Pietro Parolin, favori ?Succession de François : un conclave express pour rassurer les fidèles
Barman Nicolas
28.4.2025
Le conclave s'annonce express. Dès le 7 mai, 135 cardinaux du monde entier se réuniront au Vatican pour désigner le successeur du pape François. Entre désir d'unité et besoin de stabilité, l'Église veut éviter à tout prix un long suspense qui pourrait raviver l'image d'une institution divisée. Le favori ? L'Italien Pietro Parolin, symbole d'une continuité... mais sans surprise.
Maîtres des horloges vaticanes depuis la mort du pape François, les cardinaux réunis à Rome ont fixé au 7 mai la date du début du conclave qui élira le successeur du pape François, a annoncé lundi le Vatican.
KEYSTONE
28.04.2025, 15:55
29.04.2025, 06:32
Barman Nicolas
John L. Allen Jr, rédacteur en chef du journal catholique en ligne Crux et auteur de nombreux ouvrages sur le Vatican, estime que les cardinaux, soucieux d'offrir l'image d'une Eglise unie, auront à coeur de ne pas faire durer les débats.
Qui semble être le favori jusqu'à présent ?
«Le favori est certainement le cardinal (italien, NDLR) Pietro Parolin. Il a été secrétaire d'Etat (numéro 2 du Saint-Siège, NDLR) pendant les 12 ans qu'a duré la papauté de François, il jouit donc de la plus grande visibilité et est probablement le mieux connu parmi les cardinaux. Il représente un vote dans le sens de la continuité après le pontificat de François, mais sans l'instinct de franc-tireur du pape François.»
«Il serait perçu comme un personnage plus conventionnel et prévisible, et je pense qu'il y a beaucoup de cardinaux pour qui la prévisibilité et l'absence de surprise est quelque chose qu'ils considèrent comme souhaitable.»
135 cardinaux peuvent voter : est-ce un nombre record ?
«Il s'agit du plus grand nombre de cardinaux participant à un conclave.»
«Les derniers papes ont souvent dépassé la limite des 120 cardinaux nommés, en pensant qu'au moment du conclave, un certain nombre d'entre eux auraient vieilli ou seraient décédés.»
«Il se trouve que le pape François vient de nommer une nouvelle cohorte de cardinaux. Le réservoir est donc plein.»
Interrogé sur les personnes trop malades pour se rendre à Rome, l'expert souligne : «Si vous n'êtes pas physiquement présent au conclave, vous ne votez pas. Il n'y a pas de vote par correspondance pour l'élection d'un pape.»
«Ces cardinaux ne se connaissent pas très bien. Cela pourrait être le signe d'un conclave prolongé, car il serait difficile d'obtenir un consensus entre des personnes qui n'ont pas une idée précise du point de vue de l'autre.»
«Mais le revers de la médaille, c'est qu'il pourrait aussi s'agir d'une prescription pour un conclave très court.»
«Un grand nombre de cardinaux qui se sentent perdus et à la dérive pourraient se contenter de suivre le chef, en se tournant vers des personnalités bien connues et bien établies qui sont là depuis longtemps et en se mettant entre leurs mains.»
«Le système comporte une incitation extraordinairement puissante à ne pas laisser les choses durer trop longtemps. Car la dernière chose que les cardinaux souhaitent, c'est donner au monde l'impression qu'ils sont divisés et que l'Église est à la dérive et en crise.»
Que chercheront les cardinaux ?
«Chaque conclave est en quelque sorte un référendum sur le pontificat qui vient de s'achever : voulons-nous le poursuivre et donc trouver quelqu'un qui s'inscrive dans la continuité du pape précédent, ou voulons-nous opérer un changement ?»
«En 2005, le vote a été massivement en faveur de la continuité. C'est ainsi que le pape Benoît XVI, qui avait été le bras droit de Jean-Paul II, a été élu en quatre tours de scrutin. Cette fois-ci, je pense qu'il est beaucoup moins évident de savoir laquelle de ces deux options va prévaloir. Je pense plutôt que nous aurons un mélange de continuité et de changement.»
Quelles seront les qualités nécessaires au nouveau pape ?
«Premièrement, il faut quelqu'un qui puisse être un évangéliste efficace, un missionnaire. On sent bien qu'il y a certaines parties du monde - en particulier l'Europe, mais plus largement l'Occident - où la foi est en difficulté, où la fréquentation des messes est en baisse, où les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse sont en baisse, où l'influence publique de la religion est en baisse d'une certaine manière. Il faut quelqu'un qui puisse inspirer une renaissance de la foi.»
Ensuite, «nous vivons une époque de grande incertitude et de changements géopolitiques. On assiste à la montée de gouvernements autoritaires dans diverses parties du monde, (et) à une énorme volatilité économique... Les anciennes alliances semblent se désagréger.»
En outre, «il y aura un désir pour quelqu'un qui a la capacité de faire naviguer le navire de l'État à travers les tempêtes. Donc quelqu'un avec une certaine expérience diplomatique et géopolitique. Troisièmement, le Vatican a des problèmes administratifs.»
«Il traverse une grave crise financière. Son fonds de pension est au bord de l'insolvabilité. On a le sentiment que si le pape François a lancé des réformes ambitieuses au Vatican, celles-ci restent inachevées.»
«Il faudra donc quelqu'un qui soit un gouverneur fort, un administrateur fort, un gestionnaire.»