Le président Emmanuel Macron dans les rues d'Irpin.
De gauche à droite, le premier ministre italien Mario Draghi, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, le président français Emmanuel Macron et son homologue roumain Klaus Iohannis au Palace Mariinsky à Kiev.
Les 27 doivent décider la semaine prochaine de la candidature de l'Ukraine à intégrer l'UE.
Ukraine: France Italie Allemagne pour un statut de candidat à l'UE - Gallery
Le président Emmanuel Macron dans les rues d'Irpin.
De gauche à droite, le premier ministre italien Mario Draghi, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, le président français Emmanuel Macron et son homologue roumain Klaus Iohannis au Palace Mariinsky à Kiev.
Les 27 doivent décider la semaine prochaine de la candidature de l'Ukraine à intégrer l'UE.
Les dirigeants français, allemand et italien ainsi que leur homologue roumain se sont dits jeudi prêts à accorder immédiatement à l'Ukraine le statut de candidat à une adhésion à l'UE et à la soutenir militairement aussi longtemps qu'il le faudra. Ils étaient à Kiev.
«Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion», a déclaré le président français Emmanuel Macron, à l'issue d'entretiens avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz, le chef du gouvernement italien Mario Draghi et le président roumain Klaus Iohannis.
«Ce statut sera assorti d'une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans occidentaux et du voisinage, en particulier de la Moldavie», a ajouté le dirigeant français, qui assume la présidence tournante de l'UE jusqu'au 30 juin.
Olaf Scholz a lui aussi dit espérer une «décision positive» de l'UE sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine comme à la Moldavie voisine. Il faudra «faire tout le nécessaire» pour «trouver l'unanimité» au sein de l'UE pour lancer ces candidatures, a-t-il ajouté.
«Aujourd'hui, le message le plus important de notre visite est que l'Italie veut l'Ukraine dans l'Union européenne», a aussi affirmé Mario Draghi. «Nous sommes à un moment charnière de notre histoire. Le peuple ukrainien défend chaque jour les valeurs de démocratie et de liberté qui sont à la base du projet européen, de notre projet. Nous ne pouvons pas traîner les pieds et retarder ce processus» d'adhésion qui prendra du temps, a-t-il poursuivi.
Décision la semaine prochaine
Les Vingt-Sept doivent prendre une décision sur cette question à l'unanimité lors du sommet européen des 23 et 24 juin. Parmi les 27, les pays d'Europe de l'Est appuient cette candidature, mais d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves.
Le président Zelensky a lui souligné que l'Union européenne était «à la veille de décisions historiques».
«Les Ukrainiens ont déjà mérité le droit (...) d'obtenir le statut de candidat» et sont «prêts à travailler» pour que l'Ukraine devienne «membre de plein droit de l'UE», a-t-il souligné.
Soutien «sans ambiguité»
Les dirigeants français et allemand, arrivés à Kiev dans la matinée avec leur homologue italien par un train de nuit spécial, se sont également engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev.
«Nous aidons l'Ukraine avec des livraisons d'armes, nous continuerons à le faire aussi longtemps que l'Ukraine en aura besoin», a déclaré M. Scholz, critiqué pour tarder à livrer des armes à Kiev.
Emmanuel Macron a annoncé de son côté que la France allait livrer à l'Ukraine «six Caesar additionnels», ces canons automoteurs réputés pour leur précision et dont 12 exemplaires avaient selon lui déjà été livrés. «Il faut que l'Ukraine puisse résister et l'emporter», avait-il affirmé plus tôt jeudi, lors d'une brève visite avec ses homologues européens à Irpin, une banlieue de Kiev dévastée par la guerre.
Le président français a été très critiqué en Ukraine ces derniers jours pour avoir affirmé qu'il ne fallait pas «humilier» la Russie, et pour maintenir un dialogue régulier avec Vladimir Poutine.
«La décision revient au président Macron, mais je ne suis pas sûr que le président russe soit prêt à entendre quoi que ce soit», a déclaré M. Zelensky en réponse à la question d'un journaliste. «Cela ne concerne pas qu'Emmanuel, je ne crois pas qu'aucun dirigeant dans le monde aujourd'hui puisse individuellement forcer la Russie à arrêter la guerre».
«Faites l'Europe, pas la guerre»
Lors de leur visite à Irpin, les dirigeants européens ont déambulé dans les rues, s'arrêtant devant des bâtiments détruits par les combats ou une voiture calcinée, et posant des questions à leur guide, le ministre ukrainien de la Décentralisation Oleksiï Tchernychov.
M. Macron s'est notamment arrêté devant un dessin sur un mur, accompagné du message «Make Europe Not War» ("Faites l'Europe, pas la guerre").
«C'est le bon message», a-t-il commenté. «C'est très émouvant de voir cela». «Nous reconstruirons tout», a promis de son côté Mario Draghi.
Avant de quitter Irpin, le président français a loué «l'héroïsme» des Ukrainiens, et évoqué «les stigmates de la barbarie, «les premières traces de ce que sont les crimes de guerre.» Le chancelier Scholz a lui dénoncé «la brutalité de la guerre d'agression russe, qui vise simplement à détruire et à conquérir».
Des centaines de civils ont été tués dans les villes d'Irpin, Boutcha et Borodianka, pendant l'occupation russe de cette région en mars. Des enquêtes internationales sont en cours pour déterminer les coupables de ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes.
En attendant de connaître la décision de l'UE, le chancelier Scholz a confirmé que M. Zelensky avait «accepté (son) invitation» à participer au prochain sommet du G7, du 26 au 28 juin, en Bavière, puis au sommet de l'Otan qui se déroulera dans la foulée à Madrid.
«Moment charnière»
La visite du quatuor intervient alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans le Donbass, région de l'est de l'Ukraine partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou s'est fixé pour objectif de contrôler en totalité.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine d'un milliard de dollars, qui comprend notamment des pièces d'artillerie et des obus supplémentaires, après que le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin avait appelé ses alliés à «intensifier» les livraisons d'armes à Kiev.
«L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille», a-t-il déclaré lors d'une réunion à Bruxelles des pays du «groupe de contact» créé par les Etats-Unis pour aider militairement l'Ukraine. «Nous devons donc intensifier notre engagement commun» et «redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre», a-t-il ajouté.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la quasi-totalité des infrastructures – électricité, eau, communications – ne fonctionnent plus.
«C'est de plus en plus difficile tous les jours, les Russes amènent de plus en plus d'armes dans la ville et essaient d'attaquer depuis plusieurs directions», a déclaré jeudi Oleksandr Striouk, maire de Severodonetsk.
«La situation à Severodonetsk est compliquée», a reconnu le chef des forces ukrainiennes, Oleksiy Gromov.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans la grande usine chimique Azot, emblématique de cette ville qui comptait avant la guerre quelque 100'000 habitants. Plus de 500 civils seraient réfugiés à l'intérieur, selon le maire de Severodonetsk.
Moscou a proposé mardi un «couloir humanitaire» qui permettrait d'évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, avant d'accuser Kiev mercredi d'avoir «fait échouer» l'opération.
Au total, quelque 10'000 civils sont encore présents à Severodonetsk, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk.
«L'armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk», a-t-il affirmé. Mais «nos militaires tiennent la défense».