Bande de Gaza Tirs meurtriers sur des hôpitaux selon des officiels palestiniens

ATS

10.11.2023 - 22:12

Des frappes meurtrières dans le nord de la bande de Gaza ont touché vendredi, selon des responsables palestiniens, une école et des hôpitaux où les civils cherchent refuge pour échapper aux combats et aux bombardements israéliens.

Ces derniers jours, l'armée israélienne a annoncé mener des combats acharnés contre le Hamas dans la ville de Gaza, où se trouve selon elle le «centre» de l'infrastructure du mouvement islamiste (archives).
Ces derniers jours, l'armée israélienne a annoncé mener des combats acharnés contre le Hamas dans la ville de Gaza, où se trouve selon elle le «centre» de l'infrastructure du mouvement islamiste (archives).
KEYSTONE

Le Hamas a fait état de 13 morts dans une frappe sur le complexe de l'hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza, territoire palestinien pris en étau. Le mouvement islamiste a attribué cette frappe à Israël, comme le directeur de l'hôpital, Mohammed Abou Salmiya.

Celui-ci a aussi affirmé que l'hôpital avait reçu «une cinquantaine de corps après le bombardement vendredi matin d'une école» de la ville accueillant des déplacés. «Tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été visés» vendredi par l'armée israélienne, a assuré à l'AFP le médecin.

L'armée israélienne, qui n'a pas commenté ces affirmations, avait indiqué jeudi soir qu'une de ses divisions menait d'importantes opérations dans une zone «très très proche» de l'hôpital. Elle a affirmé vendredi qu'elle «tuerait» les combattants du Hamas «qui tirent à partir des hôpitaux» à Gaza.

Les denrées de base manquent dans la ville de Gaza en ruines, les combats ne cessent de gagner en intensité alors que grossissent les colonnes de familles fuyant vers le sud.

Appel à arrêter le «carnage»

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l'arrêt du «carnage» dans la bande de Gaza. «Raser des quartiers entiers n'est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence. Le carnage doit simplement cesser», a-t-il déclaré dans une tribune de presse.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas ont mené sur le sol israélien une attaque sanglante contre des civils d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour «éradiquer» le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, pilonnant sans relâche le territoire.

Depuis, les bombardements israéliens ont fait 11'078 morts, essentiellement des civils, parmi lesquels 4506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. Du côté israélien, au moins 1200 personnes ont péri depuis le début de la guerre, selon un nouveau bilan des autorités revu à la baisse vendredi. En outre, 239 otages sont retenus par le Hamas à Gaza, selon l'armée israélienne.

L'armée a annoncé vendredi que 37 soldats avaient été tués depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre.

Tirs sur la maternité

Ces derniers jours, l'armée israélienne a annoncé mener des combats acharnés contre le Hamas dans la ville de Gaza, où se trouve selon elle le «centre» de l'infrastructure du mouvement islamiste, retranché dans un réseau de tunnels.

Le directeur de l'hôpital al-Shifa a parlé de tirs de chars israéliens sur la maternité, tandis qu'un journaliste de l'AFP a vu au moins sept corps près de l'hôpital.

Depuis des années, Israël accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels, et les civils comme boucliers humains, ce que dément le mouvement.

«Les chars israéliens assiègent quatre hôpitaux de l'ouest de la ville de Gaza», a affirmé vendredi le ministère de la Santé du Hamas. Des témoins ont vu notamment l'hôpital pour enfants d'al-Rantissi encerclé par des chars.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que des snipers israéliens tiraient vendredi sur l'hôpital al-Quds, parlant d'au moins un mort. «La destruction des hôpitaux à Gaza devient insupportable et doit cesser», a affirmé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Israël a accepté de faire des «pauses» humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir le nord de la bande de Gaza, où les combats sont les plus intenses, vers le sud, selon les Etats-Unis. L'armée avait ouvert «un couloir d'évacuation» dimanche, mais des Palestiniens ont témoigné de combats le long de cette route, empruntée par 100'000 personnes depuis mercredi, selon les données de l'armée israélienne et du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

«Pas d'eau»

Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de civils, selon les autorités israéliennes, se sont à nouveau dirigés vers le sud. Des centaines de milliers de réfugiés sont désormais entassés dans le sud du petit territoire, dans des conditions désastreuses.

Selon l'Ocha, le nombre de déplacés s'élève désormais à 1,6 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza. L'étroit territoire est privé d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

Dans le nord, où demeurent encore des centaines de milliers de personnes, «le manque de nourriture est de plus en plus préoccupant», s'inquiète l'ONU.

Possible escalade du conflit

Pendant ce temps, des roquettes continuent d'être tirées quotidiennement depuis la bande de Gaza vers Israël, où des sirènes ont retenti vendredi à Tel-Aviv. Deux femmes ont été blessées par des éclats d'obus, selon les secours.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir une nouvelle fois à propos de Gaza vendredi, à la veille d'une réunion à Ryad de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) qui craignent une escalade du conflit.

L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté jeudi trois drones qui se dirigeaient vers son territoire, et a frappé vendredi la Syrie après la chute d'un drone sur une école dans le sud d'Israël.

Israël est confronté «à plusieurs fronts», a déclaré vendredi un porte-parole de l'armée, Richard Hecht. «Nous nous concentrons sur le Hamas, mais nous avons affaire à des groupes terroristes dans tout le Moyen-Orient», a-t-il ajouté.

L'armée a également indiqué vendredi «poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures» du Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs sont quotidiens. Le mouvement pro-iranien a fait état vendredi de la mort de sept de ses combattants tués par Israël.