Presse américaineTrump accentue encore sa guerre contre les médias traditionnels
ATS
8.2.2025 - 07:50
Lors de son premier mandat, il les désignait comme «ennemis du peuple». En revenant à la Maison-Blanche, le président américain Donald Trump a encore amplifié ses attaques contre les grands médias américains en les visant notamment au portefeuille.
Plusieurs médias se sont vus retirés leurs bureaux au Pentagone. (archives)
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Keystone-SDA
08.02.2025, 07:50
08.02.2025, 08:06
ATS
Actions en justice demandant des millions de dollars de dommages et intérêts, enquête sur les diffuseurs publics, désabonnement et même retrait de bureaux: le camp du républicain utilise tout un arsenal pour s'en prendre à la presse traditionnelle.
Dernier exemple en date: la tempête médiatique subie cette semaine par le journal Politico, connu pour raconter les coulisses de Washington. Sur le réseau social X, des soutiens de Donald Trump ont écrit que l'USAID, l'agence américaine pour le développement international, quasiment démantelée par l'exécutif dans le même temps, subventionnait le média à coup de millions de dollars.
Ce mensonge a été dénoncé haut et fort par sa directrice générale Goli Sheikholeslami. «Nous n'avons jamais reçu de subventions de l'Etat fédéral», a-t-elle assuré, mais simplement l'argent correspondant à des abonnements.
Enquêtes ouvertes
Ce qui n'a pas empêché Donald Trump d'affirmer jeudi que de l'argent de l'USAID et d'autres fonds fédéraux «est allé, tels des pots-de-vin, aux médias mensongers pour qu'ils écrivent des articles avantageux pour les démocrates». La Maison-Blanche a annoncé annuler ses abonnements à Politico.
Avec ce genre d'épisode, les soutiens de Donald Trump auront «quelque chose de nouveau à utiliser pour s'expliquer toute couverture négative» de leur champion, estime Matt Gertz, chercheur au sein de l'ONG Media Matters, marquée à gauche.
S'en prendre aux médias peut passer, pour le gouvernement Trump, par d'autres moyens. Brendan Carr, nouveau patron de la puissante agence fédérale des communications, la FCC, a annoncé ouvrir une enquête sur la radio publique NPR et la chaîne de télévision publique PBS, ce qui pourrait à terme menacer leurs financements.
«Le nouveau patron de la FCC agit de façon agressive et il semble que ce ne soit que le début», estime de son côté Roy Gutterman, professeur de journalisme à l'université de Syracuse.
Places réattribuées
Le nouveau gouvernement vise aussi les emplacements physiques des médias traditionnels. Dans le bâtiment du Pentagone, siège du ministère américain de la défense, nombre de journalistes disposent de bureaux dédiés.
Huit places attribuées à des grands médias, dont le New York Times, CNN ou le Washington Post, ont été réattribuées d'office par les nouvelles autorités à des publications plus marquées à droite, comme le tabloïd New York Post.
Dans ces attaques en règle, une exception: Fox News, la chaîne télévisée d'information la plus regardée du pays, étendard des conservateurs et vivier de recrutement pour le nouveau pouvoir. Le groupe de la famille Murdoch a même embauché cette semaine Lara Trump, la belle-fille du président.
La chaîne de télévision ABC a elle accepté en décembre de payer quinze millions de dollars de dédommagements pour mettre fin aux poursuites pour diffamation lancées par Donald Trump après des propos tenus à l'antenne par un présentateur-vedette.
Millions de dollars
Cet accord financier hors tribunal a été vu comme une concession d'un grand média au milliardaire, dont nombre d'efforts visant à poursuivre des journalistes avaient jusqu'à présent échoués.
CBS News, autre géant de l'information aux Etats-Unis, est également poursuivi par Donald Trump. Le président l'accuse d'avoir manipulé pendant la campagne un entretien de Kamala Harris de manière à faire paraître la vice-présidente et candidate démocrate malheureuse, sous un meilleur jour.
Cédant aux pressions, la chaîne a récemment diffusé les images de l'entretien dans leur intégralité et Paramount Global, sa maison-mère, envisage de payer des sommes importantes dans ce dossier.
«Certains des plus grands médias semblent avoir conclu qu'il n'est simplement pas dans leur intérêt financier de mécontenter le président», a résumé le professeur à l'université de Columbia Jameel Jaffer dans une tribune au New York Times.