisémitisme en son sein «par la racine».
«Les gens se tournent vers nous parce qu'ils veulent que nos blessures guérissent et nous sommes les guérisseurs» et les «bâtisseurs» d'un nouveau Royaume-Uni, a insisté l'ancien avocat et magistrat qui a pris la tête du parti en 2020, promettant un «Etat réformateur».
Depuis dimanche, les responsables du Labour ont distillé quelques éléments de leur programme électoral à venir, comme des mesures visant à renforcer les droits des travailleurs et un plan de 1,5 milliard de livres sterling (1,66 milliard de francs) pour le service public de santé (NHS), en crise après des années d'austérité.
Les travaillistes prévoient aussi de mettre fin au projet du gouvernement conservateur, toujours bloqué par la justice, d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement.
Trop prudent?
Dans un pays miné par une grave crise du coût de la vie, avec une inflation parmi les plus élevées et une croissance parmi les plus faibles des économies développées, Keir Starmer cherchait ainsi à faire taire les critiques de ceux qui le jugent trop prudent.
«Il a une mission difficile, il a dû réformer le parti (...) il n'est pas aussi grandiloquent que les dirigeants précédents mais je pense qu'il est raisonnable (...) et qu'il est l'homme de la situation, et j'espère notre prochain Premier ministre», dit Henry Pearl, consultant et militant du parti de 27 ans venu de Londres.
«Le plus grand adversaire du parti travailliste pour la prochaine élection n'est plus le parti conservateur, c'est le cynisme. Les gens pensent que la situation est tellement critique qu'aucun de nous ne peut l'arranger», a prévenu Wes Streeting, poids lourd du parti en charge des questions de santé au sein du parti.