USA 2020 Trump n'est «pas présidentiel», selon le politologue Daniel Warner

ATS

4.11.2020

Donald Trump (archives)
Donald Trump (archives)
Keystone

Le politologue spécialiste des Etats-Unis Daniel Warner a estimé que l'attitude de Donald Trump se déclarant vainqueur de l'élection alors que le décompte des voix se poursuit n'était «pas présidentielle». Selon lui, les Etats-Unis «ne sont plus un exemple de démocratie pour le monde».

La déclaration de Donald Trump en pleine soirée électorale et alors que les résultats définitifs ne sont de loin pas encore connus est «une invitation aux gens à descendre dans la rue», a réagi l'ancien adjoint du directeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève (IHEID). En ce sens, «M. Trump n'est pas présidentiel», a-t-il affirmé mercredi sur les ondes de la RTS.

L'expert, proche du parti démocrate, estime toutefois, si l'élection devrait se jouer devant les tribunaux en cas de résultat très serré et de demande de recomptage, que les démocrates sont mieux préparés qu'en 2000 lorsqu'ils avaient finalement abandonné la bataille juridique entre George W. Bush et Al Gore en Floride. Leur équipe de juristes est plus importante et prête, selon lui.

Antiglobalisation favorable à Trump

Sur le score finalement très serré de cette élection de 2020, M. Warner estime que le «phénomène antiglobalisation» qu'on l'on a pu voir en Grande-Bretagne avec le Brexit mais aussi en Pologne et en Hongrie avec la montée du populisme, et en 2016 avec la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, profite cette année aussi au 45e président américain.

En se concentrant sur l'emploi et l'économie, M. Trump «arrive encore et toujours à vendre le rêve américain, même aux chômeurs (...) Il est quand même extrêmement fort et brillant d'y arriver en tant que multimilliardaire», a reconnu M. Warner.

Autre explication avancée par l'expert: M. Trump est un gagnant et martèle ce discours de «winner» même s'il a fait au moins quatre fois faillite. "Les gens continuent de croire que c'est un gagnant", alors que ce n'est pas le cas de Joe Biden, qui a plutôt un discours d'unificateur, moins énergisant et enthousiasmant, dit-il en substance.

Selon lui, on en revient aussi de nouveau à la question de l'éducation, notamment chez l'électeur mâle et blanc qui n'a pas fait d'études universitaires. «Il vote en faveur de Trump. Les démocrates n'arrivent pas à séduire cet électeur et Biden lui-même n'a pas trouvé cette voix».

«La fin de l'ère Obama»

Il constate aussi avec surprise que les stratèges et sondeurs du Parti démocrate n'ont fait aucun progrès dans leurs sondages internes. «Ils envisageaient la possibilité de gagner l'Ohio et même le Texas, or c'est complètement faux». «Il y a un problème de stratégie chez eux», dit-il.

Il observe aussi que l'appui de Barack Obama à Joe Biden n'a pas produit d'effet particulier, comme en 2016. «C'est l'échec de son soutien, notamment en Floride et en Pennsylvanie auprès de la classe moyenne. «C'est vraiment aujourd'hui la fin de l'ère Obama», juge-t-il.

Les sondages dans leur ensemble n'arrivent d'ailleurs toujours pas ou plus à lire la population américaine, selon lui. «Les sondeurs, les politologues, les intellectuels ne comprennent toujours pas l'homme de la rue».

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