Soudan L'ONU dénonce l'«enfer et les conditions apocalyptiques» pour les civils

ATS

25.9.2024 - 22:57

Le secrétaire général de l'ONU a exprimé mercredi au chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, sa «profonde inquiétude» concernant «l'escalade» du conflit au Soudan. Les humanitaires dénoncent l'«enfer» vécu par les civils.

"Si les gens ne sont pas tués par des balles, ils meurent de faim. S'ils survivent, ils font face aux maladies ou aux inondations ou aux menaces de violences sexuelles et d'autres abus horribles, qui, s'ils se produisaient ailleurs, feraient la Une des médias", a déploré Filippo Grandi.
"Si les gens ne sont pas tués par des balles, ils meurent de faim. S'ils survivent, ils font face aux maladies ou aux inondations ou aux menaces de violences sexuelles et d'autres abus horribles, qui, s'ils se produisaient ailleurs, feraient la Une des médias", a déploré Filippo Grandi.
ATS

Keystone-SDA

Le chef de l'ONU Antonio Guterres, qui a rencontré mercredi le général al-Burhane en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, lui a «exprimé sa profonde inquiétude concernant l'escalade du conflit au Soudan, qui continue d'avoir un impact dévastateur sur les civils soudanais et menace de déborder dans la région», selon un communiqué de son porte-parole.

Les deux hommes ont également évoqué «le besoin d'un cessez-le-feu immédiat et durable» et d'un accès humanitaire «sans entrave». Sur place, «les conditions sont apocalyptiques», a déclaré le haut commissaire de l'ONU aux réfugiés Filippo Grandi.

«Les gens meurent de faim»

«Si les gens ne sont pas tués par des balles, ils meurent de faim. S'ils survivent, ils font face aux maladies ou aux inondations ou aux menaces de violences sexuelles et d'autres abus horribles, qui, s'ils se produisaient ailleurs, feraient la Une des médias. Ici, ce n'est pas le cas», a-t-il déploré.

Une guerre oppose depuis avril 2023 l'armée, dirigée par le général al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Dizaines de milliers de morts

Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, plus de 10 millions de déplacés et près de 26 millions de personnes – la moitié de la population – font face à une insécurité alimentaire sévère, selon l'ONU.

«Cette catastrophe humanitaire a été créée par les Hommes: par une guerre insensée qui a créé une violence épouvantable et par des entraves cruelles à la livraison de nourriture, d'eau et de médicaments à ceux qui en sont victimes», a déclaré lors d'une conférence sur le Soudan mercredi à l'ONU l'ambassadrice américaine.

Aide annoncée

Linda Thomas-Greenfield a annoncé une nouvelle enveloppe de 424 millions de dollars d'aide humanitaire pour les Soudanais dans le pays et ceux réfugiés dans les pays voisins.

«Les viols et la torture, le nettoyage ethnique, l'utilisation de la faim comme arme sont inadmissibles», a-t-elle lancé, appelant à ne «pas détourner les yeux».

Lors de cette conférence, agences de l'ONU et Etats membres ont appelé à des «mesures concrètes» notamment pour protéger les civils, et renforcer l'aide humanitaire largement insuffisante.

«La population du Soudan vient de vivre 17 mois d'enfer et les souffrances continuent», a dénoncé Joyce Msuya, cheffe par interim du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), qui a annoncé le déblocage de 25 millions de dollars du fonds d'urgence de l'ONU pour lutter contre la propagation de la famine dans le pays.

Les autorités soudanaises ont récemment permis l'ouverture du point de passage d'Adre, à la frontière avec le Tchad, pour permettre d'acheminement d'aide au Darfour, région particulièrement touchée par le conflit. Mais l'aide reste toujours largement insuffisante pour faire face aux besoins des populations.