Proche-Orient«Terrifiant»: des milliers de Gazaouis fuient leurs maisons
ATS
9.10.2023 - 07:52
Mahmoud al-Sarsawi est allongé sur un lit improvisé sous oxygène, entouré de ses petits-enfants, loin de chez eux. Au deuxième jour de la guerre entre Israël et le Hamas, tous sont installés dans une école de la bande de Gaza transformée en abri de fortune.
Keystone-SDA
09.10.2023, 07:52
ATS
«Nous sommes venus ici pour échapper aux frappes israéliennes», explique le vieil homme originaire du quartier de Shujaiyya, affirmant que 70 personnes se sont réfugiées dans le bâtiment depuis la veille. «C'était terrifiant, nous n'avions pas d'autre choix que de nous mettre à l'abri», ajoute M. al-Sarsawi, 68 ans, qui craint de manquer d'oxygène.
Quarante-trois autres écoles de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) ont ouvert leurs portes aux Gazaouis. D'après cette agence onusienne, plus de 20'000 habitants de l'enclave palestinienne ont dû quitter leur domicile en raison de la guerre entre le Hamas et Israël.
Le mouvement islamiste palestinien a lancé une offensive inédite contre Israël samedi matin, tirant des milliers de roquettes et perpétrant une série d'attaques meurtrières. En représailles, les forces israéliennes ont lancé des raids aériens sur la bande de Gaza, une langue de terre exiguë, où vivent 2,3 millions de personnes.
«Je dis aux habitants de Gaza: 'Sortez de là maintenant, car nous allons agir partout avec toute notre force'», a averti samedi soir le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, appelant la population à quitter certaines zones. En deux jours, le bilan s'élève à plus d'un millier de morts au total.
«Insupportable»
«Nous avons récupéré ce dont nous avions besoin dans la maison et nous nous sommes précipités à l'école», raconte Amal al-Sarsawi, la belle-fille du vieil homme dans une salle de classe. La famille a apporté des matelas en mousse au milieu desquelles trônent une gazinière, des boîtes de conserve et quelques sacs de vêtements remplis à la hâte.
La femme de 37 ans déclare être toujours sous le choc depuis qu'elle a entendu les premières frappes israéliennes et passé la nuit à tenter de rassurer ses cinq enfants, terrorisés par les bruits. «La situation est insupportable aussi bien au niveau psychologique que matériel», analyse la mère de famille, interrogée par des journalistes de l'AFP.
De nombreuses habitations ont été partiellement endommagées ou détruites par les frappes israéliennes. Dans la cour de l'école, des petits garçons jouent avec un ballon de football. Plusieurs femmes essayent de bricoler des paravents avec des vêtements pour avoir un peu d'intimité.
La plupart des personnes déplacées sont originaires du nord du territoire et en particulier de l'est de la ville de Gaza.
Dans l'un des couloirs de l'établissement scolaire, une femme qui avait fui le nord de la bande de Gaza avec 14 membres de sa famille est assise, la tête entre les mains. Incapable de retenir ses larmes, elle dit que sa famille n'avait pas les moyens d'acheter du lait pour nourrir deux nouveau-nés.
«Nous n'avons rien mangé»
«Nous n'avons rien mangé depuis hier matin. Nous avons à peine eu le temps de prendre quelques vêtements avant de sortir de chez nous», dit-elle.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) s'est dit «profondément inquiet» des difficultés d'accès aux produits alimentaires de base dans les zones impactées, réclamant «un accès humanitaire sécurisé» pour distribuer de la nourriture aux personnes déplacées ou se trouvant dans des refuges.
«Alors que la plupart des magasins dans les zones touchées en Palestine conservent des stocks de nourriture pour un mois, ceux-ci risquent d'être rapidement épuisés, car les gens achètent de la nourriture par crainte d'un conflit prolongé», a indiqué l'organisation dans un communiqué.
Devant les boulangeries, des centaines de personnes font la queue pour obtenir du pain alors que des explosions retentissent autour d'eux.
Leila Saker, qui vit dans l'une des zones ciblées par l'armée israélienne, a passé la nuit en famille avec ses trois enfants dans l'entrée de son immeuble, les parties communes étant parfois considérées comme des lieux plus sécurisés que les appartements. «Mes enfants avaient peur. Ils ont crié toute la nuit», raconte-t-elle.