Donald Trump a exulté jeudi à la publication du rapport d'enquête du procureur spécial Mueller. Les démocrates ont eux commencé à chercher des preuves des turpitudes du président américain dans ce volumineux document, expurgé de ses données confidentielles.
Son propre ministre de la Justice, Bill Barr, avait préparé le terrain en confirmant l'absence d'entente entre l'entourage de Donald Trump et Moscou lors de la présidentielle de 2016.
Selon le rapport de 400 pages, des membres de l'entourage de Donald Trump ont toutefois rencontré des Russes le 9 juin 2016 – une réunion à la tour Trump de New York qui était déjà connue -, dans l'espoir qu'ils aident sa campagne.
La controverse pas terminée
M. Barr a également assuré que M. Trump n'avait pas entrepris d'action pour contrarier les 22 mois d'investigations de Robert Mueller. Mais, sur cette question cruciale, la controverse est vouée à se poursuivre.
M. Mueller a en effet au contraire indiqué ne pas être «en mesure» d'exonérer le président américain Donald Trump de ces suspicions d'entrave à la justice.
Toujours selon son rapport, qui revient sur 10 événements distincts ayant éveillé les soupçons, M. Trump a cherché à le limoger, une révocation à laquelle se sont finalement opposés les juristes de la Maison Blanche. Le limogeage du chef du FBI James Comey en mai 2017, qui dirigeait alors l'enquête russe, en fait également partie.
Le document révèle aussi que M. Trump s'est dit «foutu» en apprenant la nomination d'un procureur spécial en mai 2017. «Oh mon Dieu. C'est terrible. C'est la fin de ma présidence», aurait confié l'ex-magnat de l'immobilier.
Trump s'inspire de «Game of Thrones»
«Pas de collusion. Pas d'entrave (à la justice)«, a pourtant affirmé presque deux plus tard le locataire de la Maison Blanche, dont les avocats ont eu accès en primeur au compte-rendu d'enquête.
Dans un tweet soigneusement préparé à l'avance, M. Trump a utilisé une affiche inspirée de «Game of Thrones», pour ce qu'il considère être une disculpation retentissante, au terme d'une «chasse aux sorcières» menée par ses ennemis politiques.
«Pour les enragés et les démocrates de la gauche radicale, c'est Game Over», est-il écrit sur l'affiche, le montrant de dos sur fond d'un épais brouillard.
Le milliardaire républicain avait dénoncé plus tôt «la plus grande arnaque politique de tous les temps», ainsi qu'un «harcèlement présidentiel».
Passages noircis
L'opposition démocrate a de son côté critiqué Bill Barr, nommé par M. Trump, l'accusant de «partialité regrettable» autour de ce rapport que lui a remis le 22 mars Robert Mueller, un ex-chef respecté du FBI.
Ce document pourrait permettre à Donald Trump de se tourner résolument vers sa campagne de réélection à la Maison Blanche.
Mais l'opposition démocrate, convaincue que MM. Trump et Barr ont oeuvré ensemble pour dissimuler des actes à mettre au passif du président, a commencé à éplucher le rapport, dont des passages complets ont été noircis pour préserver la confidentialité de communications de la Maison Blanche ou d'actes de procédure.
Les opposants à Donald Trump comptent user de tous les moyens en leur pouvoir, à commencer par le contrôle démocrate de la chambre basse du Congrès, pour relancer des poursuites.
Les démocrates ont d'ailleurs demandé jeudi au procureur Mueller de témoigner à la chambre des représentants d'ici le 23 mai. M. Barr a dit qu'il ne s'y opposerait pas.
Enquête de 22 mois
Le procureur spécial Mueller a supervisé pendant 22 mois des investigations tentaculaires, ponctués par l'inculpation de 34 personnes russes et américaines, dont six proches collaborateurs du président Trump pour des malversations diverses.
Cet homme méthodique et austère, qui s'est toujours tenu à l'écart du vacarme politique et médiatique, a continué à conserver le silence depuis qu'il a remis son rapport final.
«Le président était frustré et en colère, sincèrement convaincu que cette enquête portait atteinte à sa présidence», a souligné M. Barr.
«Pour autant, la Maison Blanche a pleinement coopéré avec l'enquête du procureur spécial» et le «président n'a pas agi pour (le) priver des documents et témoins nécessaires pour mener à bien son enquête», a-t-il poursuivi.
«Si nous étions sûrs, après une enquête rigoureuse, que le président n'a clairement pas commis d'entrave à la justice, nous le dirions», a au contraire écrit le procureur Mueller.
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