LibyeUn fils et des proches du dirigeant déchu Kadhafi libérés de prison
dv
6.9.2021 - 15:37
Keystone-SDA, dv
06.09.2021, 15:37
06.09.2021, 16:00
ATS
Les autorités libyennes ont annoncé coup sur coup la libération d'un fils de Mouammar Kadhafi et de plusieurs proches du dictateur déchu. Une mesure qui semble faire partie des efforts en vue d'une réconciliation nationale dans un pays miné par les divisions.
Dans le sillage du Printemps arabe et après 42 ans d'un pouvoir sans partage, le dirigeant libyen et ses proches sont tombés en 2011 sous le coup d'un soulèvement populaire, éliminés, emprisonnés ou forcés à l'exil.
Détenu dans une prison de Tripoli depuis 2014, Saadi Kadhafi, un ex-footballeur à la réputation de playboy, a été libéré dimanche «en exécution d'une décision de justice» rendue il y a plusieurs années, a affirmé le ministère de la Justice sans préciser s'il était encore en Libye ou s'il avait quitté le pays.
«Saadi a été remis à sa famille conformément aux procédures légales», a indiqué de son côté lundi le Gouvernement d'unité nationale dans un communiqué. Aucun membre de la famille Kadhafi ne réside en Libye, la plupart ont trouvé refuge à Oman, pays du Golfe.
Vol vers la Turquie
Selon des médias libyens, Saadi Kadhafi, 47 ans, a quitté dimanche soir le territoire libyen sur un vol en direction de la Turquie.
Extradé du Niger le 6 mars 2014, où il avait fui après la révolte de 2011, Saadi Kadhafi a été jugé et acquitté en avril 2018 par la Cour d'appel de Tripoli du meurtre en 2005 d'un ancien entraîneur du club de football Al-Ittihad de Tripoli, Bachir Rayani. Il devait également être jugé pour son implication présumée dans la répression meurtrière de la révolte.
Chaos
Depuis 2011, la Libye a sombré dans le chaos, marqué ces dernières années par l'existence de pouvoirs rivaux dans l'Est et l'Ouest sur fond d'ingérences étrangères mais surtout de luttes fratricides et de violences meurtrières.
Parallèlement au processus politique pour sortir le pays de l'ornière, des efforts sont en cours, encouragés surtout par l'ONU, pour pousser vers une réconciliation nationale sans laquelle aucun acquis politique ne serait viable.
«Réconciliation nationale inclusive»
Dans son communiqué, le gouvernement d'unité, installé en mars sous la houlette de l'ONU, a d'ailleurs rappelé son engagement à «libérer tous les prisonniers selon des décisions de justice, sans exception», dans l'esprit d'une «réconciliation nationale inclusive, fondée sur l'application et le respect de la loi».
Des milices qui faisaient la loi en Libye refusaient elles par moments des libérations pourtant décidées par la justice.
Autres détenus libérés
Quelques heures après la libération de Saadi Kadhafi, le Conseil présidentiel, qui fait partie des autorités de transition, a annoncé lundi «la libération de plusieurs détenus politiques (...) qui ont purgé leurs peines ou qui n'ont pas été jugés, dont Ahmad Ramadan al-Assebeï».
Ce dernier, ex-colonel de l'armée et ancien directeur de cabinet et des renseignements de Mouammar Kadhafi, avait été arrêté en septembre 2011. Surnommé «Black Box (boîte noire)», il était détenteur des secrets du dirigeant déchu.
Le gouvernement d'unité actuel est appelé à organiser des élections législatives et présidentielle annoncées pour décembre, mais la tenue des scrutins devient de plus en plus hypothétique en l'absence d'un cadre constitutionnel censé les régir.
Seif al-Islam toujours poursuivi
Le dictateur libyen avait centré le pouvoir au sein du cercle familial. Trois de ses sept fils sont morts durant la révolte en 2011. Outre Saadi, son fils Mohamed a trouvé refuge à Oman, Hannibal est détenu au Liban et Seif al-Islam dont on a perdu la trace est réapparu en juillet dernier lors d'une interview au New York Times. L'épouse du dirigeant déchu, Safiya, et sa fille Aisha vivent à Oman.
Saadi Kadhafi, ancien patron de la fédération libyenne de football, a d'abord été connu pour sa brève carrière dans le championnat italien avant qu'Interpol ne demande son arrestation ainsi que celle de sa famille pour leur rôle dans la répression de 2011.
Bien qu'accusé de tirs contre les manifestants et d'autres crimes lors du soulèvement, Saadi n'est pas poursuivi par la Cour pénale internationale, contrairement à son frère Seif al-Islam.