Donald Trump revient samedi là-même où le 13 juillet il avait réchappé de peu d'une tentative d'assassinat, dans la dernière ligne droite d'un scrutin présidentiel hors normes qui reste marqué par la menace de violences politiques.
Le candidat républicain et ancien président des Etats-Unis va tenir un meeting de campagne dans la bourgade de Butler, dans l'Etat crucial de la Pennsylvanie, un mois jour pour jour avant l'élection présidentielle du 5 novembre où il affronte la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
Un rassemblement sous très haute sécurité, des tireurs d'élite étant installés sur les toits de plusieurs bâtiments environnants et un drone survolant la foule, a pu constater un journaliste de l'AFP.
«Je ne pense pas qu'il soit en sécurité, à mon avis, il y aura une autre tentative», estime pourtant Heather Hughes, 43 ans, venue de la ville voisine de New Castle (Pennsylvanie) pour assister au meeting.
Les opposants au candidat républicain «veulent se débarrasser de lui car ils savent ce qu'il rendra les Etats-Unis meilleurs», assure-t-elle, ajoutant: «mais je pense qu'il passera à travers, ses +gardiens+ sont très forts».
Comme elle, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Butler, beaucoup vêtues d'un t-shirt reprenant l'image de l'ancien président juste après la tentative d'assassinat, d'autres avec l'oreille couverte, rappelant le bandage qu'il avait porté dans les jours qui ont suivi.
Elon Musk présent
Quant au candidat républicain, il devait s'adresser à la foule derrière une vitre blindée. A ses côtés, son colistier J.D. Vance sera présent ainsi que l'homme le plus riche du monde Elon Musk, des proches de victimes des tirs et des forces de l'ordre qui l'ont protégé.
«J'apprécie qu'il revienne. Il avait dit qu'il viendrait terminer son discours et pour moi, cela demande d'avoir du cran», salue Robert Dupain, 53 ans, un salarié du secteur de bâtiment déjà présent le 13 juillet.
La tentative d'assassinat avait été vue comme un moment pivot dans la campagne électorale, alors que Donald Trump se détachait dans les sondages d'opinion face à Joe Biden après son débat télévisé calamiteux, et qu'il s'était rendu deux jours après en «martyr politique» à la convention républicaine.
Les proches du candidat républicain accusent depuis les démocrates d'avoir incité à la violence avec leur discours présentant M. Trump comme un risque existentiel pour la démocratie.
Le retour du candidat à Butler, qui promet d'être haut en couleur, intervient au lendemain de déclarations de Joe Biden s'inquiétant du risque que le scrutin ne soit pas «pacifique».
«Je suis inquiet de ce qu'ils vont faire», lors du vote, a affirmé vendredi le président américain. Donald Trump n'a jamais reconnu sa défaite en 2020 et il dénonce déjà le fait que les démocrates «trichent comme des diables».
«Les républicains ne sont pas violents, je pense que (les démocrates) poussent à ça. Ils ne cessent de parler d'Hitler et de la fin de la démocratie», réplique Glen Scheirer, retraité venu au meeting avec cinq proches.
«Balle pour la démocratie»
Le 13 juillet, en plein meeting, un jeune homme avait tiré sur l'ancien président, le blessant à l'oreille, tuant un sympathisant présent dans les gradins et en blessant deux autres.
D'après son équipe, Donald Trump «a pris une balle pour la démocratie».
Le tribun populiste avait immédiatement saisi la portée de ce choc: l'oreille en sang, effleurée par une balle, protégé et évacué par des agents du Secret Service, le septuagénaire était resté debout le poing levé en signe de défi face aux caméras, exhortant ses partisans à «se battre, se battre, se battre».
La scène, immortalisée sous un grand drapeau américain, a fait le tour du monde.
Le Secret Service avait abattu le jeune tireur Thomas Crooks, 20 ans, juché sur le toit d'un bâtiment à quelques centaines de mètres. La cheffe du Secret Service, Kimberly Cheatle, fut contrainte de démissionner.
Cette tentative d'assassinat, suivie d'une deuxième en septembre sur le golf en Floride de l'ancien président, a provoqué un choc dans le pays et à l'étranger. Les Etats-Unis sont marqués par une histoire politique violente: le dernier président tué fut John Kennedy en 1963.
Alors que M. Trump était attendu en Pennsylvanie, Kamala Harris se rendait elle en Caroline du Nord, autre Etat-clé de ces élections, frappé par un puissant ouragan qui a fait au moins 220 morts dans le sud-est des Etats-Unis.