Les mauvaises nouvelles s'accumulent Pas de fumée blanche à Matignon - Les Français vont-ils perdre leur indulgence ?

Afp

3.9.2024 - 13:41

Près de deux mois après les législatives, aucune fumée blanche ne se dégageait mardi matin de l'Elysée. Les consultations devant mener au choix d'un Premier ministre consensuel s'éternisent, suscitant la consternation des Français.

Si les Français «n'étaient pas fâchés pendant l'été de se rassembler autour des Jeux olympiques plutôt que de se diviser sur des chicaneries politiques (...), ils pourraient vite perdre leur indulgence» résume le journal Le Parisien. (image d'illustration)
Si les Français «n'étaient pas fâchés pendant l'été de se rassembler autour des Jeux olympiques plutôt que de se diviser sur des chicaneries politiques (...), ils pourraient vite perdre leur indulgence» résume le journal Le Parisien. (image d'illustration)
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Sept ans après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron «flotte en France comme un air de IVe République» (1946-1958), critique le quotidien conservateur Le Figaro mardi. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on continuait d'espérer une nomination mardi, mais sans aucune garantie, alors que la France est gouvernée depuis 48 jours par un exécutif démissionnaire.

«Il serait temps d'avoir enfin un Premier ministre», raille Libération (gauche), pour qui «cette impasse institutionnelle et politique et l'impuissance manifeste du président risquent à tout moment de prendre la forme inconnue d'une révolte nationale».

«Tester» deux hypothèses

Après avoir balayé l'option Lucie Castets, la candidate proposée par l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), Emmanuel Macron a dans un premier temps vu s'éloigner la perspective de rallier les Républicains (LR, droite) dans une coalition.

Lundi, il s'est toutefois entretenu avec deux Premiers ministrables issus de ces deux bords, un ancien chef de gouvernement de gauche en rupture de ban avec le Parti socialiste, Bernard Cazeneuve, et un ex-ministre de droite plutôt critique de son camp, Xavier Bertrand.

Le chef de l'Etat continue de «tester» ces deux hypothèses, autrement dit vérifier si un gouvernement dirigé par l'un ou l'autre pourrait éviter une censure parlementaire immédiate, a confié mardi son entourage à l'AFP.

Un troisième nom, inconnu du grand public, avait également émergé lundi: celui du président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) Thierry Beaudet, un profil issu de la société civile, avec une sensibilité plutôt orientée à gauche. Certaines sources assuraient même en soirée que l'affaire était entendue.

Feu vert LR pour Bertrand

Mardi matin, des sources au sein des Républicains confirmaient toutefois des discussions avec le chef de l'Etat autour d'une nomination de Xavier Bertrand, auxquels les cadres de ce parti ne s'opposeraient vraisemblablement pas, quand ils avaient précédemment indiqué exclure faire partie d'une coalition de gouvernement.

Les Français pourraient vite perdre leur indulgence

Près de deux mois après la dissolution de l'Assemblée, consécutive à la déroute de son camp aux élections européennes, M. Macron fait face à «trois blocs, dont deux lui sont hostiles», résume le journal Le Parisien. La gauche est arrivée en tête devant le camp présidentiel lors des législatives de juin-juillet, avec l'extrême droite en troisième position.

Si les Français «n'étaient pas fâchés pendant l'été de se rassembler autour des Jeux olympiques plutôt que de se diviser sur des chicaneries politiques (...), ils pourraient vite perdre leur indulgence» vis-à-vis du chef de l'Etat «s'ils ont le sentiment» qu'il ne parvient pas à sortir de «l'impasse dans laquelle il s'est engouffré tout seul, avec la dissolution», poursuit le journal.

De mauvaises nouvelles sur le plan économique

Le temps presse pour former un gouvernement de plein exercice, le budget 2025 devant être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.

Or les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le plan économique.

Plus dynamiques que prévu, les dépenses des collectivités pourraient aggraver le déficit public de la France de 16 milliards d'euros en 2024, s'est inquiété lundi le ministère de l'Economie, dans un courrier adressé à des parlementaires et consulté par l'AFP.

Les prévisions de recettes fiscales, déjà abaissées de «près de 30 milliards d'euros» au printemps, pourraient par ailleurs ne pas être atteintes «compte tenu de l'évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales», pointe ce document.

Fin juillet, l'Union européenne avait formellement lancé vendredi les procédures pour déficits publics excessifs ciblant sept Etats membres, dont la France, une première depuis la suspension de ses règles budgétaires en 2020 avec la crise du coronavirus.

Une dette qui atteint 110% du PIB

La France, dont la dette atteint 110% du PIB, a été la plupart du temps en procédure de déficit excessif depuis la création de l'euro au tournant des années 2000. Elle en était toutefois sortie en 2017.

Aujourd'hui, le déficit public français est estimé à 5,5% du PIB, quand le Pacte de stabilité de l'UE limite celui-ci à 3% et la dette à 60% du PIB d'un Etat-membre.

Afp