Etats-UnisTwitter et Facebook défendent leur impartialité politique au Sénat
ATS
17.11.2020 - 19:31
Twitter et Facebook devant le Sénat.
Les fondateurs de Twitter et Facebook ont de nouveau été interrogés mardi sur le pouvoir de leurs plateformes sur le débat politique. Les sénateurs sont divisés entre les démocrates, qui les voudraient plus stricts, et les républicains, qui s'estiment discriminés.
«Il semble que vous soyez devenu l'éditeur ultime», a déclaré Lindsey Graham, le président républicain de la commission judiciaire qui a organisé cette audition sur «la gestion de l'élection de 2020», et la «censure» dont Donald Trump et ses alliés se considèrent victimes, malgré leur considérable audience sur ces réseaux.
Il reproche notamment aux deux réseaux leur décision de limiter la circulation d'articles du quotidien conservateur New York Post, qui assurait fournir des preuves sur une affaire de corruption impliquant le démocrate Joe Biden, environ deux semaines avant le scrutin présidentiel.
«Jamais nous ne laisserions le gouvernement réguler ce que la presse écrit, mais nous permettons à des entreprises privées, devenues de fait des forums publics, de réguler la parole», a abondé le sénateur John Cornyn. «Je n'ai pas plus envie de vous déléguer ces décisions que je ne voudrais vous laisser voter à ma place».
Dorsey et Zuckerberg se défendent
Jack Dorsey (Twitter) et Mark Zuckerberg (Facebook), auditionnés au Sénat pour la deuxième fois en moins d'un mois, ont défendu les mesures prises pendant les élections pour juguler la désinformation et les tentatives de discréditer le processus démocratique.
Leurs règles les ont conduit à épingler et freiner la propagation de très nombreux messages de Donald Trump – suivi par près de 89 millions d'utilisateurs sur Twitter – qui refuse de concéder la victoire au démocrate Joe Biden et accuse des Etats américains de fraudes.
Mais «nos règles ne sont basées sur aucune idéologie», a souligné M. Dorsey. «Nous croyons fermement dans l'impartialité et nous appliquons les règles de Twitter équitablement».
Des notes, comme «cette affirmation sur des fraudes électorales est disputée», s'affichent sous de nombreux tweets du locataire de la Maison blanche. Insuffisant, pour la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, puisque les tweets restent visibles.
Sanctions contre Bannon
«M. Zuckerberg, combien de fois (Steve Bannon) a-t-il le droit d'appeler au meurtre de hauts responsables du gouvernement avant que Facebook suspende son compte ?», a de son côté demandé le sénateur Richard Blumenthal, aussi démocrate.
Twitter, Youtube et Facebook ont récemment sévi contre Steve Bannon, un ancien conseiller de Donald Trump, dont les pages promouvaient les efforts républicains pour faire croire à des fraudes massives organisées par les démocrates contre l'élection présidentielle américaine.
Il a aussi proféré des appels au meurtre à l'encontre du Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut des maladies infectieuses, et du patron du FBI Christopher Wray. Facebook a supprimé des pages qui relayaient des propos de M. Bannon, mais pas son compte.
Immunité
Les sénateurs républicains et démocrates sont d'accord sur la nécessité de réformer la Section 230 du «Communications Decency Act», qui empêche les poursuites judiciaires liées aux contenus publiés par des tiers sur les plateformes.
Jack Dorsey et Mark Zuckerberg ont aussi déclaré que des changements étaient nécessaires sur ce texte qui garantit leur immunité légale et leur a largement permis de construire leurs réseaux géants.
«Les défis auxquels nous faisons face sont plus importants que n'importe quelle autre plateforme», a noté le patron de Facebook. «Il s'agit de parvenir à un équilibre (...) pour protéger la liberté d'expression, la sécurité du public et la vie privée. Je crois donc que nous pourrions bénéficier d'orientations plus claires de la part des élus politiques».
Il a répété ne pas vouloir être un «arbitre de la vérité».
Les discussions se poursuivent
Ces discussions sur le pouvoir de la Silicon Valley devraient continuer pendant les mois qui viennent. Le 28 octobre, les deux dirigeants avaient déjà été auditionnés, avec Sundar Pichai, le patron de Google (et donc de YouTube), sur la Section 230.
Plusieurs sénateurs ont abordé mardi d'autres questions, comme les accusations de pratiques anticoncurrentielles, l'addiction du public aux réseaux ou la régulation des données personnelles.
Des enquêtes sont aussi en cours au niveau des autorités fédérales sur d'éventuels abus de position dominante.