Indonésie Un ex-général grand favori de l'élection présidentielle

ATS

12.2.2024 - 07:46

Près de 205 millions d'Indonésiens sont appelés mercredi à désigner leur prochain président avec pour grand favori un ancien général. L'actuel ministre de la Défense, au passé controversé, pourrait être élu dès le premier tour selon les sondages.

«Nous allons nous battre pour apporter la prospérité à tous les Indonésiens», a promis Prabowo Subianto samedi lors d'un ultime meeting à Jakarta devant des dizaines de milliers de sympathisants.
«Nous allons nous battre pour apporter la prospérité à tous les Indonésiens», a promis Prabowo Subianto samedi lors d'un ultime meeting à Jakarta devant des dizaines de milliers de sympathisants.
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Le vaste archipel doit élire en une seule journée son futur président ainsi que 580 députés et 20'000 élus régionaux et locaux. Si aucun des trois candidats à la présidentielle n'obtient la majorité, un second tour se tiendra en juin.

Battu en 2014 et 2019 par Joko Widodo qui ne peut plus se représenter, Prabowo Subianto, 72 ans, caracole en tête des sondages, notamment grâce à la présence à ses côtés pour le poste de vice-président de Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, fils aîné du président sortant surnommé Jokowi.

«Nous allons nous battre pour apporter la prospérité à tous les Indonésiens», a promis Prabowo samedi lors d'un ultime meeting à Jakarta devant des dizaines de milliers de sympathisants. «Avec mon père et ma mère, nous avons toujours soutenu Prabowo depuis 2014», a confié en marge de ce rassemblement Novita Agustina, 24 ans, pour qui les critiques sur le passé de son favori ne sont que «des attaques de ses adversaires».

Accusé d'avoir ordonné des enlèvements

Le doyen des candidats pourrait prendre les commandes de la troisième plus grande démocratie au monde malgré un parcours militaire controversé. Il est accusé par des ONG d'avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie dans les derniers jours du régime du dictateur Suharto, à la fin des années 90.

Crédité de 51,8% des intentions de vote dans un sondage publié vendredi, tendance confirmée par deux autres sondages, Prabowo Subianto pourrait être élu dès mercredi. Il devance très largement les deux autres candidats, l'ex-gouverneur de Jakarta, Anies Baswedan, qui recueille environ 24% des intentions de vote devant l'ex-gouverneur de Java centre, Ganjar Pranowo, distancé de près de 5 points.

Les 800'000 bureaux de vote ouvriront mercredi à 7h00 heure locale (23h00 mardi en Suisse) d'abord en Papouasie, province la plus orientale du pays et refermeront à 13h00.

Succession de Jokowi

Prabowo Subianto, qui se présente comme le successeur de Jokowi, a largement bénéficié du choix comme colistier de Gibran, 36 ans, fils aîné du président, encore très populaire au sein de la population. Pour pouvoir se présenter, malgré son jeune âge, le maire de Surakarta a profité d'une décision controversée de la Cour constitutionnelle dont le président n'était autre que le beau-frère de Jokowi.

Longtemps distancé, Anies Baswedan fait désormais figure de finaliste probable en cas de 2e tour, grâce à une posture d'opposant. Il a ainsi annoncé qu'il s'opposerait en cas de victoire au transfert de la capitale vers Nusantara, sur l'île de Bornéo.

Pour les analystes, cette élection s'apparente à un référendum sur la continuité par rapport au bilan de Jokowi. «(C'est) aussi simple que cela, poursuivre ou non la politique de Jokowi», estime Yoes Kenawas, chercheur à l'Université catholique Atma Jaya de Jakarta.

L'actuel ministre de la Défense s'est ainsi engagé à poursuivre le programme de développement et de construction d'infrastructures qui a permis à l'Indonésie de sortir relativement indemne de la pandémie de Covid-19. Le pays connaît une croissance constante qui a atteint 5,05% en 2023, certes en léger recul par rapport aux 5,3% de 2022.

«Leader populiste»

Pour faire de l'Indonésie un pays «avancé et prospère», Prabowo veut poursuivre la politique de nationalisme des ressources de Widodo, en tentant de faire du plus grand producteur mondial de nickel un acteur clé dans la chaîne d'approvisionnement des voitures électriques.

Sur le plan diplomatique, il devrait rester fidèle à la stratégie des «non-alignés», mouvement dont l'Indonése est à l'origine, et devra trouver un délicat équilibre au milieu des rivalités dans la région entre la Chine et les Etats-Unis. «Il considère la Chine comme un partenaire stratégique, mais il a une éducation occidentale. Je pense qu'il penchera davantage vers l'Occident», estime M. Kenawas.

Si une partie de la population est sensible à son discours nationaliste, la probabilité croissante de son accession à la présidence ne manque pas de susciter des inquiétudes quant à un éventuel recul des acquis démocratiques. S'il est élu, le monde aura alors «un autre leader populiste de droite avec un passé problématique», souligne Andreas Harsono, chercheur indonésien à Human Rights Watch.