Poste stratégiqueSprint final pour le «perchoir» de l'Assemblée française
ATS
17.7.2024 - 14:04
Au lendemain de la démission du gouvernement français, les regards se tournent mercredi vers les tractations pour obtenir le poste hautement stratégique de la présidence de l'Assemblée nationale, surnommé «le perchoir».
Keystone-SDA
17.07.2024, 14:04
17.07.2024, 14:24
ATS
Un enjeu aussi pour la gauche française, qui tente de relancer d'urgence ses négociations avec le camp du président Emmanuel Macron, qui pourrait opter pour une alliance avec la droite et le centre.
Aux dernières élections législatives, la chambre basse du Parlement français s'est divisée en trois gros blocs. Tous sont éloignés de la majorité absolue.
La coalition de partis de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) a décroché le plus grand nombre de sièges, suivie par le camp présidentiel de centre droit et le parti d'extrême droite Rassemblement national et ses alliés. Le résultat brouille le paysage parlementaire et encourage à la constitution d'alliances.
Les pourparlers donnent aussi le ton sur les chances futures de dégager une majorité dans cette Assemblée, et donc sur celles de voir un nouveau gouvernement français émerger.
La gauche se déchire
Arrivé en tête des législatives anticipées déclenchées par le président Macron, le NFP s'est accordé sur le principe d'une candidature commune, mais il n'a pas encore arrêté son choix.
Ces tractations à gauche se heurtent à l'échec des négociations sur le candidat commun au poste de Premier ministre. Depuis dix jours, les députés de La France insoumise (gauche radicale) et les élus socialistes s'opposent de plus en plus frontalement, suscitant l'ire de leurs partenaires.
La patronne des écologistes Marine Tondelier s'est dite «en colère» et «écoeurée» par cette guerre de leadership. Pour sortir de l'impasse, le groupe communiste aimerait lui trancher la question par un vote des députés de la coalition de gauche.
C'est presque l'heure de la dernière chance pour la gauche, qui craint de se faire doubler par le «bloc central» à l'Assemblée: de nombreux cadres du camp présidentiel lorgnent du côté de la droite pour construire une «coalition majoritaire» ou un «pacte législatif», une demande qui émane d'Emmanuel Macron.
Pacte d'action
Le Premier ministre Gabriel Attal, démissionnaire depuis mardi mais qui reste chargé des affaires courantes, a d'ailleurs promis de proposer prochainement «des rencontres» aux autres groupes politiques pour «avancer vers (un) pacte d'action» en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.
La réélection possible de la présidente sortante Yaël Braun-Pivet (camp Macron) au perchoir avec l'assentiment de la droite, pourrait ainsi prouver aux yeux du camp Macron qu'une majorité alternative à la gauche est possible.
Laurent Wauquiez, le leader du groupe parlementaire de la droite traditionnelle, refuse néanmoins toujours catégoriquement l'idée d'une coalition avec la majorité sortante, préférant plancher sur un «pacte législatif» autour de plusieurs mesures phares de la droite.
Tirer profit du blocage
Battu dans les urnes mais en nette progression avec 143 députés avec ses alliés, le Rassemblement national de Marine Le Pen compte bien tirer profit de ce blocage institutionnel qui fait tache à neuf jours de l'ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
La triple candidate à la présidentielle promet elle aussi de désigner dans les prochaines heures un candidat RN pour le perchoir. Elle a également réclamé que le RN et ses alliés soient représentés à la hauteur de leurs élus dans les instances dirigeantes de l'Assemblée alors que la gauche veut s'y opposer. «Une hypocrisie majeure», selon Mme Le Pen.
Les postes stratégiques de l'Assemblée, comme les vice-présidents, seront désignés vendredi, avant des élections samedi pour la tête des commissions parlementaires, en clôture d'une nouvelle semaine d'intenses tractations politiques