Coronavirus Un des premiers médecins à avoir donné l'alerte est mort

ATS

6.2.2020

Le docteur Li Wenliang, qui était l'un des premiers à avoir tiré la sonnette d'alarme, est mort jeudi du virus à Wuhan, selon la presse officielle chinoise, relayée par les médias internationaux.

Il officiait dans la métropole chinoise de Wuhan et avait tenté d'alerter ses confrères sur la dangerosité du coronavirus 2019-nCoV, mais ceux-ci ne l'avaient pas pris au sérieux.

La police l'avait même arrêté pour avoir répandu des rumeurs, avant de le relâcher et de l'autoriser à retrouver le chemin du travail. Li Wenliang, 34 ans, était hospitalisé depuis début janvier. Il avait confirmé sur les réseaux sociaux avoir contracté le nouveau coronavirus par l'intermédiaire d'un patient.

Mesures intensifiées

Les mesures restrictives contre l'épidémie de pneumonie virale, qui a fait plus de 560 morts en Chine, s'intensifiaient jeudi à travers le monde. En Asie, deux navires de croisière avec des milliers de passagers à leur bord étaient placés en quarantaine.

Plus de 28'000 personnes sont désormais contaminées par le nouveau coronavirus sur le territoire chinois où un nombre croissant de villes imposent à des dizaines de millions d'habitants des mesures draconiennes de confinement.

Hors de Chine continentale, plus de 240 cas de cette maladie sont désormais confirmés dans une trentaine de pays et territoires. Des milliers de voyageurs et membres d'équipage sont consignés sur deux navires de croisière en Asie.

Au Japon, le Diamond Princess est maintenu en quarantaine après la confirmation de 20 cas à son bord. Quelque 3700 personnes de dizaines de nationalités différentes, dont deux Suisses, sont cloîtrées dans leur cabine pour au moins deux semaines.

A Hong Kong, quelque 3600 personnes subissent un sort similaire sur le World Dream, dont trois anciens passagers ont été testés positifs.

Et selon un communiqué des autorités japonaises, un autre énorme bateau, le Westerdam, est en route vers le Japon avec au moins un cas de coronavirus confirmé à son bord.

Réunion prévue à Genève

A Genève, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé jeudi devant la presse une réunion mondiale de recherche et d'innovation mardi et mercredi prochains pour collaborer sur les efforts pour des tests efficaces et un vaccin. Les pays doivent investir sur cette question pour éviter de nouveaux cas, a aussi ajouté Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon le chef du programme d'urgence au sein de l'OMS, Michael Ryan, "il est trop tôt pour faire une prédiction" sur un pic de l'épidémie. Mais il a relevé que le nombre de nouveaux cas en un jour avait diminué.

De nombreux pays musclent leurs restrictions. Le Vietnam est ainsi devenu le dernier pays en date à interdire l'entrée aux voyageurs arrivant de Chine. Plus radicale, l'Arabie saoudite a prohibé les voyages sur le territoire chinois aux Saoudiens et à ses résidents étrangers, sous peine de sanctions.

L'Italie surveille la température de tous les passagers en provenance de l'étranger et l'Autriche impose de tels contrôles à l'aéroport de Vienne à ceux arrivant de Pékin.

L'Indonésie a interrompu ses liaisons aériennes avec la Chine, bloquant sur l'île de Bali des milliers de touristes chinois - auxquels les autorités chinoises devaient proposer vendredi des vols pour les rapatrier.

Dans ce contexte, les compagnies aériennes Air France et KLM ont annoncé la prolongation jusqu'au 15 mars de la suspension de leurs vols vers la Chine continentale. Virgin Australia va, quant à elle, cesser ses vols vers Hong Kong, à l'instar des américaines United et American Airlines.

Sous pression, les autorités hongkongaises ont fermé la quasi-totalité des postes-frontières avec le reste du pays et imposeront à partir de samedi une quarantaine de deux semaines à tous les visiteurs en provenance de Chine continentale.

Le bilan de l'épidémie s'élève à 563 morts en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), où presque 3700 nouveaux cas de contamination ont été annoncés en un seul jour. Ailleurs, deux décès ont déjà été imputés à la maladie, l'un aux Philippines et l'autre à Hong Kong.

Le taux de mortalité du nouveau coronavirus, autour de 2%, reste pour l'heure très inférieur à celui du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait provoqué la mort de 774 personnes dans le monde en 2002-2003.

Hôpitaux de fortune

Deux semaines après la mise en quarantaine de facto de la ville de Wuhan puis d'une grande partie de sa province, le Hubei (centre), le berceau de l'épidémie, le système de santé local reste débordé par l'afflux de patients.

Dans cette métropole, un hôpital de fortune de 1000 lits construit en dix jours a accueilli mardi ses premiers malades. L'ouverture d'un deuxième établissement du même type, d'une capacité de 1600 lits, doit suivre.

Un hôpital construit en 10 jours à Wuhan

Et les autorités ont annoncé la conversion d'une dizaine de bâtiments publics de Wuhan, dont des centres culturels et des gymnases, en cliniques improvisées.

Cette agglomération connaît un "grave" manque de lits, ainsi que d'"équipements" et de "matériel", s'est désolé Hu Lishan, un haut responsable local.

Parallèlement, le groupe chinois de biotechnologie BGI annonçait jeudi l'entrée en service à Wuhan d'un laboratoire capable de traiter chaque jour plus de 10'000 tests de dépistage du virus.

Ailleurs en Chine, les mesures de confinement s'étendaient dans un nombre toujours croissant de villes. De nombreuses localités, jusqu'aux régions de l'extrême nord-est, proposent des primes en cas de dénonciation de personnes arrivées du Hubei.

A Nanchang (centre), les pharmacies sont tenues de rapporter aux autorités l'identité des personnes achetant des médicaments contre la toux ou la fièvre.

Les images du jour

Retour à la page d'accueil