Crimes de guerreTPF: un deuxième plaignant parle de tortures et de meurtres
aula, ats
16.2.2021 - 11:25
Le Tribunal pénal fédéral a débuté mardi l'interrogation d'un deuxième plaignant dans le procès d'un ancien commandant libérien. Ce dernier est accusé de crimes de guerre durant la première guerre civile, entre 1993 et 1995.
Le plaignant a été questionné sur la situation dans la province du Lofa (nord du pays) au moment des faits. Lorsque le NPFL (National Patriotic Front of Liberia) de Charles Taylor est arrivé à Foya, il a fait régner l'ordre et on pouvait se déplacer librement. «C'est quand les combats avec l'ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy) ont débuté que tout est allé de travers.»
Ancien commandant d'un groupe de combattants de l'ULIMO, Alieu Kosiah est accusé du meurtre de 18 civils et de deux soldats désarmés, commis par lui-même ou par ses hommes, du viol d'une jeune femme ainsi que d'actes de torture et d'anthropophagie. L'accusé est présumé innocent.
Anthropophagie
Le plaignant a été victime de mauvais traitements, il a assisté au meurtre de six civils, dont son cousin, et a été poignardé. Il a estimé que les ULIMO se sont très mal conduits avec les civils, les soumettant à des travaux forcés et les envoyant chercher de la nourriture dans des zones de brousse non contrôlées et dangereuses.
Comme la veille, le président Jean-Luc Bacher est revenu sur l'anthropophagie. Celui-ci a expliqué que la pratique était très courante durant le conflit. Un combattant, «Ugly Boy» lui aurait confié qu'il mélangeait du foie humain à de la viande animale.
C'est lorsqu'il a été amené de force à Foya que le plaignant a vu pour la première fois «CO Kosiah», le commandant en second de la Strike Force pour tout le Lofa. «Ça fait longtemps mais il a le même visage, les mêmes yeux de combattant quand il est en colère.»
Tortures et exécutions
Le président a évoqué le «tabé» subi alors par le plaignant. Ce supplice consiste à lier très étroitement les poignets et les coudes de la victime. L'homme a expliqué qu'il avait fui dans la brousse après la prise de Foya lorsqu'il a été capturé avec d'autres civils par des ULIMO. Considérés comme des rebelles, ils ont été soumis au tabé sur l'ordre de Kosiah.
Ensuite, le plaignant a vu un soldat écraser la tête d'un de ses compagnons avec une pierre. «J'ai fermé les yeux, j'ai entendu des coups de feu et des cris. Quand j'ai regardé, ils n'étaient plus là. Il y avait du sang». Kosiah et «CO Kundi» donnaient les ordres.
L'homme, qui n'avait cessé de répéter qu'ils n'étaient pas des rebelles, a été enrôlé par la suite dans l'ULIMO, comme simple soldat dans le groupe «Alligator». Il a parlé de combattants sans uniforme, en t-shirt, parfois avec un pantalon ou une veste de treillis, qui s'identifiaient durant les combats en criant le nom de leur faction ou en portant un bandana vert.