SyrieLe pouvoir annonce la «dissolution» des services de sécurité
ATS
28.12.2024 - 23:14
Le nouveau chef des services de renseignements syriens Anas Khattab a annoncé samedi un plan visant à «restructurer» l'institution tant redoutée sous le règne de Bachar al-Assad. Il passe par la «dissolution» de l'ensemble de ses branches.
Des Syriens tiennent des photos de leurs proches disparus lors d'une manifestation visant à demander des comptes aux membres du gouvernement et de l'armée de Bashar Assad responsables de la détention, de la torture ou de la disparition de leurs proches, à Damas (archives).
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28.12.2024, 23:14
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Durant les décennies de règne du clan Assad, les services sécuritaires étaient de véritables instruments de répression redoutés par la population syrienne.
«L'institution sécuritaire sera réformée après la dissolution de tous les services et leur restructuration de manière à honorer notre peuple», a déclaré M. Khattab, deux jours après avoir été nommé à son poste par les nouvelles autorités qui ont renversé Bachar al-Assad le 8 décembre.
Souffrance des Syriens
Dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle Sana, il a souligné la souffrance des Syriens «sous l'oppression et la tyrannie de l'ancien régime, à travers ses divers appareils sécuritaires qui ont semé la corruption et infligé des supplices» au peuple.
Après la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, les détenus des services de sécurité ont été libérés, notamment à Damas, après la fuite de responsables et des agents de sécurité du régime de Bachar al-Assad.
La plupart de ces lieux sont désormais sous la garde des combattants islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui a mené la coalition armée ayant pris le pouvoir à Damas.
«Carré sécuritaire»
Depuis, nombre de Syriens ont afflué vers les centres de sécurité de la capitale, notamment dans ce que l'on appelle le «carré sécuritaire», dans l'espoir d'obtenir des informations sur des proches disparus.
«Les services de sécurité de l'ancien régime étaient nombreux et variés, portant des noms et des affiliations différents, mais tous avaient en commun d'avoir été imposés au peuple, accablé pendant plus de cinq décennies», poursuivi M. Khattab.
Le sort de dizaines de milliers de prisonniers et disparus constitue l'un des aspects les plus douloureux du drame syrien, dans un pays déchiré par plus de 13 ans d'une guerre dévastatrice qui a fait plus d'un demi-million de morts.
Plus de 100'000 morts dans les prisons
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 100'000 personnes sont mortes dans les prisons et centres de détention syriens depuis le début du conflit.
Jeudi, les forces de sécurité ont arrêté, dans l'ouest du pays, un général qui dirigeait la justice militaire sous l'ancien régime. Il est accusé d'être responsable de la condamnation à mort de milliers de personnes détenues à la tristement célèbre prison de Saydnaya, selon des militants.
Et en Europe, plusieurs condamnations d'anciens hauts gradés des services de renseignements syriens accusés de torture et d'autres exactions ont été prononcées depuis 2022.