Coronavirus – Monde Thanksgiving en présence du virus, restrictions allégées en Europe

ATS

26.11.2020 - 22:51

Malgré des appels des autorités sanitaires à rester chez soi, de nombreux Américains ont pris l'avion pour retrouver leurs familles à l'occasion de Thanskgiving (archives).
Malgré des appels des autorités sanitaires à rester chez soi, de nombreux Américains ont pris l'avion pour retrouver leurs familles à l'occasion de Thanskgiving (archives).
ATS

Parade virtuelle et appels à des rassemblements limités, les Américains fêtent jeudi un Thanksgiving terni par la résurgence de l'épidémie dans le pays. L'Europe, elle, allège légèrement ses restrictions à l'approche des fêtes de Noël.

Pandémie oblige, la célèbre parade de Thanksgiving aux ballons géants qui réunit habituellement des millions de personnes dans les rues de New-York, se tiendra sans public cette année et sera diffusée en ligne. Une grande partie de l'animation a été filmée en avance les jours précédents.

Suivant les recommandations des autorités sanitaires, le président élu Joe Biden a, comme beaucoup de ses compatriotes, renoncé à se déplacer pour passer cette fête familiale dans son fief du Delaware en petit comité avec sa femme, sa fille et son gendre. «Je sais que ce n'est pas de cette façon que beaucoup d'entre nous espéraient passer les fêtes», a souligné l'ex-bras droit de Barack Obama dans une vidéo diffusée jeudi sur Twitter.

«C'est un sacrifice personnel que chaque famille peut et doit faire pour sauver la vie de quelqu'un d'autre. C'est un sacrifice pour tout le pays», a-t-il ajouté.

L'ancien vice-président a toutefois cherché à rassurer ses concitoyens. «Nous allons nous en sortir ensemble, même si nous devons être séparés», a-t-il affirmé dans une tribune publiée par CNN.

Le secrétaire à la Santé de Californie, Mark Ghaly, a confié avoir interdit à sa propre mère de le rejoindre pour l'occasion. «Il est important de dire non même quand il s'agit des personnes les plus proches de notre famille», a-t-il souligné.

Injonctions contradictoires

Signe des divisions politiques sur la façon de gérer la pandémie et les fêtes de fin d'année, le président Donald Trump avait de son côté encouragé mercredi «tous les Américains à se rassembler, chez eux et dans des lieux de culte» lors de sa proclamation de Thanksgiving. Le milliardaire républicain, qui a passé sa matinée de jeudi au golf, devrait rejoindre la famille Trump pour un dîner à la Maison Blanche, selon la porte-parole de la Première dame.

Face à ces injonctions contradictoires, près de sept millions de personnes ont tout de même pris l'avion aux Etats-Unis sur les sept derniers jours, d'après les données de l'agence TSA, chargée des contrôles de sécurité dans les aéroports. Cela représente une hausse de 22% par rapport à la semaine précédente.

Mais les retrouvailles familiales, autour de la traditionnelle dinde farcie, accompagnée de patates douces et de sauce aux canneberges, n'auront pas la même saveur cette année. Le pays vient d'enregistrer plus de 2400 morts du coronavirus en 24 heures, un plus haut depuis six mois.

Pays le plus endeuillé au monde par le nouveau coronavirus, avec plus de 262'000 morts depuis l'apparition de la maladie, les Etats-Unis pourraient voir le nombre de décès augmenter jusqu'à atteindre 321'000 morts d'ici le 19 décembre, selon la dernière projection des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Sur la planète, plus de 60 millions de cas de Covid-19 ont été officiellement dénombrés depuis le début de la pandémie. Près de 1,4 million de personnes y ont succombé.

«Pas un Noël normal»

L'Europe occidentale commence toutefois à récolter les fruits d'un confinement sévère, et plusieurs pays desserrent graduellement le carcan à l'approche de Noël.

Si la situation sanitaire continue de s'améliorer, le confinement en France sera levé le 15 décembre pour être remplacé par un couvre-feu national, avec une exception pour les soirées du 24 et du 31 décembre. Il sera «impératif» de limiter le nombre de convives à ces réveillons, a averti jeudi le Premier ministre français Jean Castex, en détaillant les allègements en trois étapes annoncés deux jours plus tôt par le président Emmanuel Macron.

Les petits commerces pourront rouvrir dès samedi, et les déplacements seront permis dans un rayon de 20 km et pendant trois heures. En revanche bars, restaurants et salles de sport garderont portes closes, au moins jusqu'au 20 janvier.

Après quatre semaines de confinement, l'Angleterre va aussi rouvrir début décembre les magasins non essentiels et mener un programme de dépistage massif, mais la grande majorité des habitants continueront de vivre sous de strictes restrictions. «Cela ne peut pas être un Noël normal», a prévenu le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

Ne pas relâcher

Pas question en revanche de relâcher les efforts pour l'instant en Grèce, qui a prolongé le confinement jusqu'au 7 décembre, ni en Allemagne. «Le nombre d'infections quotidiennes se situe encore à un niveau beaucoup trop élevé», a déclaré mercredi soir la chancelière Angela Merkel.

Le cap du million de cas approche à grands pas dans le pays et l'institut Robert Koch a fait état de 410 morts en 24 heures, un nouveau record. Les restrictions décidées en novembre vont donc continuer à s'appliquer jusqu'à début janvier. «A moins que nous ayons une diminution inattendue du taux d'infection mais c'est à ce stade improbable», a expliqué la dirigeante.

Ayant invité sa population à ne pas partir à l'étranger durant les vacances de Noël, en particulier au ski, l'Allemagne va demander à l'Union européenne d'interdire jusqu'au 10 janvier les séjours en stations de sports d'hiver, propices à la propagation du virus.

Mais l'Autriche voisine est sur une autre ligne et prévoit l'ouverture de ses pistes. En France, les stations pourront rouvrir pendant les fêtes mais les remontées mécaniques resteront fermées.

En Suisse, cantons et Confédération souhaitent que les stations de ski soient ouvertes. Mais de «bons» plans de protection sont indispensables et leur mise en oeuvre doit être «parfaite», selon le conseiller fédéral Alain Berset.

Nouveaux records

La pandémie continue de faire des ravages économiques: des statistiques publiées jeudi montrent que tant les consommateurs allemands que les ménages français ont le moral dans les chaussettes. De nombreux pays misent sur l'arrivée de vaccins fin décembre ou début 2021 pour envisager un retour progressif à la normale.

Encore incertaine il y a quelques semaines, la perspective d'un vaccin s'est concrétisée ces deux dernières semaines avec une pluie d'annonces de laboratoires concernant leur efficacité: Pfizer et BioNTech ont dégainé les premiers, suivis par Moderna et AstraZeneca/Université d'Oxford.

Concernant ces derniers justement, le vaccin nécessite «une étude supplémentaire», a indiqué jeudi le directeur général du groupe après des critiques concernant la fiabilité annoncée. «Maintenant que nous avons trouvé ce qui semble être une meilleure efficacité, nous devons la valider, donc nous devons faire une étude supplémentaire», a déclaré Pascal Soriot dans une interview à l'agence Bloomberg.

Les résultats de cette nouvelle étude internationale «pourraient être plus rapides» à obtenir, «car nous savons que l'efficacité est élevée donc nous avons besoin d'un plus petit nombre de patients», a-t-il précisé. Selon lui, ces procédures ne devraient pas retarder l'approbation des régulateurs dans l'Union européenne et au Royaume-Uni mais le feu vert des autorités américaines pourrait prendre plus de temps.

En moyenne efficace à 70%, ce résultat cache en réalité de grands écarts entre deux protocoles différents. Moins probant que celui de Pfizer/BioNTech ou de Moderna, le vaccin d'AstraZeneca utilise toutefois une technologie plus traditionnelle, moins coûteuse et plus facile à stocker.

En attendant, la Russie a battu jeudi un nouveau record de contaminations et de décès quotidiens. La Corée du Sud a fait état le même jour du nombre le plus élevé de nouveaux cas depuis mars.

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